Après avoir exposé moult techniques et exercices de course dans un ouvrage de référence paru en 2013, l’ostéopathe Jean-François Harvey apporte d’autres éclairages sur la discipline avec une nouvelle mouture, Courir mieux 2, à paraître le 10 juin.

Prenant en compte l’évolution du milieu et récoltant les préoccupations des athlètes de tous les niveaux au gré de ses conférences, l’auteur signe un ouvrage complémentaire qui touche une multitude d’aspects, au-delà de la biomécanique : entraînements, mental, alimentation, gestion des compétitions ou des conditions particulières, etc. Il formule pour nous cinq bons conseils relatifs à chaque thème abordé dans cet opus, échantillonnés dans les centaines de recommandations y fourmillant.

1— Polariser son entraînement

PHOTO FRANÇOIS HACHÉ, FOURNIE PAR L’AUTEUR

Jean-François Harvey est ostéopathe, kinésiologue et professeur en ostéopathie. Il court depuis 30 ans, a été entraîneur en athlétisme et traite aujourd’hui en clinique de nombreux sportifs.

« La majorité des coureurs font encore l’erreur de faire la plupart de leurs entraînements dans des intensités moyennes, surchargeant leur système sans jamais toucher aux zones d’intensité qui donnent de bons résultats », souligne Jean-François Harvey, qui préconise plutôt de réaliser des entraînements à des rythmes faciles, tout en ménageant des périodes à haute intensité. « Il faut pouvoir se situer aux deux extrémités : facile ou vraiment difficile, alors que la majorité des coureurs restent dans une zone située entre le ni assez facile ni assez difficile. »

Côté nouveautés, il salue la venue des capteurs de puissance qui, comme pour les cyclistes, permettent d’obtenir des mesures en watts et d’établir des entraînements basés sur ces données.

2— Déjouer son cerveau

Parmi les nombreux aspects mentaux abordés dans l’ouvrage, M. Harvey traite des stratégies pour court-circuiter les mauvaises pensées ou leurrer ses neurones. « On peut avoir un meilleur dialogue interne, par exemple en se parlant au “tu” plutôt qu’au “je”, ou encore sourire en courant », illustre-t-il. L’ostéopathe suggère également d’appliquer de l’eau sur la peau et de se rincer la bouche, pour berner notre cerveau, celui-ci croyant alors que notre température interne a diminué. « Tout ceci permet de faire diminuer la perception de l’effort et d’augmenter la performance », affirme-t-il.

3— Gérer les prises de repas

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Les conseils peuvent servir aux coureurs de tous les niveaux. 

Celui qui confesse ne pas être nutritionniste précise puiser dans les études scientifiques, pour l’ensemble du livre et a fortiori pour les enjeux d’alimentation. « Celle-ci ne dépend pas juste de ce qu’on mange, mais aussi du moment où on ingère le repas », rapporte-t-il, se référant à des études démontrant que s’alimenter dans la demi-heure ou l’heure suivant l’entraînement permet un meilleur remplissage des stocks de glycogènes et de bénéficier de l’effet des hormones coupe-faim. « Le but n’est pas de manger moins à tout prix, mais d’arriver à de meilleures relations apports-dépenses », souligne l’auteur.

4— Gestion d’effort : monsieur, imitez madame

Les coureurs machos devraient prendre des notes : généralement, les femmes gèrent de meilleure manière leurs efforts dans les épreuves de longue distance, en parvenant par exemple à mieux réaliser une seconde moitié de course un peu plus rapide, et ainsi maximiser leurs performances. L’explication ? « Celle qui ressort principalement, ce serait le plus haut taux de testostérone chez les hommes et une tendance à la surconfiance en soi, qui les ferait partir trop vite », avance Jean-François Harvey, pointant aussi une meilleure réponse au stress des femmes dans le cadre de compétitions — même s’il reconnaît que certains coureurs masculins parviennent aussi à bien gérer leur effort.

5— S’adapter aux températures

Les températures du Québec jouant au yo-yo devraient inciter les coureurs à être particulièrement attentifs à l’impact des conditions ambiantes. Des études montrent que la fourchette de performance optimale pour la course se situe entre 6 et 12 °C pour les femmes, et entre 3 et 9 °C pour les hommes. « Les coureurs pensent que les performances sont affectées à partir de 30 °C, mais c’est en fait à partir de 15 °C qu’elles diminuent graduellement », prévient l’ostéopathe. Dans une période de canicule, de 7 à 14 jours sont nécessaires pour s’adapter. « On devrait diminuer l’intensité et la durée de l’effort durant cette période d’adaptation, pour pouvoir se rapprocher de nos performances habituelles », dit-il, rappelant que le même principe s’applique pour les périodes très froides.

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS DE L’HOMME

Courir mieux 2, de Jean-François Harvey, aux Éditions de l’Homme, 296 pages.