Fibre naturelle, fibre synthétique, système multicouche, évacuation de l'humidité, coquille, laine mérinos, empiècement coupe-vent, etc. Compliqué? Quand vient le temps de s'habiller pour pratiquer un sport hivernal comme le ski de fond, il faut garder deux choses en tête: rester au sec et se protéger du froid.

S'équiper de la tête aux pieds pour pratiquer le ski de fond l'hiver prochain peut être moins dispendieux qu'on le pense. Les joggeurs, amateurs de randonnée pédestre, de raquette et de vélo ont probablement déjà quelques articles qu'ils pourront utiliser pour ce sport de glisse d'origine norvégienne. Catherine Dumoulin, de la Boutique Courir, passe en revue l'équipement du skieur de fond.

Tête

Pour la tête, le skieur s'équipe d'une tuque, d'un bandeau ou d'un cache-oreilles ainsi que d'un cache-cou. Il faut aussi penser à protéger les yeux exposés au froid et au vent. Pour éviter que de la condensation ne se crée dans les lunettes, on choisit un modèle multisport avec de légères ouvertures dans la lentille pour laisser passer l'air. «On a aussi la visière, hybride entre lunettes de sport et lunettes de ski alpin. La lentille, interchangeable ou photochromique, se relève, et c'est une bande élastique qui la retient en place par-dessus la tuque ou le bandeau, comme en ski alpin. La visière est éloignée du visage et n'est pas appuyée sur le nez. Il y a donc une très bonne circulation d'air», explique Mme Dumoulin. 

Haut du corps

Le système multicouche est de loin la façon la plus efficace de se vêtir pour une activité aérobique hivernale. On débute par un sous-vêtement ajusté au corps en polyester ou en fibre naturelle comme la laine mérinos. Ensuite, c'est la couche isolante. Elle a une capacité un peu moindre à évacuer l'humidité, mais elle est l'élément qui va apporter la chaleur. La troisième, c'est la coquille. «Pour le ski de fond, elle ne doit pas être 100 % coupe-vent pour permettre l'évacuation de l'humidité et du surplus de chaleur, avance Mme Dumoulin. Les manteaux vont être coupe-vent à l'avant, avec des empiècements qui respirent sous les aisselles et au dos pour une libre circulation d'air.» Il faut aussi penser à bien protéger les mains.

Bas du corps

On préconise également le multicouche pour les jambes, toujours en priorisant une fibre qui peut à la fois évacuer l'humidité et garder au chaud. «Pour les pantalons, on suggère quelque chose d'assez ajusté. Pour ne pas qu'il y ait de perte de chaleur et pour que l'humidité sorte le plus rapidement possible, recommande Mme Dumoulin. Pour augmenter la chaleur, on ajoute des panneaux coupe-vent pour protéger les cuisses, les genoux et les fesses. Il existe des sous-vêtements de type boxer avec empiècement coupe-vent à l'avant pour hommes et conçus plus chauds aux fesses pour la femme. Il y a aussi le legging avec fini brossé à l'intérieur que l'on peut porter directement sur la peau.»

Pieds

Pour les gens qui transpirent beaucoup, le danger est d'avoir les pieds mouillés, de créer un inconfort et de prendre froid. Le bas doit pouvoir évacuer l'humidité. Catherine Dumoulin assure que les bottes d'aujourd'hui sont beaucoup plus chaudes. «Par contre, il y a des modèles haut de gamme et performants qui sont conçus avec moins d'isolant à l'intérieur pour avoir plus de sensation et être plus près de la botte. Dans ce cas, il existe des couvre-bottes pour les températures très froides. Si j'ai une botte performante ou même une vieille botte où l'isolant a perdu de sa capacité initiale, le fait d'ajouter un couvre-botte augmente la chaleur.»

Carnet d'adresses pour magasiner en ligne 

Boutique Courir: https://boutiquecourir.com/

Boutique Endurance: https://www.boutiqueendurance.ca/

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Sports Experts: https://www.sportsexperts.ca/fr-CA/

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Pourquoi la laine de mérinos?

Lorsque l'on pratique une activité hivernale, peu importe l'intensité, l'habillement multicouche est une des meilleures façons de rester à l'aise, au chaud et au sec. La première couche, le sous-vêtement, joue un rôle-clé dans l'évacuation de l'humidité et la protection contre le froid. Le premier de classe dans cette catégorie? La fibre de mérinos.

