Julie DesGroseilliers lance La jungle alimentaire, comment s’y retrouver, aux éditions La Presse. Ce guide veut nous aider à faire de meilleurs choix parmi les 40 000 (!) produits offerts dans les supermarchés, par catégories – céréales, pains, trempettes, bouillons, etc. Il propose aussi 25 recettes santé, pour remplacer des produits comme le Cheez Whiz et les rouleaux aux fruits. Entrevue en six points avec la dynamique nutritionniste.

1) Éviter les pièges du marketing

« En animant des conférences, j’ai réalisé que les gens tombent à 100 milles à l’heure dans les pièges du marketing, dit la nutritionniste Julie DesGroseilliers. Ce que je trouve le plus crève-cœur, c’est quand je dévoile les produits qui ne sont pas des choix gagnants. Les gens disent : ‟Voyons donc ! Je pensais que c’étaient de bons craquelins !” Ou encore : ‟Hein, ce ne sont pas de bonnes céréales ?” Ils sont perdus. »

Un des coupables : l’effet de halo. « On joue avec le nom ou la description du produit pour nous charmer et nous faire croire qu’il est intéressant », explique Julie DesGroseilliers. Si on appelle un bonbon « Fruit Chews » au lieu de « Candy Chews » (fruits en gélatine au lieu de bonbons en gélatine), il sera « perçu comme étant meilleur pour la santé, moins calorique, et il sera consommé en plus grande quantité », illustre la nutritionniste. Même si ça reste un bonbon.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

La nutritionniste Julie DesGroseilliers propose son cinquième livre, La jungle alimentaire, comment s’y retrouver. « Je ne veux pas dire aux gens quoi acheter et quoi ne pas acheter, observe-t-elle. Je veux juste leur faire réaliser la vraie valeur des aliments qu’ils achètent. »

2) Oubliez le tableau de valeurs nutritives

« Les gens vont souvent regarder le tableau de valeurs nutritives, observe Julie DesGroseilliers. Ils vont essayer de le déchiffrer, de comprendre les pourcentages. Mais le tableau ne dit pas s’il y a des additifs, des colorants et des agents de conservation. Il n’y a pas de meilleure source d’information que la liste d’ingrédients. »

L’idéal est de choisir des produits faits avec de vrais ingrédients.

Pour écrire ce livre, j’ai lu des listes d’ingrédients comme ça ne se peut pas, observe la nutritionniste. J’ai été déçue. Je ne pensais pas qu’il y avait autant d’aliments ultra-transformés. C’est décourageant.

Julie DesGroseilliers

3) Halte aux arômes

Julie DesGroseilliers a été estomaquée de trouver autant d’arômes ajoutés aux produits. « Qu’ils soient naturels ou artificiels, ce sont des arômes, tranche-t-elle. Au lieu d’utiliser de vrais ingrédients pour parfumer nos aliments, on met des arômes. On s’entend que ça coûte moins cher que mettre un vrai aliment. »

Oui, mais qui a le temps – et l’envie – de tout cuisiner ? « Il y a des raccourcis qui sont plus gagnants que d’autres, fait valoir la nutritionniste. Le fait de prendre conscience de la pauvre qualité nutritionnelle de beaucoup de produits en supermarché, ça nous emmène à réfléchir. Il est temps qu’on rééduque nos papilles à la vraie saveur des aliments. » Si les craquelins Minces aux légumes de Christie plaisent, c’est notamment parce que leur goût est amplifié par des additifs comme le glutamate monosodique. Plus simples, les biscottes Ryvita sont un meilleur choix.

4) À quand les ingrédients dans les épiceries en ligne ?

Ne faudrait-il pas que les épiceries en ligne donnent accès aux listes d’ingrédients et aux tableaux de valeurs nutritives ? « Ce serait une bonne idée, répond Julie DesGroseilliers. Walmart le fait et je trouve ça brillant. »

Ni les fabricants ni les marchands n’ont toutefois intérêt à publiciser davantage ces informations. « Les plus gros vendeurs en supermarché, ce ne sont pas les aliments les plus gagnants pour la santé, observe la nutritionniste. Ce sont souvent des aliments ultra-transformés, qui donnent de bonnes marges de profit. »

5) Acheter, c’est voter

« Souvent, les gens demandent : ‟Pourquoi les entreprises fabriquent des aliments qui sont aussi peu gagnants ?”, rapporte Julie DesGroseilliers. C’est parce qu’on les achète ! C’est un business. Si on vend un produit qui n’est pas de qualité, mais que les gens l’achètent, l’achètent, l’achètent, on serait bien nonos d’arrêter d’en produire. »

Son conseil : quand l’aliment qu’on achète est beaucoup moins cher que si on l’avait cuisiné nous-mêmes, malgré les coûts de main-d’œuvre et d’emballage, il faut se poser des questions. Les barres tendres du commerce sont économiques, car elles contiennent des ingrédients de faible qualité. Une bonne barre faite de noix et de fruits séchés, comme les Taste of Nature ou les Lärabar, vaut son pesant d’or. Solution : grignoter des mélanges maison de noix, de graines et de fruits secs.

6) Pourquoi les fruits et légumes sont-ils à l’entrée ?

« Savez-vous pourquoi le rayon des fruits et légumes est toujours celui qu’on met à l’avant des supermarchés ? demande Julie DesGroseilliers. Quand on a mis dans notre panier des fruits et légumes, on est plus tentés par la suite d’ajouter des aliments de moins bonne qualité. On se donne bonne conscience. C’est fascinant. » Fascinant et périlleux, du moins pour les pêches et les prunes qui se retrouvent au fond du panier…

PHOTO FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

La jungle alimentaire, comment s’y retrouver, de Julie DesGroseilliers, éditions La Presse