(Paris) Gâteaux, biscuits, bonbons, sirop, sodas : les enfants dès 4 ans, et même avant, absorbent beaucoup trop de sucres, alerte l’agence sanitaire Anses qui dévoile mardi de nouveaux repères alimentaires.

« 75 % des 4-7 ans, 60 % des 8-12 ans et 25 % des 13-17  ans » consomment trop de sucres. Ces apports excessifs sont « préoccupants » car c’est dans l’enfance et l’adolescence que s’acquièrent des bonnes ou mauvaises habitudes alimentaires qui risquent d’être conservées à l’âge adulte, et de favoriser l’obésité et le diabète.

Mais « attention : certains produits trop sucrés pris hors du rayon bébé sont donnés dès le plus jeune âge, avant 4 ans », avertit la professeure Irène Margaritis cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition de l’agence sanitaire.

Elle déconseille, en outre, de se servir des sucreries comme récompense.

L’Anses recommande de limiter les boissons sucrées, jus de fruits compris, et les pâtisseries, biscuits et gâteaux, trop fréquents en particulier au goûter. Des produits laitiers nature, des fruits frais, à coque (noix, amandes…) et de l’eau peuvent les remplacer avantageusement. Pour les jus de fruits, c’est « au maximum un verre par jour et pas tous les jours », dit à l’AFP la spécialiste.

Le fait maison permet de prendre conscience des quantités de sucre. Sinon, il convient de réduire les « sucres ajoutés » des produits industriels cachés dans les céréales du petit-déjeuner, les compotes et certains produits laitiers.

Et méfiance : certains produits qui affichent « sans sucres ajoutés » contiennent en fait des ingrédients ajoutés naturellement sucrés — moût de raisin, extraits de jus de fruits concentré par exemple, et raisins secs — qui peuvent apporter au final plus de sucre qu’on ne l’imagine.

Nouveauté : la diversification alimentaire, étape de transition de l’alimentation lactée exclusive vers l’alimentation familiale se situe « entre 4 et 6 mois révolus », stipule l’Anses dans son avis sur les « 0 à 3 ans ». Avant, elle était souvent recommandée à partir de 6 mois.

Il s’agit d’introduire des aliments solides de type purée en variant les goûts et les textures.

« Période favorable »

Une fois que la diversification a commencé, l’introduction « sans tarder » d’allergènes (substances pouvant entraîner une allergie) comme de l’œuf, de l’arachide (dans une forme adaptée évidemment, NDLR) et des produits laitiers « que l’enfant soit à risque d’allergie (du fait des antécédents dans sa famille) ou non » est à présent recommandé.

Les nouveaux aliments doivent être présentés plusieurs fois à l’enfant, au moins huit fois, avant d’abandonner en variant les goûts et les textures en bouche. Bon à savoir : la « période favorable » pour faire découvrir à l’enfant un maximum d’aliments est comprise entre 5 à 18-24 mois. Car à partir de deux ans se manifeste la « néophobie alimentaire » : l’enfant accepte moins certains aliments nouveaux, en rejette d’autres et même parfois ceux qu’il mangeait avant.

« Le comportement des parents joue un rôle très important sur le comportement alimentaire présent et futur de l’enfant », insiste Mme Margaritis. L’enfant observe ce que mangent les autres et les parents peuvent l’encourager à goûter sans forcer.

Les sources de distraction qui détourne l’enfant de son assiette, comme la télévision, les cellulaires ou les tablettes dans les mains des parents voire du tout-petit lui-même, sont à exclure, relève-t-elle.

Selon une étude récente, la télévision fonctionne généralement pendant les repas chez 47 % des enfants de deux ans.

L’allaitement maternel semble favoriser la diversification, les flaveurs du lait de la mère variant selon ce qu’elle mange.

« Pour le fromage cru, le risque est moindre à partir de 5 ans », estime l’Anses. Il est donc « à éviter » pour les « 0 à 5 ans ».

L’Anses publie deux autres avis concernant les femmes enceintes ou allaitantes et les plus de 65 ans.

C’est la première fois que l’Anses publie les arguments scientifiques des repères pour ces groupes de populations. Ses expertises étaient auparavant, comme celle de 2004 pour les enfants, directement reformulés en recommandations et conseils pratiques dans des brochures du Programme national nutrition santé (PNNS).