(Montréal) Une faible masse musculaire est associée à un déclin cognitif plus rapide chez les aînés, ont constaté des chercheurs montréalais.

Cette association est indépendante de facteurs comme la force musculaire et le niveau d’activité physique. Il semblerait donc que ce soit la masse musculaire elle-même qui est en jeu, et qu’elle ne soit pas un marqueur d’aînés plus actifs ou ayant de meilleures habitudes de vie.

« Avec une mesure au début et une mesure trois ans plus tard, on constate un déclin cognitif global (chez les sujets), a résumé la directrice de l’étude, la chercheuse Stéphanie Chevalier du Programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.

« Mais ce qu’on a vu, c’est que chez les individus dont la masse musculaire est plus faible, le déclin cognitif est plus rapide. Il y avait un plus grand déclin sur trois ans et ça touchait en particulier les fonctions cognitives exécutives. »

Les chercheurs ont épluché les données de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement, qui dispose d’un vaste ensemble de données sur la constitution du corps et sur des tests cognitifs menés en personne à trois ans d’intervalle au sein d’une cohorte de 30 000 personnes.

Ils ont cherché à déterminer si une faible masse musculaire pouvait prédire un déclin cognitif subséquent dans trois domaines ─ la mémoire, les fonctions exécutives et la vitesse psychomotrice ─ chez les adultes âgés de 65 ans et plus.

Une association a été constatée entre une faible masse musculaire et un déclin plus marqué des fonctions exécutives au cours d’une période de trois ans, comparativement au fait d’avoir une masse musculaire normale, mais aucune association du genre n’a été vue en ce qui concerne la mémoire et la vitesse psychomotrice.

Les fonctions exécutives sont cruciales au quotidien, puisqu’elles aident à soutenir notre attention, à organiser nos pensées et à prendre des décisions.

« Je n’ai pas été entièrement surprise de trouver une relation à la base entre une masse musculaire faible et un déclin cognitif, parce que ce sont deux aspects de la fonctionnalité, a dit Mme Chevalier.

« Là où j’ai été surprise, c’est qu’une fois qu’on a ajusté le lien entre la masse musculaire et le déclin cognitif pour enlever en quelque sorte l’impact de l’activité physique, il y avait tout de même un lien. Ça veut dire que la masse musculaire en tant que telle a une association indépendante des autres facteurs avec le déclin cognitif. Là, j’ai été un peu surprise. »

Les facteurs physiologiques qui pourraient expliquer comment une meilleure masse musculaire ralentit le déclin cognitif demeurent mystérieux. On sait toutefois que les muscles sécrètent des molécules qui peuvent avoir un effet anti-inflammatoire et que ces molécules sont davantage secrétées par le muscle en action.

On sait aussi que l’exercice physique et le développement de la masse musculaire, en apportant un flux sanguin accru au cerveau, peuvent favoriser les fonctions exécutives.

La bonne nouvelle, soulignent les chercheurs, est que la masse musculaire est un facteur modifiable. Les plus jeunes peuvent commencer à se constituer des réserves en vue de leurs vieux jours, et même pour les aînés, il n’est jamais trop tard pour bien faire.

« Il y a de belles études qui ont été faites chez des centenaires qui ont démontré qu’avec de l’exercice physique […], c’est possible de regagner du muscle, a rappelé Mme Chevalier. Et on n’est pas obligé de prendre des suppléments de protéines. Une bonne diète qui contient suffisamment de protéines de bonne qualité, combinée avec de l’exercice, ce sont certainement les deux facteurs principaux qui vont nous aider à maintenir une masse musculaire. »

Les conclusions de cette étude sont publiées par le journal médical JAMA Network Open.