C’est ce qu’on appelle tomber pile, à temps, franchement : Télé-Québec lance mercredi une série de 36 capsules dynamiques, drôles, et surtout pédagogiques, pour démythifier la santé mentale et en finir avec ce tabou mal placé. Le public cible : les adolescents, dont les besoins sont, on le sait, de plus en plus criants.

L’anxiété, les troubles alimentaires, mais aussi la résilience, ou pourquoi pas le rire, tels sont les sujets, tous reliés de près ou de loin à la santé psychologique, qui sont ici abordés, dans des capsules de 5 à 10 minutes, directes, franches, avec un soupçon d’humour et bourrées d’informations, ressources et témoignages en prime. C’est franc, accrocheur et, on l’espère, porteur.

La bande-annonce d’On parle de santé mentale donne d’ailleurs le ton, avec un heureux mélange de gags (portés par des personnalités adorées : on pense à Rosalie Vaillancourt, Mathieu Dufour ou Matthieu Pepper), un rythme énergique, et des données probantes. Exemple ? Les deux tiers des personnes qui souffrent de maladie mentale ne cherchent pas d’aide à cause des préjugés. Pourtant, témoigne cette jeune fille, qui en a vécu un rayon dans le domaine (et qui réapparaît ici et là dans différentes capsules) : « On peut régler ton problème. Tu n’es pas obligé de vivre avec ça. » Dur de faire plus engageant, avouez.

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Anas Hassouna et Matthieu Pepper, dans un sketch bien senti sur le pouvoir du rire en santé mentale.

L’effet « pandémie »

Si les besoins en la matière ne datent pas d’hier, la pandémie n’a manifestement pas aidé. C’est un euphémisme. Les chiffres de Tel-jeunes (qui a collaboré au projet) sont sans équivoque. Depuis mars dernier, le nombre de contacts (par téléphone, courriel ou texto) a grimpé de 30 %. Et la moitié des questions posées par les jeunes tourne désormais autour de la santé psychologique. « Les jeunes ont traversé plusieurs étapes : après l’anxiété (au début du confinement), là on sent plutôt de la démotivation et un découragement général », constate Myriam Day Asselin, sexologue et coordonnatrice chez Tel-jeunes.

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Image extraite d’une scène d’une capsule d’On parle de santé mentale

Les jeunes perdent des années précieuses, et c’est comme s’ils avaient de la difficulté à avoir espoir en l’avenir.

Myriam Day Asselin, sexologue et coordonnatrice chez Tel-jeunes

D’où l’intérêt de telles capsules, note-t-elle, qui viennent habilement normaliser les émotions en question, chiffres et même pistes de solution à l’appui (la première et non des moindres : savoir demander de l’aide !). « Une des premières choses dont les jeunes ont besoin, c’est de ne pas se faire juger. Ils ont besoin de sentir que les adultes les comprennent, que c’est normal ce qu’ils vivent. Et les capsules le décortiquent bien », se félicite-t-elle.

Ce qu’il faut savoir, c’est que tout ce projet a été pensé bien avant la pandémie. « Le timing est vraiment parfait », concède l’idéateur et auteur, Louis-Martin Pepperall (à qui l’on doit On parle de sexe, des capsules à la facture similaire, également portées par Télé-Québec en 2018). La diffusion a néanmoins été devancée, pour les besoins que l’on sait. « Le sujet a explosé avec le contexte. »

S’il a travaillé exactement de la même manière que pour ces capsules précédentes (un succès du diffuseur public, avec 10 millions de clics et plusieurs nominations aux Gémeaux), c’est-à-dire en rencontrant directement des jeunes dans leurs écoles, pour établir leurs besoins, leurs attentes et leurs préférences en matière de ton et d’information, il ne cache pas avoir ici trois objectifs : rassurer, informer et outiller. Et ce, quel que soit le sujet abordé : des sujets plus lourds, comme l’automutilation ou la dépendance aux jeux vidéo, aux plus légers, comme l’activité physique ou carrément le rire. « On ne parle pas que de ce qui ne fonctionne pas, mais on fait aussi la promotion de la prévention en santé mentale, nuance-t-il. La promotion d’habitudes qui peuvent aider. »

Entrer par le rire

Chaque capsule est aussi construite selon un même moule : une entrée en matière humoristique, suivie d’une animation informative (ponctuée d’entrevues, de chiffres et de statistiques), avant de passer aux témoignages, une portion « vécue » qui « dédramatise » et rend le tout « concret ».

Parlant de dédramatiser, impossible de ne pas souligner les gags, qui donnent une légèreté et une normalité sans nom à des sujets autrefois si stigmatisés.

On entre par l’humour, tout le temps. Ça permet de dédramatiser et d’ouvrir l’esprit. […] C’est vraiment ça. Il y a souvent un tabou autour de certains mots, de certains thèmes, ça casse la glace.

Louis-Martin Pepperall, idéateur et auteur d’On parle de santé mentale

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Rosalie Vaillancourt dans une capsule portant sur les troubles alimentaires

À preuve, cette scène avec Rosalie Vaillancourt dans une cafétéria scolaire, se commandant une salade de poulet sans poulet, ni vinaigrette, ni… salade !

« On veut vraiment déstigmatiser tout ce qui touche la santé mentale, que ce soit un sujet comme un autre, souhaite-t-il, et si c’est un peu moins tabou, si les jeunes se sentent outillés, comprennent qu’il est normal d’avoir des hauts et des bas, que c’est normal ce qu’ils vivent, alors déjà, on aura fait quelque chose de bon. »

Souhait partagé par Matthieu Pepper, humoriste et comédien, dont on ne compte plus les sketches entourant ses problèmes d’anxiété (« tant qu’à en souffrir, autant faire de l’argent avec ! », rit-il au bout du fil). L’humour, selon lui, est également « la meilleure porte d’entrée » possible pour parler de sujets délicats du genre. « Parce qu’on peut aller dans des sujets super deep, et on en sort avec un sourire. On dirait que tout passe mieux par l’humour. » Tout ? « Est-ce qu’on peut rire de tout ? Je pense que oui. Il s’agit de bien le faire. Si l’objectif est de bien faire, je pense que ça peut s’inscrire dans un processus de guérison. » Parce que le rire, poursuit-il, permet ici de « normaliser ». Une normalisation d’autant plus salvatrice en ces temps particuliers. « Surtout en temps de pandémie, tout le monde est à boutte, conclut-il. Le but, c’est de rassurer tout le monde. Ce n’est pas weird de ne pas vous sentir bien ! Si on peut informer, tant mieux. Outiller ? Encore mieux ! »

Pour les parents aussi

Télé-Québec offre aussi, dès mercredi, le pendant (court) pour les parents : On parle de nos ados, une série de dix capsules de trois minutes. Témoignages crus et francs des jeunes (« les parents sont souvent poches pour donner des conseils ! »), et avis divers d’experts visent ici à clarifier certains enjeux et à offrir quelques pistes pour les gérer. Entre autres grandes et épineuses questions : comment leur parler de drogues ; mon ado est dans une relation malsaine, quoi fair e ? ; pourquoi il ne veut plus participer aux activités, etc. Avis aux créateurs : on en prendrait ici davantage.

On parle de santé mentale, une production d’Echo Media, dès mercredi

> Consultez la page d’On parle de santé mentale de Télé Québec

On parle de nos ados, dès mercredi

> Consultez la page d’On parle de nos ados de Télé Québec