Les cancérologues ont des lacunes étonnantes dans la compréhension du cancer de l'ovaire, conclut un rapport de l'Académie américaine des sciences qui presse de les combler pour pouvoir progresser dans la prévention, la détection plus précoce et le traitement de ces tumeurs meurtrières.

«Alors que des progrès ont été faits ces dernières décennies dans la recherche sur ce cancer, l'essentiel reste à découvrir», constate le professeur Jerome Strauss, doyen de la faculté de médecine de l'Université de Virginie qui a présidé le comité à l'Académie chargé du rapport commandé par le Congrès américain et publié mercredi.

S'étonnant de «lacunes surprenantes dans les connaissances fondamentales et la compréhension du cancer de l'ovaire», les auteurs soulignent également qu'il ne devrait pas être considéré comme une maladie unique, mais plutôt comme une constellation de différentes tumeurs associées à l'ovaire.

«Plus on comprendra la biologie des différents types de cancers de l'ovaire ainsi que leur origine dans l'organisme, plus rapidement nous pourrons faire des avancées dans la prévention, le dépistage, la détection précoce, le diagnostic et le traitement», insiste Jerome Strauss.

Pour les auteurs, le rapport ouvre des pistes de recherche qui pourraient en aboutissant avoir un grand impact permettant de réduire le nombre de femmes atteintes de ces tumeurs ovariennes et de celles qui en meurent.

On diagnostique ces différentes formes de cancer de l'ovaire chez plus de 21 000 Américaines chaque année et plus de 14 000 en meurent, sur quelque 320 millions d'habitants aux États-Unis.

Ces différentes tumeurs de l'ovaire sont la cinquième cause de décès par cancer aux États-Unis chez les femmes, avec un taux de survie à cinq ans inférieur à 46%. Soit tout de même un progrès comparé à seulement 36% entre 1975 et 1977.

Mais pour les femmes noires américaines, ce taux a plongé, passant de 42% en 1975-1977 à 36% sur la période 2005-2007.

Souvent appelé le «tueur silencieux», le cancer de l'ovaire ne cause pas de symptômes distincts dans ses premiers stades de développement et il n'existe pas à ce jour de méthode efficace de dépistage.

C'est la raison pour laquelle dans environ deux tiers des cas, le cancer est diagnostiqué lorsqu'il est déjà avancé et s'est propagé au-delà de l'ovaire. Dans ces cas de métastase, les chances de survie tombent à moins de 30% cinq ans après le diagnostic.

La majorité des patientes rechutent

Le comité de l'Académie a découvert de récentes indications suggérant que de nombreux cancers de l'ovaire se forment dans d'autres tissus, comme les trompes de Fallope, qui ensuite font des métastases sur les ovaires.

En outre, les auteurs ont constaté que les chercheurs n'avaient pas une compréhension complète du processus de progression de chaque sous-type de tumeur de l'ovaire.

Le comité recommande ainsi à la communauté scientifique de concevoir et d'établir des priorités de recherche prenant en compte ces différentes tumeurs de l'ovaire pour en déterminer les origines cellulaires et la manière dont elles se développent.

Le rapport a déterminé que le fait d'avoir des antécédents familiaux de la maladie et d'hériter de certaines mutations génétiques spécifiques pouvait accroître le risque du cancer ovarien.

Parmi ces mutations figurent les gènes BRCA1 et BRCA2 qui sont liés à une forte augmentation du risque de cancer du sein. Mais d'autres mutations génétiques associées aux tumeurs de l'ovaire ont également été découvertes.

La majorité des femmes atteintes de ce cancer n'ont toutefois pas d'antécédent dans leur famille et ne sont pas porteuses de mutations génétiques qui pourraient les prédisposer à ce cancer, relèvent les auteurs du rapport.

Outre la génétique, le comité recommande d'étendre la recherche à d'autres agents qui pourraient contribuer aux différents types de cancer de l'ovaire, citant les facteurs hormonaux, sociaux et environnementaux.

Concernant le dépistage, les technologies actuelles d'imagerie comme l'IRM sont efficaces pour détecter des masses anormales dans le pelvis, mais ont une sensibilité limitée pour voir de petites lésions qui apparaissent au tout début de la tumeur.

La chirurgie est le traitement de choix pour enlever la tumeur ovarienne pour les femmes venant de se faire diagnostiquer. Efficace un temps, la majorité des patientes connaissent une résurgence de leur cancer qui souvent devient résistant aux chimiothérapies actuelles.