L'exercice physique stimule la production d'une hormone qui pourrait améliorer la mémoire et protéger de la maladie d'Alzheimer... du moins chez les souris.

Une équipe internationale de chercheurs, dont certains provenaient des universités canadiennes Queen's et Western Ontario, s'est intéressée au lien entre l'irisine et la maladie d'Alzheimer, après que des études récentes eurent démontré que l'irisine semble favoriser le développement de neurones dans l'hippocampe, une région du cerveau essentielle à l'apprentissage et à la mémoire.

En examinant des tissus obtenus de banques de cerveaux humains, les chercheurs ont mesuré des concentrations réduites d'irisine dans l'hippocampe des donateurs atteints d'Alzheimer.

Des expériences réalisées chez des souris ont ensuite démontré que l'irisine semblait protéger les synapses et la mémoire des animaux. Quand on neutralisait l'irisine dans l'hippocampe de souris en santé, les synapses et la mémoire fléchissaient. De même, augmenter les niveaux d'irisine semblait améliorer la santé du cerveau.

Les scientifiques écrivent dans le journal Nature Medicine que les souris qui nageaient pratiquement tous les jours pendant cinq semaines ne souffraient pas de problèmes de mémoire, même si on leur injectait de la bêta-amyloïde - la protéine qui engomme les neurones et détruit la mémoire des patients atteints d'alzheimer.

Bloquer l'action de l'irisine neutralisait complètement les bienfaits de la natation et lors de tests de mémoire, les petites nageuses ne performaient alors pas mieux que leurs consoeurs sédentaires à qui on avait injecté de la bêta-amyloïde.

«Ça amène un nouveau mécanisme, a expliqué Frédéric Calon, qui est professeur titulaire à la faculté de pharmacie de l'Université Laval. (Les chercheurs) avancent qu'il y a un problème au niveau de cette protéine-là dans l'alzheimer, et c'était connu que l'exercice a un effet sur cette protéine-là dans les muscles, et eux ils disent que ça pourrait aussi avoir un effet dans le cerveau.»

L'étude semble toutefois souffrir de certaines lacunes. M. Calon remet notamment en question le modèle utilisé par les chercheurs, et d'autres experts ont soulevé des inquiétudes.

«Ils vont dire que l'irisine améliore la cognition chez l'animal, ce qui est intéressant, a-t-il dit. Mais en même temps, on ne s'entend pas tout à fait pour savoir quelle est la molécule active. C'est comme une grosse protéine qui est coupée différemment, et seulement une fraction serait active.»

L'impact de l'exercice physique sur les maladies neurodégénératives suscite l'intérêt des chercheurs depuis un bon moment. Leur attention s'est toutefois surtout tournée vers la maladie de Parkinson, qui a un impact sur la motricité et où l'effet de l'exercice était donc plus facile à mesurer.

«Dans l'alzheimer, c'est un peu plus flou, mais il y a quand même des évidences indirectes, a expliqué M. Calon. On sait par exemple qu'avoir un diabète de type 2, l'obésité, surtout en milieu de vie, va augmenter les chances de développer l'alzheimer. On commence à le voir plus clairement. C'est quand même bien connu que l'exercice a des effets positifs sur l'obésité, sur tous les problèmes métaboliques, eh bien on se dit que par ricochet, il y a de bonnes chances que l'exercice ait des effets sur l'alzheimer.»

Des études suggèrent aussi que l'activité physique a un impact positif sur la cognition et «plusieurs choses portent à penser» que le maintien d'une bonne santé cardiovasculaire grâce à l'exercice puisse éventuellement protéger le cerveau, a dit M. Calon.

«Mais on est en prévention surtout, on est surtout dans une situation où on sait qu'il n'y a pas vraiment de risques, donc c'est facile de suggérer de faire de l'exercice, parce qu'on sait que ça ne peut pas vraiment causer de problèmes», conclut-il.