Retraités depuis longtemps, ils courent les gymnases, les pistes d'athlétisme et les arénas. Oiseaux rares, ils mordent dans la vie à belles dents... tout en transpirant! Flyés, les sportifs de 80 ans? Peut-être un peu, mais assurément en santé. Conscients des bienfaits de l'exercice, les aînés sont de plus en plus nombreux à bouger. Bonne nouvelle: il n'est jamais trop tard pour commencer. Sophie Allard et Bernard Brault ont rencontré quatre passionnés de sport, âgés de 70 à 83 ans. Inspirant.

Au Québec comme ailleurs dans les pays industrialisés, à peine 5% des personnes de 65 ans et plus sont en bonne ou en excellente condition physique. La pratique régulière d'exercices n'est pas encore entrée dans les moeurs. Mais ça ne saurait tarder. «Les aînés sont encore peu conscients des bienfaits liés à l'activité physique. Ils craignent de se blesser, de faire une chute ou de trop solliciter le coeur, note Isabelle Dionne, responsable du programme de doctorat en gérontologie de l'Université de Sherbrooke. Même les médecins, jusqu'à tout récemment, leur disaient de se ménager. Pourtant, l'activité physique peut éliminer ou réduire tellement de bobos. C'est normal d'être essoufflé et d'avoir des courbatures.»

Le tiers des personnes âgées bougent quand même un peu. Une fois par semaine ou plus, ils marchent, jardinent, pataugent ou dansent. C'est mieux que rien, mais ça ne suffit pas. «Ce genre d'activités ne permet pas de développer aussi efficacement la force et l'endurance musculaire, la flexibilité, l'aptitude aérobie et l'équilibre que ne le feraient un entraînement physique spécifique et régulier, ou des activités encadrées», indique le comité scientifique de Kino-Québec, dans un avis publié en 2002.

Les recommandations? Trente minutes d'activité physique soutenue trois fois par semaine.

«C'est un minimum. Il faut être essoufflé, mais capable de tenir une conversation», précise Mme Dionne. Si on ajoute à cela des exercices de flexibilité et de force musculaire (comme le recommande le Guide d'activité physique canadien pour les aînés), on tape dans le mille. «Malheureusement, la musculation est souvent négligée», ajoute-t-elle.

Un programme d'entraînement complet permet de retarder le déclin lié au vieillissement. Même si on s'y prend sur le tard. Les effets se font sentir en quelques semaines à peine. «On a plus de facilité à transporter ses sacs d'épicerie, monter les escaliers, attacher ses lacets, s'étirer pour prendre quelque chose sur une tablette.»

Mieux encore, l'activité physique réduit les risques de maladies chroniques - comme les maladies du coeur, le diabète de type 2, l'arthrite, et l'asthme - et d'en mourir de façon prématurée.

Bouger est aussi bon pour la tête. Selon Kino-Québec, l'activité physique contribue à la préservation de certaines facultés cognitives (comme la mémoire), au soulagement des symptômes associés à la dépression et l'anxiété et améliore le sommeil et l'humeur. «Les gens actifs ont une vie sociale plus satisfaisante», souligne Isabelle Dionne.

La population vieillit, mais bouge un peu plus, note la spécialiste. «On fait beaucoup de sensibilisation. C'est en amélioration, même si on ne le voit pas encore dans les statistiques. On est sur la bonne voie.»