La première fournée d'accessoires connectés pour l'activité physique livrait une tonne de données, sans réellement aider à en bénéficier concrètement. C'était avant que l'intelligence artificielle ne s'en mêle...

L'intelligence artificielle (IA) a le dos large. Cette expression regroupe tout ce qui est composé de formules mathématiques permettant d'interpréter des données brutes, afin de fournir à l'utilisateur des recommandations concrètes sur un thème donné. En matière de mise en forme, ça se traduit par des conseils permettant de faire meilleure figure. Cela explique pourquoi, ces derniers mois, une avalanche de nouveaux gadgets ont vu le jour avec, à bord, un «entraîneur virtuel» souvent limité.

La «valeur ajoutée» de l'IA

De 60 % à 70 % des coureurs se blessent en courant, et pourtant, les capteurs ne font pour l'instant que compter les pas, déplore Qiang Xu, professeur de génie informatique à l'Université de Chine à Hong Kong. Il a donc conçu 1Coach pour mieux aider les coureurs.

«Ces capteurs fournissent une tonne de données, mais ajoutent bien peu d'information concrète. Nous tentons de développer une technologie à l'écoute des coureurs, capable de les aider comme le ferait un véritable entraîneur.»

Les petits accessoires conçus par 1Coach se portent à la taille et aux jambes, et donnent des conseils pour optimiser sa posture et sa technique en direct, pendant la course.

«Levez les genoux, redressez le dos, penchez moins vers l'avant...» Ça vaut pour les coureurs urbains comme pour ceux qui préfèrent dévaler les sentiers. Les capteurs 1Coach ne sont pas les seuls à aider à corriger les mauvais plis des sportifs: la société Arion propose pour sa part une semelle dotée de huit capteurs, qui s'insère dans les chaussures et qui permet d'améliorer la foulée pour courir plus vite et pour éviter les blessures.

Survivre à la fin de vie de vos souliers

Une autre façon d'éviter les blessures est d'avoir le bon équipement. Mais les coureurs d'expérience vous le diront : même la meilleure chaussure ne dure qu'un temps. Pour celle-ci, une fois qu'elle aura parcouru 500 km, c'est généralement la fin. Ça vaut aussi pour les chaussures connectées, comme celles vendues depuis quelques années par la marque Under Armour. Une puce intégrée à la semelle envoie à un sans-fil des données sur la foulée, la cadence, etc. Mais quand on jette la chaussure, on jette aussi la quincaillerie électronique...

La société américaine Sensoria a donc mis en marché, il y a un peu plus d'un an, une chaussette intelligente, laquelle est conçue pour survivre à la fin de vie utile de vos chaussures de course.

Appelée Core, cette chaussette est composée d'un textile capable d'interpréter vos pas et de calculer le nombre de pas faits, la vitesse à laquelle vous vous déplacez et certaines autres données de course fort intéressantes.

Sauver votre coup de pédale (ou votre vie...)

Ce qui vaut pour la course vaut aussi pour le vélo, car plusieurs cyclistes sont tout aussi adeptes de performance. Ce n'est pas pour rien qu'on vend des milliers de vélos de haute performance chaque année au Québec. Et pour les cyclistes de pointe, la limite n'est plus tant la forme physique que la résistance au vent provoquée par leurs limites aérodynamiques. C'est là où l'intelligence artificielle peut leur venir en aide. L'été dernier, une équipe de chercheurs de l'École polytechnique de Lausanne, en Suisse, a mis au point une série d'algorithmes pour aider les designers à concevoir des vélos plus aérodynamiques. L'objectif des universitaires est de battre le record mondial de vitesse sur deux roues, mais leur logiciel, lui, est offert aux fabricants de vélos pour leurs propres besoins de commercialisation.

La marque de vélos Trek a adopté l'IA pour d'autres fins: réduire les accidents routiers. Elle s'est associée avec la start-up américaine Tome Software afin de mettre au point un système anticollision conçu à la fois pour les cyclistes et les automobilistes. Son principe est simple : il suffit de repérer les endroits, les moments de la journée et les conditions qui augmentent les risques d'une collision entre un vélo et un véhicule, et d'avertir les usagers de la situation sur-le-champ. Cette technologie de communication «vélo à voiture» alerterait également les automobilistes à proximité. Tome et Trek comptent d'ailleurs sur l'appui de Ford pour développer la portion automobile de ce système.

Car l'intelligence artificielle n'est pas seulement une affaire de données massives. C'est aussi une intelligence connectée. Comme on dit, deux têtes valent mieux qu'une... même si une de ces têtes n'est, en fin de compte, qu'une série d'algorithmes se trouvant sous vos pieds.