Lilia PizzolongoÂge: 70 ansSport: patinage artistique

Une minichaîne stéréo, déposée sur une bande, crache un air de tango qui résonne dans l'aréna de Beaconsfield. Lilia Pizzolongo file sur la glace à vive allure, au bras de son jeune entraîneur. «Il a seulement 29 ans!» lance-t-elle. Sa courte jupe fleurie virevolte au gré des figures. Même essoufflée, la patineuse ne cesse de sourire. A-t-elle vraiment 70 ans? 

Chaque jeudi après-midi, elle retrouve sa «gang de filles» - une dizaine de femmes âgées de 50 à 77 ans - pour une séance hebdomadaire de patinage artistique. «On a beaucoup de plaisir. On entretient de belles amitiés et ça nous fait sortir de la maison», dit-elle. Chacune patine à son rythme pendant 60 minutes, avant l'habituel goûter dans un restaurant de la rue Saint-Jean. Elles en profitent alors pour jaser. Sur la glace, elles sont trop occupées. Trop concentrées.

Pour Lilia Pizzolongo, le patin c'est du sérieux. Elle s'entraîne actuellement pour atteindre le niveau senior or en danse sur glace. Pour y arriver, elle doit réussir trois danses devant jury. Après un premier test réussi, elle étudie actuellement la deuxième danse obligatoire. «Plus ça va, plus les chorégraphies sont complexes. Vous ne me verrez pas faire des sauts et des pirouettes, mais je vous jure que ça a l'air beaucoup plus facile que ça ne l'est réellement», dit-elle.

L'entraîneur Eric Neumann-Aubichon confirme. «Lilia est très patiente et fait beaucoup d'efforts pour apprendre et maîtriser les pas. Je la fais travailler fort, en respectant ses limites. C'est un plaisir d'enseigner à des patineuses de cet âge. Elles sont positives, elles s'entraident. Ça leur prend du courage parce que les chutes peuvent causer de graves blessures.»

La patineuse en sait quelque chose. Il y a neuf ans, elle s'est fracturé la cheville droite à la suite d'une maladresse. «Je suis tombée sans raison près de la bande. Quand j'avais la jambe dans le plâtre, le patin m'a manqué. J'ai chuté à quelques reprises, mais je n'ai jamais voulu arrêter. Je suis flyée? Probablement, mais nous le sommes toutes ici!»

Sa passion pour le patin est née en 1986. Elle avait 48 ans. «J'ai répondu à une annonce dans le journal local. On cherchait des personnes pour former une équipe de patinage synchronisé. Je n'avais jamais pris de cours, mais je me débrouillais bien. J'ai tout de suite adoré ça. Le calibre en compétition n'était pas très élevé, pas comme aujourd'hui, on gagnait souvent.»

Son plus beau souvenir? «Ma médaille d'argent solo en danse préliminaire. C'était à Dollard-des-Ormeaux, en 2002. C'était spécial de me retrouver toute seule sur le podium.» Ses trois enfants sont très fiers d'elle, souligne-t-elle timidement. «L'important pour moi, c'est de garder la santé. Le patin me donne de l'énergie. Je suis entourée de gens actifs. Il n'y a pas d'âge pour bouger.»