Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passait dans le bureau d'un sexologue? Qui s'y présentait, comment, pour quels motifs, et surtout comment finissait la consultation? Une journaliste a passé un an dans le bureau d'une sexologue en France. Son récit, Sexothérapies, vient d'arriver en librairie ici.

Après avoir fait une enquête sur les asexuels pour Technikart, puis sur la prostitution étudiante pour Elle, la journaliste spécialisée en santé Elsa Fayner vient de passer 12 mois en consultation avec une sexologue, assistant aux rencontres de pas moins de 20 patients (avec leur accord, il va sans dire). Le tout s'est déroulé dans une petite banlieue française où elle a vu défiler des patients de 24 à 67 ans : un moniteur d'auto-école, une infirmière, un policier, une prof de piano, un PDG, avec des problèmes tantôt «passagers», tantôt plus «enracinés».

De son propre aveu, l'exercice avait un petit côté voyeur. Tout y passait, écrit-elle. L'ennui, les complexes, les déceptions. Les symptômes se suivaient et se ressemblaient: des femmes qui ne jouissent pas, des hommes qui n'ont plus d'érection, une absence de plaisir, voire une disparition du désir. Oubliez le récit de pratiques extravagantes. Pensez plutôt à tous ces couples qui ont déjà eu une vie épanouie et qui, avec le temps, se sont éteints.

Une constante : chaque fois, les patients venaient avec à la fois une «bienveillance» pour leur partenaire et un gros sentiment de culpabilité. Souvent, en prime, la crainte que ce manque d'intérêt pour la chose en particulier ne soit perçu comme un désintérêt pour l'autre en général. D'où les questions, posées tout au long du récit:

«Le déclin est-il fatal? Faut-il choisir entre épanouissement sexuel et longévité du couple? Se résigner à l'absence de désir, ou à l'effacement de la jouissance?»

De son côté, la sexologue - par ailleurs généraliste -, elle, ne traitait jamais les patients comme des «symptômes», mais plutôt comme des hommes ou des femmes avec des organes, des croyances, des peurs, et surtout des «représentations», pouvant, ou pas, les bloquer, sexuellement parlant. Son travail? Les «reconnecter», par le biais de l'hypnose, de différents questionnements, sans chercher à comprendre «pourquoi» se manifestait la perte du désir, mais plutôt «comment» ils pourraient le retrouver.

Il y a probablement autant de sexologues que d'approches thérapeutiques. «C'est pour ça que je l'ai choisie, explique en entrevue la journaliste Elsa Fayner. Je trouvais son discours intéressant.» Sa philosophie? «C'est le patient qui a la solution. Elle, elle va l'accompagner. Ça m'a plu, cette idée que chacun sait ce qui est bon pour lui.»

Entre autres exercices, la sexologue rencontrée proposait chaque fois aux patients un certain nombre de «devoirs», notamment une «interdiction de pénétration.» L'idée, ici, étant d'amener le patient à ne plus se concentrer sur ses blocages, mais de proposer de nouvelles règles du jeu et, ce faisant, d'insuffler une petite dose de plaisir.

Et est-ce que ça marche? «Très bien, répond Elsa Fayner, quand le problème n'est pas trop grave.» Et bien souvent, non, il ne l'est pas. «C'est le b.a.-ba, mais pour la majorité des gens, souvent, c'est là que ça se joue!»

Cinq choses à retenir

Préserver le couple

C'est ce qui ressort de son année passée dans un cabinet de sexologue. «Peut-être qu'on a une vision déformée quand on vit dans une grande ville, mais en général, les gens tiennent à leur partenaire, ils ne veulent pas forcément aller voir ailleurs, ils veulent que ça marche, c'est aussi simple que ça», note Elsa Fayner.

Des femmes moins curieuses

Quel que soit leur âge ou leur profil, toutes les femmes ici rencontrées se sont montrées moins portées sur la «découverte personnelle». La masturbation? Oublions ça. Et Elsa Fayner ne cache pas sa déception: «Je pensais qu'on avait changé, il y a de super livres, des films...»

Des jeunes qui osent

Elle ne s'attendait pas non plus à voir autant de jeunes consulter. Dès 20 ou 25 ans, ils cherchent de l'aide. Et la journaliste les en félicite. «C'est courageux de leur part, faire cette démarche.»

Des techniques à explorer

L'interdit de la pénétration, un exercice plusieurs fois suggéré aux patients, est à retenir, croit-elle. «C'est une idée à emprunter: réintroduire du jeu.»

Agir ou subir

C'est la grande leçon du livre. Et peut-être une piste pour faire durer le désir. Oser se connaître, agir, expérimenter, chercher de l'aide. C'est d'ailleurs ça, la liberté, conclut l'auteure. «L'idée, c'est qu'on peut être libres sans avoir une sexualité effrénée.»

Image fournie par l’éditeur

Sexothérapies d'Elsa Fayner