Cette fibre-vedette provient des moutons de race mérinos. Ils produisent une laine dont la fibre est extrêmement petite en diamètre et qui leur permet de s'adapter à des climats rudes autant chauds que froids. Le fait que la fibre soit petite, si on la compare à de la laine traditionnelle, en fait une fibre douce pour la peau et confortable à porter, peu importe la température.

Mérinos ou synthétique?

En boutique, la fibre naturelle se mesure à un adversaire de taille: la fibre synthétique, souvent moins dispendieuse. Cependant, plusieurs éléments sont à considérer lorsqu'on hésite entre naturelle et synthétique, comme l'explique Éric Hamel, responsable de la formation à La Cordée. «Il faut penser synthétique en termes de plastique. On en a fait une fibre intéressante avec plein de bonnes propriétés et elle s'est imposée sur le marché en grande partie parce que c'est abordable et qu'elle a d'excellentes propriétés. Le synthétique peut rester sec et transporter l'humidité assez facilement. Mais c'est une fibre qui n'est pas renouvelable, qui ne biodégrade pas. C'est aussi un produit qui peut sentir mauvais rapidement, et ce, malgré tout les traitements qui existent, que ce soit au niveau chimique ou mécanique dans la façon de tisser la fibre ou dans la forme de la fibre. Ces avancées font en sorte qu'il y a des améliorations, mais ça aura toujours une désagréable odeur assez rapidement à l'utilisation.»

Objectif: évacuer l'humidité

La fibre synthétique est une fibre lisse, comme une surface plastique. Le fil transporte l'humidité et la sueur plus loin dans le système multicouche, comme une goutte d'eau qu'on transporte. «Du côté de la laine mérinos, au lieu d'avoir une peau mouillée par l'effort physique, l'humidité que le corps dégage est absorbée par la fibre, un peu comme une éponge. Elle a un pouvoir absorbant, et c'est ce qui fait en sorte que l'apparition de sueur à la surface de la peau sera retardée, assure M. Hamel. C'est pourquoi on est un peu plus au chaud, mais aussi plus au sec, versus le synthétique qui ne fait que transporter du liquide à sa surface.»

Choisir la fibre naturelle

Chez Bonnetier, une entreprise de confection de vêtements, on fait le choix de ne travailler qu'avec la fibre naturelle de laine mérinos. «La laine de mérinos, c'est renouvelable, biodégradable, ça a une foule de belles propriétés. On s'approvisionne avec une ferme seulement. On a vraiment un produit qui est traçable, on sait que les animaux sont bien traités. Ça faisait partie de notre démarche», explique la cofondatrice de l'entreprise, Isabelle Marcotte.

À cela s'ajoutent tous les bénéfices au niveau technique pour justifier ce choix d'entreprise. «Comme elle respire et ne retient pas l'humidité, ça en fait une laine ultra confortable chaude en hiver et fraîche en été. Pour l'hiver, en activité aérobique, on bouge, on a chaud, on transpire, et ça crée de l'humidité, précise Mme Marcotte. Ce qui nous donne froid, c'est cette humidité emprisonnée dans le vêtement près de la peau. Quelqu'un qui fait une activité sportive a tout intérêt à porter la laine de mérinos comme première couche pour faire sortir l'humidité.»

Une question d'épaisseur

Selon la température extérieure et le niveau d'intensité de l'activité physique, on doit considérer un vêtement à l'épaisseur adéquate. On calcule celle-ci en grammes par mètre carré (gsm). Chez Bonnetier, la laine utilisée oscille entre 147 gsm, pour des vêtements d'été et ultralégers et 270 gsm pour un vêtement chaud presque aussi épais qu'un coton ouaté.

À cycle délicat

Cette fibre naturelle n'est toutefois pas reconnue pour sa grande résistance. C'est pourquoi plus le vêtement est mince, plus il doit être nettoyé avec soin, particulièrement lorsqu'il s'agit de vêtements fabriqués à 100 % avec de la laine mérinos.

Toutefois, il n'est pas recommandé de laver le vêtement systématiquement chaque fois qu'il est porté. On va même jusqu'à dire que la fibre de mérinos, qui ne retient pas les odeurs, est autonettoyante. «On a des gens qui partent deux semaines avec deux chandails pour un trekking et qui ne les laveront pas. Ça a comme effet de préserver la longévité de la fibre quand on le lave un peu moins et c'est plus écologique», termine Mme Marcotte.

Photo Wikimedia Commons

Les moutons de race mérinos produisent une laine qui leur permet de s'adapter à des climats rudes.