Non, les femmes qui fréquentent des hommes plus jeunes ne sont pas toutes des chasseuses-croqueuses en rut. Par contre, au lit, l’expérience est effectivement épanouissante, voire carrément libératrice. Sans filtre et loin des clichés habituels, une nouvelle étude québécoise fait le point.

« J’essaye d’éviter l’expression “cougar”, considérant le sous-entendu sexiste », met d’emblée en garde Milaine Alarie, chercheuse postdoctorale à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), qui signe un article dans The Journal of Sex Research sous le titre « Sleeping with Younger Men : Women’s Accounts of Sexual Interplay in Age-Hypogamous Intimate Relationships ».

Parce qu’au-delà du stéréotype de la femme à la libido exacerbée en quête d’une jeune proie (et pour lequel il n’existe aucun équivalent masculin, faut-il rappeler), que sait-on vraiment de ces femmes ? « Il n’y a presque rien dans la littérature », confirme la chercheuse. D’où l’idée de sonder les principales intéressées, pour déchiffrer la nouvelle dynamique sexuelle ici en jeu.

Pour ce faire, 55 femmes âgées de 30 à 60 ans, ayant toutes fréquenté un partenaire d’au moins cinq ans de moins qu’elles, ont été interrogées. Toutes les femmes étaient de Montréal.

Première constatation : la « grande majorité » des femmes rejettent le terme « cougar », qui sous-entend une chasse et surtout un rapport de pouvoir malsain. La plupart du temps, ce sont surtout les hommes qui font d’ailleurs les premiers pas. Scénario classique : séparée ou divorcée, la femme de 40 ou 50 ans, peu (ou pas) désirée depuis des années, s’inscrit sur un site de rencontres, pensant rencontrer quelqu’un de son âge. Mais surprise…

« Les jeunes hommes dans la vingtaine, on dirait que c’est eux les plus intéressés par les femmes plus âgées. C’est incroyable, c’est fou ! J’ai reçu tellement de messages ! Je leur dis que je n’ai pas 42 ans, mais 48, pour les dissuader. Et eux, ils me disent : encore mieux ! » — Témoignage extrait de l’étude (traduction libre)

PHOTO FOURNIE PAR L’INRS

Milaine Alarie, chercheuse postdoctorale à l’Institut national de la recherche scientifique

Deuxième constatation, découlant de la première : les femmes plus âgées se sentent de ce fait « valorisées ». « Elles ont l’impression que les jeunes hommes sont à la recherche de femmes plus âgées, de femmes d’expérience, et qu’ils les mettent sur un piédestal », reprend la chercheuse.

Les femmes signalent au passage que les hommes rencontrés ont aussi tendance à se plaindre des femmes de leur âge (20 ans), moins à l’aise dans leurs corps, moins proactives, bref, plus passives. Cette réalité est d’ailleurs documentée, souligne Milaine Alarie. « Il est difficile chez la femme de dire : “Voici ce que j’aime.” Il est difficile de s’imposer et de prendre le contrôle de la dynamique sexuelle. » Or, ses recherches semblent pointer vers une dynamique sexuelle nouvelle : en se sentant admirées, valorisées, les femmes seraient « encouragées » par les jeunes hommes à être proactives.

Parenthèse : si elles osent ici enfin dire ce qu’elles aiment, ce qu’elles veulent, quand et comment, ce n’était pas forcément le cas avec les hommes de leur âge. « S’il a eu des problèmes érectiles, ça peut être délicat de parler, on ne veut pas blesser l’autre, alors qu’avec un homme plus jeune, c’est plus facilitant », nuance la chercheuse.

« Les hommes plus jeunes voient dans les femmes de 42 ans quelque chose d’extraordinaire que les hommes de mon âge ne voient pas. On a confiance en nous, on n’a pas peur de dire ce qu’on veut, on sait où on s’en va… Fréquenter un homme plus jeune, c’est vraiment bon pour l’estime de soi. » — Témoignage extrait de l’étude (traduction libre)

Troisième et dernière constatation : les femmes se sentant valorisées, osant se montrer proactives et exprimer leurs désirs, face à des hommes plus jeunes, cherchant à les satisfaire (et les impressionner) avant tout, disent aussi vivre une sexualité ici plus épanouie. « Au final, ça influence leur satisfaction sexuelle. »

Verdict ? « C’est très libérateur pour une femme d’être avec un homme plus jeune », croit Milaine Alarie, qui se défend toutefois de prescrire quoi que ce soit, mais qui souhaite seulement qu’on en finisse avec certains stéréotypes sexistes. L’objectif : « amener les gens à se questionner sur la façon dont l’âgisme et le sexisme influencent la façon dont on pense la sexualité féminine et masculine », conclut-elle.

Le sexologue Vincent Quesnel, invité à commenter l’étude, trouve d’ailleurs curieux que ce type de scénario ne soit pas plus « ancré » dans nos mœurs, puisque dans les faits, et de manière « physiologique », « les femmes se découvrent plus sur le tard sexuellement », tandis que les fonctions sexuelles des hommes, elles, « dépérissent » avec le temps. « Des femmes qui vivent des insatisfactions sexuelles passé 45, 50 ou 60 ans avec leur mari du même âge, il y en a beaucoup, confirme le clinicien, énormément… »