Un homme sur dix juge son pénis trop petit. Pour certains, cela peut mener à une anxiété empêchant toute relation amoureuse. Un groupe de psychiatres et d'urologues britanniques se penchent sur la question depuis quelques années.

Deux mesures

En 2015, les chercheurs du projet Male Size, du University College de Londres, ont publié dans le British Journal of Urology International (BJUI) une analyse de 20 études sur la taille des pénis, rassemblant 20 000 hommes. Ils en ont tiré un tableau des tailles des pénis qui montre que généralement, un pénis en érection gagne quatre centimètres. La circonférence, elle, gagne deux centimètres. Mais attention: une autre étude du même groupe a montré que ces mesures sont très variables: d'un urologue à l'autre, le même homme peut avoir une variation de 10 % à 20 % dans la mesure de son pénis. À noter, une autre étude du même groupe, publiée l'an dernier dans la revue Body Image, montrait que 80 % des femmes jugent plus importante la largeur que la longueur d'un pénis.

9,16 cm: longueur moyenne du pénis au repos

13,12 cm: longueur moyenne du pénis en érection

10,5 cm: 95 % des hommes ont un pénis en érection plus long que 10,5 cm

16 cm: 5 % des hommes ont un pénis en érection plus long que 16 cm

Source: BJUI

Consultez l'étude sur la taille des pénis (en anglais)

http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/bju.13010/epdf

Un questionnaire

Plusieurs études montrent qu'un homme sur dix juge son pénis trop petit, mais seulement entre 0,7 % et 2,4 % des hommes ont un «trouble dysmorphique du corps», une anxiété généralement liée à la taille du pénis ou des muscles du haut du corps (il n'existe pas de chiffres spécifiques au pénis). Le groupe Male Size a publié en 2014 un questionnaire permettant un diagnostic de l'anxiété du pénis. À chaque énoncé, il faut répondre sur une échelle de quatre, zéro signifiant que l'énoncé est faux et quatre qu'il est vrai. Les hommes n'ayant pas d'anxiété du pénis ont un résultat total de 2 sur 40, alors que ceux qui en souffrent ont un score de 24 sur 40.

Mon pénis est si petit...

1-... que je n'aurai jamais de conjoint ou de conjointe.

2-... que mes partenaires sexuels riront toujours de moi.

3-... que je n'aurai jamais d'enfant.

4-... que je ne me sentirai jamais normal.

5-... que je ne peux pas être nu devant d'autres hommes.

6-... que je ne peux pas être nu devant une femme.

7-... que les autres parlent ou rient de mon pénis.

8-... qu'on peut voir que j'ai un petit pénis même à travers mes pantalons.

9-... que j'y pense sans cesse lors d'une relation sexuelle.

10-... que je me sens anormal.

Source: Journal of Sexual Medicine

Les conséquences

La plupart des hommes souffrant d'anxiété du pénis n'arrivent pas à nouer une relation amoureuse à long terme, selon Paul Hegarty, un urologue irlandais qui a commenté l'étude de 2015 sur la taille moyenne des pénis. «J'ai même entendu parler de suicides», dit le Dr Hegarty, qui pratique à l'hôpital Mater Private à Cork, dans le sud de l'Irlande. «À tout le moins, les relations sexuelles sont beaucoup moins satisfaisantes.» Une étude publiée en 2015 dans le Journal of Sexual Medicine par le groupe Male Size du University College de Londres concluait que le trouble n'est pas lié à davantage de dysfonction érectile ni à moins de désir sexuel, mais à un résultat deux fois moins élevé sur une échelle de satisfaction sexuelle.

Les origines

La majorité des cas d'anxiété du pénis apparaissent durant l'enfance et les autres, au début de l'adolescence, selon plusieurs études sur le sujet. «J'entends souvent des patients décrire que ça a commencé quand ils ont vu le pénis de leur père ou d'un frère aîné alors qu'ils étaient enfants, avant que leur pénis grossisse à la puberté, dit le Dr Hagerty, de l'hôpital Mater Private. Au fil des ans, je n'ai eu qu'un seul cas où le patient avait commencé à s'inquiéter de la taille de son pénis à cause du commentaire d'une femme. Curieusement, c'était sa mère.»

Les traitements

Il est possible d'augmenter d'un ou deux centimètres la taille d'un pénis au repos à l'aide de la chirurgie, mais pas celle du pénis en érection, selon le Dr Hagerty. «Mais même avec cette augmentation, la majorité des patients restent anxieux par rapport à la taille de leur pénis. Même si on leur dit qu'ils sont normaux, au fond d'eux-mêmes, ils demeurent inquiets. La majorité des patients ont en fait un pénis bien dans la moyenne. Il faut y aller avec des thérapies cognitivo-comportementales ou même de l'hypnose pour contrer les croyances bien enracinées.»