Angela Price a semé la controverse la semaine dernière en publiant sur Instagram ses réflexions sur les vaccins, qui ont été retirées depuis. La femme de Carey Price a parlé à ses 124 000 abonnés de sa lecture de The Vaccine Book, écrit par le pédiatre controversé Bob Sears, dont le droit d'exercer la médecine a été suspendu pendant 35 mois l'an dernier à cause de ses critiques contre les vaccins.

La blogueuse a affirmé qu'elle faisait vacciner ses deux filles, mais qu'elle suivait le calendrier alternatif suggéré par le Dr Bob Sears, qui propose un programme de vaccins plus étendu dans le temps afin de diminuer le nombre de doses par visite.

Le Dr Brian Ward, professeur spécialiste des maladies infectieuses et directeur du Centre d'étude de vaccins du Centre universitaire de santé McGill, critique fortement cette façon de faire. «Ça met vos enfants à risque et ça les rend plus vulnérables. Surtout dans le contexte actuel où la rougeole réapparaît», affirme-t-il. 

«Les gens oublient que c'est une maladie grave et contagieuse. Il y a eu 57 décès l'an dernier en Europe. C'est inexcusable, car c'est une maladie qui peut être évitée avec un vaccin sécuritaire.»

Il se demande pourquoi Angela Price accorde de la crédibilité au DBob Sears alors qu'il a été suspendu. «La presque totalité des pédiatres du monde entier est pour les vaccins et soutient le calendrier standard. Il existe une variation du calendrier de vaccins pédiatriques selon les provinces et les pays, mais tous ces calendriers sont sécuritaires, contrairement au calendrier alternatif du Dr Bob Sears», déplore-t-il.

Un calendrier basé sur la science

La Dre Caroline Quach-Thanh, pédiatre microbiologiste-infectiologue du CHU Sainte-Justine, rappelle que le calendrier vaccinal est basé sur des éléments scientifiques et sur l'épidémiologie des maladies. «La raison pour laquelle on met certains vaccins à des moments précis dans le calendrier vaccinal, c'est pour éviter les risques de maladie, explique-t-elle. Si on vaccine contre la coqueluche et le pneumocoque à 2 et 4 mois, c'est parce que le risque de maladie sévère est plus grand avant l'âge d'un an. Pour offrir une protection rapide, il faut commencer à vacciner dès 2 mois et ainsi avoir la protection nécessaire dès la première année de vie, au moment où les enfants sont le plus à risque de complication.»

La Dre Quach-Thanh est consciente que le sujet des vaccins est très délicat actuellement dans la population. 

«On injecte quelque chose dans un être humain, ce n'est pas comme attacher sa ceinture de sécurité, mais c'est un bénéfice à long terme.»

Elle rappelle l'importance de la vaccination et son efficacité. «S'il y a moins de maladies, c'est parce que la vaccination fonctionne. Si on arrête de vacciner, les maladies reviendront et il y aura des conséquences graves, explique la professeure à l'Université de Montréal en microbiologie, infectiologie et immunologie. Et c'est pour cela que les vaccins ont été développés, parce que les complications [encéphalites], comme dans le cas de la rougeole, s'attaquent à n'importe qui, malgré tous les moyens médicaux dont nous disposons. On est relativement bien protégés ici, car on a une vaste majorité de la population qui est vaccinée. Au Québec, c'est 95 % de couverture à l'âge d'un an, ce qui est excellent.»

Le Dr Ward souligne qu'Angela Price veut ce qu'il y a de mieux pour ses enfants et que ce sont les pédiatres qui mettent en doute la vaccination, comme le Dr Bob Sears, qui sont à craindre. «Mme Price a beaucoup de gens qui la suivent sur les réseaux sociaux et qui vont se méfier, ce qui va rendre le travail des pédiatres plus difficile, malheureusement.»