(Paris) Les cigarettes électroniques pourraient avoir des effets nocifs sur le système cardiovasculaire selon une étude publiée jeudi qui juge prématuré de les considérer comme « une alternative sûre » aux cigarettes.

« Les e-cigarettes contiennent de la nicotine, des particules fines, des métaux et des arômes, ce n’est pas simplement de la vapeur d’eau inoffensive », souligne l’auteur principal de ces travaux, le professeur Loren Wold, de l’Université de l’Ohio.

« Les études sur la pollution de l’air montrent que les particules fines (moins de 2,5 microns) pénètrent dans la circulation sanguine et ont des effets sur le cœur. Les données sur les e-cigarettes pointent dans cette direction », poursuit-il.

Cette étude, qui compile les précédents travaux sur le sujet, est publiée par la société européenne de cardiologie (ESC), Cardiovascular Research.

Les auteurs pointent l’action de la nicotine, qui augmente la pression sanguine et le rythme cardiaque, ainsi que des particules fines, qui peuvent provoquer un durcissement des artères et des inflammations.

Tous ces effets suggèrent que « l’utilisation chronique d’e-cigarettes pourrait augmenter le développement de maladies cardiovasculaires », jugent les auteurs de l’étude.

Ils demandent davantage d’études sur les arômes contenus dans les liquides de vapotage : « Si la plupart sont réputés sûrs quand ils sont ingérés, leurs effets sont peu connus lorsqu’ils sont inhalés ».

En outre, les auteurs de l’étude réclament plus de travaux sur l’utilisation des cigarettes électroniques sur une longue durée, alors que c’est son usage sur le court terme qui est le plus souvent étudié.

Cette étude est un épisode de plus dans la longue controverse autour des cigarettes électroniques.

D’un côté, des autorités sanitaires comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) jugent qu’elles ne peuvent être considérées comme un outil de prévention du tabagisme en raison du peu de recul qu’on a sur leurs effets potentiels.

Cette position fait bondir le camp des provapotages, auquel appartiennent la plupart des tabacologues.

Car pour les personnes qui fument déjà, un consensus scientifique existe sur le fait qu’il est moins nocif de vapoter que de fumer du tabac : la nicotine reste, mais les substances cancérigènes présentes dans les cigarettes ne sont plus inhalées.

En effet, le vapotage consiste à inhaler des vapeurs créées par le chauffage, et non la combustion, d’un liquide qui contient la plupart du temps de la nicotine, créant une dépendance, mais non cancérigène.

Cette controverse a enflé ces derniers mois à cause de la mystérieuse épidémie parmi les vapoteurs aux États-Unis. Elle a pour l’instant fait 37 morts et près de 1900 malades pulmonaires sévères, selon le dernier bilan des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

Dans les trois quarts des cas, les malades américains ont consommé dans leur cigarette électronique des produits au THC, l’agent psychoactif du cannabis, souvent achetés illégalement. Mais les causes exactes de l’épidémie sont toujours inconnues.