Les larmes coulent sur le visage de Janette Bertrand. Deux ans après avoir appris qu'elle était atteinte d'un cancer du sein, la grande dame de la télévision peine à raconter son éprouvante expérience.

Aujourd'hui en rémission, elle souhaite sensibiliser les femmes à l'importance du dépistage précoce et de la recherche clinique. À peine 5% des patientes atteintes participent aux études.

«Ça augmente, mais c'est encore trop peu. Pour améliorer la survie à cette maladie, il faut une plus grande participation des patientes atteintes du cancer. Les progrès de la médecine passent par la recherche», a déclaré cette semaine le Dr André Robidoux, lors du lancement de la campagne de financement du Groupe de recherche en cancer du sein du CHUM. L'équipe souhaite démystifier la recherche clinique et amasser 10 millions pour attirer de nouveaux chercheurs et mettre au point des concepts novateurs en recherche fondamentale.

Une femme sur neuf recevra dans sa vie un diagnostic de cancer du sein. Une sur 27 en mourra. En Amérique du Nord, une femme meurt du cancer du sein toutes les 12 minutes. Janette Bertrand, 83 ans, a survécu. Sa fille Dominique Lajeunesse, 58 ans, aussi. Toutes deux ont combattu l'ennemi en même temps.

«Sans le dépistage précoce et les avancées de la recherche, nous serions peut-être mortes aujourd'hui», dit Janette Bertrand, un mouchoir à la main.

«Quand mon médecin de famille a repéré une masse suspecte dans mon sein, j'ai refusé de m'alarmer, raconte-t-elle. Je pensais que c'était l'armature d'un nouveau soutien-gorge. Quand la mammographie s'est révélée anormale, je ne pouvais pas croire que ça m'arrivait à moi.»

Deux mois d'enfer

Elle a tardé à passer les tests médicaux qui ont finalement confirmé le pire. «J'ai vécu deux mois d'enfer à passer des examens, à ne pas savoir. Je me suis fait des scénarios de mort. Je me suis dit: Ça y est, c'est fini», dit-elle, la voix étouffée par les sanglots. Elle a continué d'enseigner l'écriture dramatique à temps plein. «Je tenais à travailler, mais j'ai caché mon état. Je prenais des pauses et j'allais pleurer dans les toilettes.»

Secouée par le cancer de sa mère, Dominique Lajeunesse a appris quelques semaines plus tard qu'elle aussi était atteinte. «J'ai donné des coups de poing dans ma bibliothèque. J'ai hurlé. J'ai tourné en rond dans mon salon comme un lion dans une cage. Je voulais voir grandir mes petits-enfants.»

Mère et fille ont pu éviter l'ablation du sein. «Allez passer des mammographies», lance Dominique Lajeunesse. Dans la région de Montréal, à peine 30% des femmes de 50 à 69 ans se prévalent du programme de dépistage. On conseille une mammographie aux deux ans pour cette tranche d'âge.

«Plusieurs femmes redoutent l'annonce d'un diagnostic défavorable. Pourtant, la prévention et le dépistage hâtif sont des mesures qui permettent de traiter plus efficacement le cancer du sein», indique le Dr Robidoux.

Sur Internet: www.grcs-crchum.ca