(Montréal) Il n’y a rien de banal à un enfant de 4 ans qui souffre d’embonpoint ou d’obésité : son organisme a déjà commencé à être abîmé et le prix à payer viendra beaucoup plus tôt qu’on ne pourrait l’imaginer.

Une nouvelle étude espagnole dont les résultats ont récemment été publiés par le European Journal of Preventive Cardiology prévient que le risque de souffrir d’hypertension à l’âge de 6 ans est deux fois plus élevé chez les enfants qui souffraient d’embonpoint à l’âge de 4 ans.

« C’est un peu méconnu, a dit la docteure Mélanie Henderson, une endocrinologue du CHU Sainte-Justine. On avait la notion par le passé que les enfants en surpoids grandissaient et ça s’en allait. Mais on a vraiment des données très probantes à l’appui du fait que l’enfant à la petite enfance qui a une obésité devient l’enfant d’âge scolaire avec une obésité, devient l’adolescent avec une obésité et l’adulte avec une obésité. »

L’Organisation mondiale de la santé estime que l’obésité pédiatrique compte parmi les principaux défis de santé publique du 21e siècle. En 2016, plus de 41 millions d’enfants âgés de moins de cinq ans étaient en surpoids.

Il ne faut donc pas prendre l’embonpoint d’un enfant à la légère.

« L’obésité à l’adolescence est un prédicteur plus puissant de mortalité précoce à l’âge adulte que l’obésité à l’âge adulte, a dit la docteure Henderson. C’est probablement en lien avec le fait que nous avons des complications dès un jeune âge, et ça se cumule dans le temps, et donc il y a un effet cumulatif de risque. »

La nouvelle étude va encore plus loin en mettant en garde contre des problèmes de santé dès la petite enfance. Ses conclusions s’appliquaient à tous les enfants, peu importe leur sexe ou leur statut socioéconomique.

Environ 85 % des enfants de deux à quatre ans dépasseraient le temps d’écran recommandé et un grand pourcentage n’atteindrait pas les recommandations en matière d’activité physique, selon la docteure Henderson. C’est donc une population très sédentaire, avec toutes les conséquences néfastes que cela peut avoir.

Elle cite en exemple la clientèle du Centre pédiatrique d’intervention en prévention et en réadaptation cardiovasculaires (CIRCUIT) de Sainte-Justine : la moitié des jeunes patients ont entre 5 et 12 ans, la moitié des patients ont une obésité et une autre complication, et 30 % ont une obésité et deux complications.

« On voit des jeunes de plus en plus malades tôt pendant la vie, donc effectivement ce n’est pas banal et il faut agir promptement pour aider les jeunes qui ont un surpoids ou une obésité, a-t-elle dit. L’obésité pédiatrique est plus grave que pour un adulte parce qu’il y a tout l’aspect de cumuler dans le temps ces problématiques de santé là. »

Le problème de l’obésité pédiatrique est multifactoriel, poursuit-elle. Oui il y a une composante génétique, et oui on peut parler de malbouffe et de restauration rapide et d’urbanisation, et oui on peut parler d’une société sédentaire qui ne crée pas un contexte de vie propice aux saines habitudes de vie, mais « les parents demeurent mes alliés numéro un comme agents de changement ».

« Ce sont eux qui peuvent apporter des changements qui vont bénéficier à la santé de l’enfant. […] Ce sont eux qui peuvent encourager le jeune à être plus actif […] mais ils ont besoin d’un cadre sociétal », a prévenu la docteure Henderson.

Consultez le document du Centre d’expertise et de référence en santé publique : https://www.inspq.qc.ca/expertises/habitudes-de-vie-et-prevention-des-maladies-chroniques/nutrition-activite-physique-et-problemes-lies-au-poids/comite-scientifique-sur-la-prevention-de-l-obesite/la-montee-de-l-obesite-au-quebec