(Montréal) L’activité physique semble protéger les fonctions cognitives des patients qui souffrent d’insuffisance cardiaque, selon une nouvelle étude italienne.

Des chercheurs de l’Université de Rome ont constaté que les patients qui franchissaient la plus grande distance lors d’un test de marche de six minutes, et qui étaient donc les plus en forme, étaient les moins susceptibles de présenter un déclin cognitif. Il en allait de même pour les patients plus jeunes et plus éduqués.

Au moins la moitié des patients souffrant d’insuffisance cardiaque présenteraient des problèmes cognitifs. Les habiletés les plus touchées sont la mémoire, la vitesse de traitement et les fonctions exécutives. Les répercussions sur leur vie quotidienne pourront être bien concrètes : ils pourront par exemple oublier de prendre leur médication ou ne pas réaliser que leur prise de poids est inquiétante.

« Il y a plusieurs hypothèses. Le cerveau est un grand consommateur d’oxygène et de glucose, qui sont véhiculés par le sang. Donc si le sang circule moins bien dans le corps, le cerveau est un des organes qui va en souffrir assez rapidement », a expliqué le docteur Louis Bherer, le directeur adjoint scientifique du centre de médecine préventive et d’activité physique (Centre ÉPIC) de l’Institut de cardiologie de Montréal.

« Il y a plusieurs études en cours, et je m’attends à ce qu’au cours des prochaines années on comprenne de mieux en mieux la mécanique derrière tout ça. »

Les chercheurs italiens tirent leurs conclusions de l’étude de 605 patients provenant de six pays. L’âge moyen était de 67 ans et 71 % d’entre eux étaient des hommes. Leur étude a été présentée lors d’un congrès de la Société européenne de cardiologie à Milan, en Italie.

Ils rappellent que l’on considère généralement, à tort, que les patients souffrant d’insuffisance cardiaque devraient éviter tout effort physique.

« On pense qu’une fois la maladie suffisamment stabilisée, les patients bénéficieraient beaucoup de l’exercice sur une base régulière, non seulement pour réduire les troubles cognitifs, mais aussi pour réduire les risques de réhospitalisation et de complications de la maladie », a dit le docteur Bherer.

Même ceux qui se croient trop vieux ou trop malades pour bouger pourraient retirer des bienfaits « inattendus » d’un peu d’activité physique, a-t-il ajouté.

Le docteur Bherer et ses collègues de l’Institut de cardiologie de Montréal viennent d’ailleurs d’obtenir une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada pour étudier l’impact de l’activité physique sur la santé physique et cognitive de patients atteints d’insuffisance cardiaque.

Ils espèrent enrôler environ 300 patients qui seront assignés à différents programmes d’exercices impliquant de l’exercice physique trois fois par semaine et la stimulation à l’aide de tablettes électroniques « qui vont nous permettre de leur faire faire des jeux de mémoire ou d’attention », a-t-il dit.

« On va les suivre pendant six mois, a expliqué le docteur Bherer. On espère montrer après six mois une meilleure performance cognitive globale, donc une meilleure attention, une meilleure vigilance, potentiellement la mémoire… On espère évidemment aussi montrer une amélioration de la capacité physique et […] de la capacité du cœur à réalimenter le cerveau à la demande. »

Ce projet s’étirera sur une période de cinq ans, jusqu’en 2024.