Jessica Papineau, 39 ans, attend une greffe de rein. Sa mère, Nicole, souhaite lui donner l’un des siens — et elles sont compatibles. Gros hic : avec la pandémie, l’opération est sur pause.

Même si Jessica Papineau est atteinte d’une insuffisance rénale terminale — il lui reste 15 % d’une fonction rénale normale —, elle peut attendre un peu. « Je fonctionne normalement, assure la mère de deux adolescents. L’alimentation m’aide à ne pas avoir de symptômes. »

L’alimentation ? Oui, on peut prendre soin de ses reins en mangeant, apprend-on dans Santé rénale : 21 jours de menus, que vient de publier la nutritionniste Roxanne Papineau chez Modus Vivendi. Ça ne prend pas la tête à Papineau, justement, pour remarquer que Jessica et Roxanne portent le même nom de famille…

« Un drôle de hasard »

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Roxanne Papineau, nutritionniste

Retour il y a 15 ans. Nouvelle nutritionniste, Roxanne Papineau fait un remplacement en néphrologie à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, avant d’y obtenir un poste. Au même moment, des prises de sang révèlent un début d’insuffisance rénale chez sa sœur Jessica, qui est infirmière. « C’est un drôle de hasard », dit Roxanne Papineau.

Atteinte de sclérose tubéreuse de Bourneville, une maladie génétique, Jessica Papineau a des kystes aux reins qui ont grossi au fil du temps. « Au départ, on rencontre un médecin, pas nécessairement une nutritionniste, précise Jessica Papineau. Ma sœur m’a tout de suite dit : “Fais attention, diminue le sel, diminue aussi les protéines.” J’ai eu la chance d’avoir une nutritionniste privée assez tôt dans le processus. »

Hausse de 60 % des cas

Une chance que beaucoup n’ont pas, alors qu’un Canadien sur dix souffre d’insuffisance rénale, souvent sans le savoir. Cela « représente une hausse de 60 % au cours des 10 dernières années », précise Roxanne Papineau dans Santé rénale : 21 jours de menus.

« C’est en grande partie relié aux habitudes de vie, pas aux maladies génétiques comme celle de ma sœur », explique la nutritionniste.

Au lieu d’avoir des problèmes de diabète à 60 ans, les gens en ont à 35 ou 40 ans. Comme la première complication du diabète est l’insuffisance rénale, on a des patients de plus en plus jeunes.

Roxanne Papineau, nutritionniste

« L’hypertension est un autre facteur de risque, ajoute-t-elle. En Amérique du Nord, on consomme de grandes quantités de sel. On voit maintenant des adolescents qui font de l’hypertension. Ils sont plus à risque de développer une insuffisance rénale. »

« Des résultats étonnants »

Quand on sait que des reins de jeune adulte en santé filtrent 180 litres de sang par jour, on comprend que les hypothéquer fait mal. Heureusement, mieux manger donne « des résultats étonnants », indique l’interniste et néphrologue Daniel Garceau dans la préface de Santé rénale : 21 jours de menus.

Comment adapter son menu ? En réduisant les apports en sodium et en protéines, surtout d’origine animale. En mangeant beaucoup de légumes et de fruits, sans oublier des grains entiers. Et en buvant beaucoup d’eau, en trinquant à la santé de nos reins. « J’ai appelé le livre Santé rénale, pas Maladie rénale », fait valoir Roxanne Papineau, qui propose 50 recettes simples et appétissantes. « C’est un bel exemple de la diète méditerranéenne, accessible à tous. »

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS MODUS VIVENDI

Santé rénale : 21 jours de menus, texte et recettes de Roxanne Papineau, les éditions Modus Vivendi

Agir tôt

Membre du comité d’experts en santé rénale associé au ministère de la Santé, Roxanne Papineau souhaite « mettre l’accent sur la prévention et l’accès aux nutritionnistes à des stades plus précoces », dit-elle. « Si vous saviez le nombre de patients qui arrivent dans mon bureau et qui viennent d’apprendre qu’ils ont une insuffisance rénale de stade 4, déplore-t-elle. Ce n’est pas normal. » Si l’on a un facteur de risque — obésité, diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires, etc. —, il faut demander un dépistage, pour agir tôt.

« En faisant attention à plusieurs choses dans son alimentation, on peut retarder la maladie, souligne Jessica Papineau, qui est mère de deux adolescents. De savoir qu’on a le contrôle là-dessus, c’est le fun. Je peux me permettre d’attendre la greffe, sans avoir besoin de dialyse. Pour l’instant, ça va. »

Santé rénale : 21 jours de menus, de Roxanne Papineau, aux éditions Modus Vivendi, 212 pages.