(Montréal) Cinq facteurs associés au mode de vie, dont l’activité physique, peuvent faciliter la prise en charge du reflux gastro-œsophagien et des brûlures d’estomac qui peuvent l’accompagner, démontre une nouvelle étude américaine.

Le rôle de quatre de ces facteurs — le poids, le tabagisme, la consommation de thé, de café ou de boissons gazeuses, et la consommation de certains aliments — est connu des médecins depuis des décennies.

C’est toutefois la première fois qu’on inclut l’activité physique à la liste des modifications qu’on peut apporter au mode de vie pour mieux gérer le reflux gastro-œsophagien.

« On sait très bien, et depuis très longtemps, qu’une activité physique régulière favorise la motricité digestive, a dit le docteur Michaël Bensoussan, qui est gastro-entérologue à l’hôpital Charles-Lemoyne, sur la Rive-Sud de Montréal.

« Par exemple, pour les gens qui ont des problèmes de constipation […], la première recommandation c’est d’augmenter l’hydratation, d’augmenter l’apport en fibres, et de faire de l’exercice physique. Ce n’est pas fou de penser que l’activité physique va favoriser l’évacuation du contenu de l’estomac. »

Les chercheurs de l’Université Harvard ont utilisé la gigantesque Nurses’Health Study II pour leurs travaux. Quelque 43 000 femmes âgées de 42 à 62 ans ont été questionnées au sujet de leurs symptômes de reflux gastro-œsophagien et de brûlures d’estomac entre 2005 et 2017.

Ils ont constaté qu’une femme qui respectait les cinq recommandations — à savoir un poids normal, l’absence de tabagisme, pas plus de deux tasses par jour de thé, de café ou de boissons gazeuses, une alimentation dite « prudente » et trente minutes d’activité physique modérée ou vigoureuse quotidiennement — pouvait réduire de 37 % ses symptômes de reflux gastro-œsophagien.

Plus une femme respectait de recommandations, plus elle était susceptible de réduire ses symptômes. Cela était aussi vrai pour les femmes qui prenaient de la médication pour leur reflux.

« C’est ce qu’on recommande dans le Guide alimentaire canadien, dans toutes les pathologies, pour toutes les spécialités, a rappelé le docteur Bensoussan, au sujet des 30 minutes par jour d’exercice. C’est bon pour la santé cardiovasculaire, c’est bon pour la santé neurologique, et on est en train de prouver que c’est bon pour la santé digestive en général et gastrique en particulier. »

Cela étant dit, ajoute-t-il, puisque le lien entre le surpoids, l’obésité et le reflux gastro-œsophagien était déjà bien connu, un médecin allait de toute manière recommander à son patient de bouger plus pour maigrir et aider à soulager ses problèmes d’estomac.

Le reflux gastro-œsophagien et les brûlures d’estomac peuvent paraître anodins, poursuit le docteur Bensoussan, mais il s’agit de problèmes de santé qui doivent être pris au sérieux pour éviter qu’ils ne débouchent sur quelque chose de beaucoup plus grave.

« La prévention du reflux est importante parce que le reflux gastro-œsophagien peut donner des œsophagites, ce qui est très invalidant, et à long terme, ça peut se compliquer d’un cancer de l’œsophage […] qui est très agressif, a-t-il prévenu.

« Quand on parle de reflux gastro-œsophagien, c’est très important que les gens comprennent qu’on ne parle pas seulement d’inconfort, mais aussi de gens qui peuvent potentiellement mourir d’avoir un reflux compliqué pendant des années et des années. »

Environ cinq millions de Canadiens souffriraient d’un reflux gastro-œsophagien ou de brûlures d’estomac au moins une fois par semaine.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical JAMA Internal Medicine.