(Montréal) Le remplacement par une quantité équivalente de sirop d’érable de 5 % de l’énergie totale quotidienne fournie par les sucres ajoutés entraîne une amélioration de certains facteurs de risque cardiométabolique, ont constaté des chercheurs de l’Université Laval.

La substitution semble aussi avoir un effet modeste, mais potentiellement positif, sur le microbiote intestinal.

Des études menées sur des animaux avaient laissé entrevoir des bénéfices, et « on était convaincus que ça valait la peine d’investir dans une étude clinique », a dit l’un des auteurs de l’étude, le professeur André Marette du Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

Quarante-deux adultes volontaires en bonne santé, mais présentant un léger surpoids, avaient été recrutés afin de participer à cette étude composée de deux phases de huit semaines. Pendant chacune des phases, les sujets ont été invités à consommer chaque jour soit 30 ml (deux cuillerées à soupe) de sirop d’érable, soit 30 ml d’un sirop de sucrose aromatisé qui imitait le sirop d’érable.

Après une pause de quatre semaines, les rôles ont été inversés : les sujets qui avaient consommé du sirop d’érable ont consommé le sirop sucré, et vice-versa.

Les chercheurs ont constaté que le remplacement de sucre raffiné par du sirop d’érable a entraîné une diminution de la graisse corporelle abdominale et de la pression artérielle systolique, et une amélioration de la réponse glycémique à la suite d’un test d’hyperglycémie provoquée par voie orale.

« On a quand même vu, en seulement huit semaines, un effet assez impressionnant du sirop d’érable », a assuré le professeur Marette.

La composition du microbiote intestinal est restée stable, mais certaines bactéries étaient moins présentes lors de la consommation du sirop d’érable. Certaines d’entre elles ont déjà été associées à un mauvais profil cardiométabolique.

Il est peu courant, dans le monde scientifique, de voir des chercheurs présenter leurs résultats en évoquant un lien de causalité. Mais dans ce cas-ci, a dit le professeur Marette, les chercheurs se sont assurés de composer deux groupes de sujets similaires et de tenir compte des facteurs qui auraient pu venir brouiller les cartes, comme l’alimentation des participants.

« Lorsqu’on dit que le sirop d’érable a un impact, c’est indépendamment de tout autre facteur qui aurait pu être confondant, a-t-il précisé. On peut vraiment dire que les gens, lorsqu’ils consomment du sirop d’érable, ont des améliorations, même si ce ne sont pas des améliorations spectaculaires. »

Les participants n’étaient pas des sujets hypertendus dont la consommation de sirop d’érable a réglé le problème d’hypertension, a-t-il illustré, même si les chercheurs ont pu mesurer ce qu’il a appelé une « baisse intéressante » de la pression artérielle.

Le professeur Marette admet en revanche avoir été « surpris » par la réduction significative constatée de la graisse abdominale, d’autant plus que l’effet a été observé aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

Comme l’étude comportait un groupe placebo, et comme les chercheurs se sont assurés de l’absence d’autres changements au protocole de l’étude, « on se doit de conclure que c’est le sirop d’érable qui induit ces effets », a-t-il dit.

Le professeur Marette étudie de longue date l’inclusion des sucres naturels comme le miel et le sirop d’érable dans notre alimentation, et cette étude n’est que la plus récente en date qu’il a effectuée sur le sujet.

« Les sucres naturels amènent des bénéfices, ou à tout le moins, je dirais, moins de problèmes, a-t-il dit. On pense que ça s’explique par le fait que [dans] ces sucres naturels […] il y a plein d’autres composantes, des vitamines, des minéraux, des phytohormones, des polyphénols, qui confèrent probablement au produit une protection qui semble bénéfique pour la santé. »

Les chercheurs ont mené cette étude grâce à un financement du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et des Producteurs et productrices acéricoles du Québec.

Le MAPAQ, a expliqué le professeur Marette, s’est assuré que les travaux étaient réalisés en toute transparence et en toute conformité avec les règles d’éthique.

« La seule façon de financer ce genre d’étude, c’est d’avoir un support de l’industrie, puis c’est fait en toute transparence, a-t-il souligné. Mais c’était très clair dès le départ que si on n’avait vu aucun effet du sirop d’érable dans l’étude, ou même un effet négatif, on l’aurait quand même publiée. »

Les chercheurs profiteront maintenant du financement qui n’a pas été utilisé pour essayer de mieux comprendre le mécanisme d’action du sirop d’érable.

Les résultats ont été dévoilés vendredi lors du congrès annuel de la Société canadienne de nutrition et n’ont pas encore été publiés dans une revue révisée par les pairs.