L’activité physique semble avoir un rôle important à jouer dans la lutte à la dépendance, démontre une analyse réalisée par une chercheuse de l’Université de Montréal.

La doctorante Florence Piché et ses collègues ont épluché 43 études qui s’étaient penchées sur la question. Seize de ces études avaient vérifié si l’activité physique entraînait une réduction ou une cessation de la consommation, et les trois quarts de ces 16 études ont constaté que cela se produisait lorsque les participants à un programme de lutte à la dépendance ajoutaient de l’activité physique au traitement habituel.

« On voyait vraiment une diminution de la consommation, puis des symptômes associés à la dépendance, a résumé Mme Piché. On a vu un meilleur résultat au niveau de leur dépendance, mais aussi au niveau de leur condition physique. On était gagnants sur tous les plans. »

Un peu moins du tiers des études révisées ont aussi mesuré une réduction des symptômes dépressifs des participants qui s’entraînaient.

La forme d’activité physique la plus étudiée était la course à pied. D’autres chercheurs se sont intéressés au yoga, au cyclisme, à l’entraînement musculaire, à la marche ou à d’autres formes de mouvement. La fréquence d’activité physique la plus courante était trois sessions d’environ une heure chaque semaine.

Il n’y a pas pour le moment de consensus scientifique sur la manière dont l’activité physique pourrait aider à combattre la dépendance. Il se pourrait, par exemple, que l’activité physique aide à calmer la sensation de « manque » (le « craving », en anglais) qui est ressenti lorsque la consommation diminue ou cesse, a dit Mme Piché.

Les gens qui ont un problème de dépendance, ajoute-t-elle, « ont rarement seulement un problème de dépendance ».

« Ça vient souvent avec un trouble psychiatrique, donc le fait d’aider l’autre trouble psychiatrique pourrait venir jouer sur la santé mentale globale de la personne », a dit Mme Piché.

Il est aussi possible que l’adoption d’une première bonne habitude de vie ― l’activité physique ― ait un effet domino dans la vie des participants et les incite à apporter d’autres changements bénéfiques.

Mme Piché côtoie quotidiennement des gens qui ont un problème de dépendance. Les résultats de cette analyse viennent confirmer les bienfaits de l’activité physique qu’elle constatait déjà sur le terrain.

« J’ai rarement rencontré des gens qui ne voulaient pas du tout faire (d’activité physique), a-t-elle confié. Ils sont en traitement et en hébergement, ils sont là 24/7, donc ils ont le temps. Ils sont là aussi vraiment pour se soigner. Ils sont là pour aller mieux, donc ils sont ouverts à tout ce qui peut les aider. »

La plus grande peur des patients, à la fin de leur traitement, est de retomber dans la consommation une fois rentrés chez eux. Mais ceux qui en ont profité pour se familiariser avec l’activité physique sont heureux de repartir avec une bouée à laquelle s’accrocher en cas de besoin.

« Ils me disent, “j’ai une habitude que je vais pouvoir faire, que je vais pouvoir utiliser au lieu d’aller consommer ou quand je vais ressentir le goût de consommer, je vais avoir vraiment un outil que je peux utiliser” », a dit Mme Piché.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal scientifique PLOS ONE.

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