(Montréal) Le sang des gens atteints de la maladie de Parkinson contient moins de caféine que le sang des gens en santé, ont constaté des chercheurs américains.

La quantité de caféine était encore plus faible dans le sang des gens porteurs d’une mutation génétique qui les prédispose à souffrir du parkinson, écrit dans le journal médical Neurology la docteure Grace Crotty, de l’Hôpital général du Massachusetts, à Boston.

« Ça fait déjà de nombreuses années qu’il y a des études épidémiologiques qui ont montré que, globalement, la consommation de café est associée à une diminution du risque d’avoir la maladie de Parkinson », a commenté le professeur Louis-Éric Trudeau, du département de pharmacologie et physiologie de l’Université de Montréal.

« La différence ici est qu’ils ont mesuré les marqueurs de la caféine et d’autres marqueurs reliés dans le plasma. Ils ne se sont pas contentés de mesures rapportées par les patients de leur consommation de café. »

Une telle mesure directe des niveaux plasmatiques de caféine réduit le risque d’erreur, poursuit-il, puisqu’on ne se fie pas uniquement aux souvenirs qu’ont les sujets de leur consommation de caféine des derniers jours ou des dernières semaines.

Les chercheurs américains ont comparé 188 patients atteints de la maladie de Parkinson à 180 personnes en santé.

Les niveaux plasmatiques de caféine étaient plus faibles chez les participants malades que chez les autres. L’écart était encore plus prononcé chez les sujets qui présentaient des mutations au gène LRRK2, et qui peuvent prédisposer au parkinson.

« Les gens qui sont porteurs de ces mutations-là […] avaient aussi des niveaux de café dans le sang encore plus faibles que les gens atteints de la forme sporadique de la maladie, c’est-à-dire la majorité de la population », a dit M. Trudeau.

« C’était même deux fois moins que les autres personnes qui étaient atteintes de la maladie et qui étaient porteuses de la maladie, donc c’est quand même une bonne augmentation. »

Il faut toutefois résister à la tentation, qui peut être forte, de conclure que la consommation de caféine protégera contre cette maladie neurodégénérative.

Dans un premier temps, on ne sait pas si les gens porteurs de mutations au gène LRRK2 consomment tout simplement moins de caféine que les autres ou s’ils en consomment tout autant, mais le métabolisent plus rapidement.

De plus, même si des études réalisées en laboratoire ont démontré que la caféine peut avoir un effet neuroprotecteur, aucune étude menée chez des humains ne permet pour le moment de conclure qu’une hausse de la consommation de caféine permettra de diminuer l’ampleur des symptômes ou de freiner la progression de la maladie.

Mais donner de la caféine à un sujet qui souffre déjà des symptômes du parkinson n’est pas comparable à consommer pendant 20 ou 30 ans un produit potentiellement protecteur, souligne Louis-Éric Trudeau.

« Ce serait un avantage indéniable de retarder la maladie puisque dans bien des cas, les gens qui développent la maladie ont quand même une qualité de vie acceptable pendant plusieurs années avec les traitements existants, et si on pouvait repousser ne serait-ce que de dix ans l’apparition ou la progression des symptômes, ça aurait un impact énorme », a-t-il conclu.