Un soir de fin d'été au parc Laurier. Une dizaine de personnes, réunies en cercle au pied d'un gros érable, s'exercent au cerceau avec plus ou moins d'aisance. Elles participent à une classe d'initiation comme il s'en donne de plus en plus à Montréal. Des passants, curieux et amusés, s'arrêtent et regardent la scène. «Avez-vous pratiqué cette semaine? On va réviser», lance Nathalie Veilleux, monitrice.

Au gré des rotations du cou, du bassin, des genoux et des bras, les cerceaux multicolores faits à la main volent dans tous les sens et tombent - un peu trop rapidement! - au sol. Rires et frustrations font partie du processus d'apprentissage, souligne Nathalie avec un clin d'oeil. «Je viens de manger des tortellinis, ça brasse un peu trop», lance Dominique, un cerceau autour de la taille. «Quand on le fait tourner autour du cou, est-ce qu'on doit le placer en haut ou en bas de la pomme d'Adam?» s'interroge à la blague Dominic, le seul gars du groupe.

 

Néophyte, Linda, 36 ans, dit avoir la piqûre. Elle rit et nous montre ses bras parsemés d'ecchymoses. «C'est dur pour le corps au début, mais j'oublie vite mes bleus. J'aime tellement ça! J'ai essayé quand j'étais enfant, mais c'est la première fois que je suis capable d'en faire. Ça ne paraît pas, mais on travaille fort. Ça sollicite autant les muscles que les capacités cardiovasculaires. On s'amuse beaucoup.»

Nathalie Veilleux, massothérapeute, se fait une joie de partager son savoir-faire en matière de cerceau depuis un an. Sa passion est née dans une soirée privée, à Los Angeles. Elle a saisi un cerceau qui traînait par terre et a osé quelques mouvements. «Ça a cliqué. J'ai encore du travail à faire avant d'être vraiment bonne. J'ai pris quelques cours, j'ai fouillé sur l'internet, je me suis exercée. Je suis une enthousiaste, je veux que tout le monde essaie avec moi. Je suis contente, je remarque que c'est de plus en plus populaire.»

Chez les stars

Le cerceau, appelé aussi Hula Hoop, du nom d'un produit lancé dans les années 50, a la cote jusque chez les stars. Dans le vidéoclip What Goes Around de Justin Timberlake, une danseuse fait tourner un cerceau enflammé autour de sa taille. La chanteuse Beyoncé s'amuse elle-même avec un cerceau argenté dans son vidéoclip Work It Out. Actuellement sur grand écran, le robot WALL-E, dernier être sur Terre 700 ans après la désertion de l'humanité, découvre le Hula Hoop et tente quelques mouvements.

Même Michelle Obama compte parmi les adeptes. NBC a diffusé des images de la femme du candidat démocrate à la présidence des États-Unis en train de jouer au cerceau avec ses filles lors des festivités du 4 juillet. «C'est la meilleure «hula-hooper» que je connaisse, a dit Barack Obama au magazine People en juillet. Une fois qu'elle a le rythme, elle peut faire descendre le cerceau à ses genoux.»

Sans surprise, les cerceaux se vendent actuellement comme des petits pains chauds. «Les ventes du Hula Hoop ont augmenté de 20% cette année seulement», a indiqué à La Presse Monica Ballin, relationniste pour la firme américaine Wham-O, qui détient les droits sur la marque de commerce. Même chose chez Canyon Hoops. Lu dans le Boston Globe en juillet: «La compagnie Canyon Hoops, à Portland, a vu ses ventes doubler, de 1900 cerceaux en 2006 à 3800 en 2007, et prévoit vendre 7000 cerceaux cette année.» Ce récent regain de popularité serait né sur la côte Ouest américaine, lors de regroupements et de partys underground comme le festival Burning Man du Nevada.

Plus gros et plus lourd que le cerceau de notre enfance, le nouveau Hula Hoop est couvert de rubans multicolores, scintillant, luminescent ou, quand il est translucide, empli de billes ou d'eau. Avec la technologie LED, le Hula Hoop peut même se faire clignotant. Mais le plus souvent, on le préfère bricolé à la main. Nathalie Veilleux l'a compris et offre des ateliers de confection de cerceau. «Ça m'a pris plus de trois heures à faire le mien. Ça dépend du nombre de rubans que tu veux, dit Caroline, rencontrée lors de la séance d'initiation au parc Laurier. Ça demande de la créativité, c'est très ludique. C'est étonnant, mais il y a tellement de choses à faire avec un cerceau.»

Le cerceau comme style de vie

Montréalaise d'adoption, Rebecca Halls ne sort jamais de chez elle sans ses cerceaux. Native de Victoria, en Colombie-Britannique, elle se réjouit de voir l'intérêt pour le cerceau gagner Montréal. Arrivée au Québec en 2005 pour suivre des cours de danse, elle pensait trouver une communauté de «hoopers». Rien. «En dehors des numéros de cirque, axés plus sur le théâtre que la danse, les gens n'avaient jamais vu de performances de Hula Hoop, dit-elle. J'ai commencé à donner des cours et des spectacles. J'ai acquis une expertise et, peu à peu, un petit groupe de passionnés s'est formé. Ça a commencé tranquillement. Maintenant, ça grossit vraiment.»

Rebecca Halls, qui danse depuis l'âge de 5 ans, enseigne le cerceau depuis 2005 à Montréal. Elle a participé à des centaines de manifestations et de festivals au Canada et aux États-Unis. Un job à temps plein. L'an dernier, elle a présenté p.r. squared à l'Espace Tangente. Une performance mi-danse contemporaine, mi-hula hoop. Sa spécialité? «Je fais beaucoup de choses à l'envers. Je me tiens sur la tête et je fais bouger le cerceau avec mon pied. C'est difficile parce qu'il faut être bon en acrobatie, manipuler le cerceau avec minutie et avoir un bon contrôle.»

Accessible à tous, le cerceau offre un éventail infini de possibilités, pour les «hoopers» du dimanche comme pour les pros. «Ma grand-mère et ma mère en font, on n'a pas besoin d'être un athlète, dit Rebecca Halls. Il y a tellement de trucs à apprendre qu'on ne peut pas se lasser. L'attrait pour la nouveauté, c'est contagieux.»

«C'est une activité joyeuse, bonne pour le cerveau comme pour les fesses, ajoute Nathalie Veilleux. Pour moi, la vie n'est pas que métro-boulot-dodo. Il faut avoir du plaisir et lâcher son fou, se laisser aller.»

Une mode? «C'est plus qu'une mode, c'est un style de vie, comme le yoga, répond Mme Halls. Ça permet une connexion avec le corps et ça donne un sentiment de puissance et de liberté. C'est comme une méditation. Je crois qu'il y aura toujours un noyau dur de passionnés. Je rencontre des gens qui deviennent complètement accros.»

 

Les meilleures chansons pour le Hula Hoop

Verbing the Noun de Bassnectar

Make Me Sweat de Basement Jaxx

Hula Hoop de Macka Diamond

Just Fine de Mary J. Blige

Boyz de M.I.A.

Source : top 5 du magazine Hooping.org

 

Juste pour voir

Pour visionner le vidéoclip de l'année, lauréat des Hoopie Awards 2008 : www.hoopnotica.com

Source : magazine Hooping.org