Les bienfaits de l’activité physique sont énormes. Pourtant, 61 % des Canadiens de 5 à 17 ans n’en font pas assez, selon les données dévoilées par ParticipACTION en 2020. Avec son équipe, David Arsenault, fondateur de Champions pour la vie, souhaite améliorer les statistiques. Coup d’œil sur un programme qui fait bouger les enfants.

Il est 15 h 30. À la queue leu leu, les élèves de maternelle de l’école de la Petite-Bourgogne entrent dans le gymnase avec leur éducatrice en service de garde, Mme Elena. Certains s’agitent et ont hâte de bouger. M. Ali, enseignant d’éducation physique, prend la parole et dévoile le plan des 30 prochaines minutes : répéter les exercices vus au cours des dernières semaines et jouer à la tag. « Je sais que c’est votre jeu préféré », dit-il, enterré par les cris de joie des enfants.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Ghalya s’exerce au saut en longueur.

Divisés en trois groupes, les jeunes se promènent de station en station pour travailler des mouvements de base : le saut en longueur, des lancers et des postures d’équilibre. À la première station, M. Ali rappelle aux enfants comment sauter en décortiquant le mouvement. Luca est le premier à s’exécuter, puis Sofia, suivie de Ghalya, d’Illes et des autres.

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Luca aime beaucoup s’exercer au lancer.

Le sifflet se fait entendre : le groupe change de station. Après avoir travaillé leur équilibre en imitant le flamant rose, les jeunes lancent des poches dans des cerceaux. Luca aime particulièrement cet exercice et est fier de lui quand il réussit. Sofia, quant à elle, préfère l’activité suivante : la tag. À entendre les exclamations pendant le jeu, on constate qu’elle n’est pas la seule.

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C’est le moment de jouer à la tag !

L’école de la Petite-Bourgogne, située dans l’arrondissement du Sud-Ouest, à Montréal, est l’une des 258 écoles québécoises à bénéficier du programme Champions pour la vie, destiné aux enfants de 4 à 8 ans.

Dans les services de garde, le programme s’étend sur 20 semaines.

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Ali Bencheikh, enseignant d’éducation physique à l’école de la Petite-Bourgogne

Du début jusqu’à la fin, il y a une nette amélioration de toutes les aptitudes physiques.

Ali Bencheikh, l’enseignant d’éducation physique qui anime l’activité

Au fil des semaines, les enfants qui y participent sont plus attentifs, et pas seulement dans le gymnase, indique l’éducatrice Elena Mihaela Crisan. « J’ai remarqué une grande différence par rapport aux autres écoles où j’ai travaillé. »

Les mouvements vus au cours de l’année serviront dans la pratique de nombreux sports, souligne Ali Bencheikh. Les lancers au baseball et au basketball, l’équilibre en gymnastique, les sauts en athlétisme, donne-t-il en exemple.

Revenir à la base

« Les enfants sont non seulement trop peu actifs, ils n’apprennent pas non plus à bouger », affirme David Arsenault, fondateur de Champions pour la vie. Cet ancien membre de l’équipe nationale de taekwondo a longtemps évolué auprès de l’élite sportive. Il a été l’entraîneur de certains hockeyeurs, dont Vincent Lecavalier.

« Les athlètes, c’est une pyramide. Tu commences avec une base et c’est juste les meilleurs qui se rendent en haut. J’ai entraîné les meilleurs pendant 12-15 ans. [...] Un jour, je me suis dit : “Ils n’ont pas besoin de moi. Les enfants ont besoin de moi.” »

PHOTO FOURNIE PAR CHAMPIONS POUR LA VIE

David Arsenault, fondateur de Champions pour la vie

Je voyais de plus en plus de jeunes athlètes qui ne savaient pas sauter, gambader, courir comme il faut, faire des mouvements de base comme il faut. La base de littératie physique n’était pas là.

David Arsenault, fondateur de Champions pour la vie

Épaulé par des enseignants d’éducation physique, David Arsenault a créé, en 2013, un programme qui permet aux enfants d’acquérir les habiletés motrices de base et d’avoir confiance en leurs capacités. L’accent mis sur la littératie physique a d’ailleurs poussé la Fondation des Canadiens pour l’enfance à devenir partenaire de Champions pour la vie.

Des outils pour la confiance

« On a travaillé pour trouver les freins à l’activité physique et le manque d’habiletés est un frein important. Un enfant qui ne se sent pas compétent n’ira pas rejoindre un groupe qui joue au ballon-chasseur dans la cour d’école ou ne montera pas sur un vélo. [...] Il est important qu’un enfant apprenne à bien courir, bien sauter, bien lancer. Ça lui donne confiance en lui et, après, il a le goût de faire du sport », explique Geneviève Paquette, directrice générale de la Fondation des Canadiens pour l’enfance.

Les activités de Champions pour la vie ressemblent-elles à celles d’un cours d’éducation physique ? « On ne remplace pas l’éducation physique, on est un complément », répond David Arsenault. D’ailleurs, Champions pour la vie propose aussi de la formation et des fiches pour outiller les enseignants.

Offert gratuitement dans les écoles de milieux défavorisés grâce aux partenaires et aux donateurs, le programme a été suivi par plus de 17 000 enfants jusqu’à maintenant. David Arsenault et son équipe espèrent augmenter le nombre d’écoles participantes à 500 d’ici un an pour rejoindre encore plus de jeunes. « Je veux que les enfants s’épanouissent », souligne ce mordu de sport à qui l’activité physique a fait le plus grand bien pendant sa jeunesse.

Consultez le site web de Champions pour la vie