Parce que la crème solaire ne suffit pas pour se protéger adéquatement du soleil, les vêtements aux propriétés anti-UV se font de plus en plus nombreux sur le marché. Pourquoi et comment les choisir? La Presse fait le tour de la question et vous suggère des vêtements afin de passer l'été à l'extérieur en toute quiétude.

Au soleil, sans souci

La crème solaire, c'est bien. Mais dans un monde où on est de plus en plus conscient des dangers associés à l'exposition aux rayons solaires et où les cas de cancer de la peau sont en hausse, les vêtements offrant une protection contre les ultraviolets s'imposent de plus en plus comme une solution complémentaire et sécuritaire qui s'ajoute aux lotions solaires. Tour du sujet en quatre questions et réponses.

Pourquoi un vêtement ordinaire ne réussit-il pas à nous protéger efficacement du soleil?

Les vêtements offrent bien une protection contre les rayons UVA et UVB, mais certains peuvent ne pas vous protéger autant que vous le croyez. Un t-shirt léger en coton blanc, par exemple, offre une protection contre les rayons UV (dite UPF) se situant entre 4 et 7, ce qui est très peu. Alors oui, la peau peut brûler même si on porte des vêtements. La fondatrice de la ligne de vêtements anti-UV Cabana Life, Melissa Papock, l'a appris à la dure, elle qui a reçu un diagnostic de cancer de la peau à 26 ans: «À l'époque, en 2001, mon dermatologiste a dû m'expliquer ce qu'étaient les vêtements anti-UV. Même si je travaillais en mode, je n'en avais jamais entendu parler!» Mais les choses changent lentement. D'ailleurs, depuis l'an dernier, la Société canadienne du cancer a revu ses recommandations concernant la protection solaire et conseille désormais de se couvrir le plus possible avec des vêtements au tissage serré ou alors identifiés comme protégeant des rayons UV.

Comment s'assurer qu'un vêtement protège bien des rayons ultraviolets?

Deux façons : en sélectionnant un textile qui protège adéquatement ou encore en se procurant un vêtement identifié comme étant anti-UV. Comme l'indique l'Organisation mondiale de la santé, les tissus tricotés ou tissés serré, les couleurs foncées et les tissus lourds vont davantage bloquer les rayons UV, alors que les vêtements mouillés ou usés vont perdre de leurs propriétés protectrices. Ainsi, selon la Skin Cancer Foundation, un jean a un UPF de 1700, c'est-à-dire qu'il laisse passer à peine 1/1700 des rayons UV. Le hic, c'est qu'on n'a pas spécialement envie de porter un chandail noir ou un lourd jean en pleine canicule! Voilà pourquoi de plus en plus d'entreprises conçoivent des vêtements anti-UV fabriqués avec des matières légères, respirantes et qui sèchent rapidement, pour plus de confort.

Que signifie le sigle UPF et comment ce facteur est-il calculé?

Mis au point par l'American Association of Textile Chemists and Colorists en 1998, l'Ultraviolet Protection Factor, ou UPF (en français: FPRUV, soit facteur de protection contre les rayons UV), est aujourd'hui largement utilisé dans plusieurs pays, bien qu'il n'existe toujours pas de norme internationale. Le chiffre associé à l'UPF d'un vêtement indique la proportion de rayons UV qui sont filtrés par ce dernier. Ainsi un UPF de 50 indique que 1/50 des rayons passent à travers la matière, soit 2 %. L'UPF varie normalement entre 15 et 50, un vêtement affichant un UPF en deçà de 15 ne pouvant pas être considéré comme anti-UV. Divers tests effectués en laboratoire permettent de déterminer l'UPF d'un vêtement. À noter: certaines entreprises utilisent de façon interchangeable les sigles FPS et UPF, même si, normalement, le FPS indique plutôt le temps qu'on peut passer au soleil avant que la peau ne rougisse.

Comment les matières offrant un facteur de protection contre les ultraviolets (UPF) protègent-elles efficacement du soleil?

Certaines entreprises sélectionnent simplement des matières qui offrent un haut facteur de protection UV grâce à leur tissage et à leurs propriétés. Ces dernières sont souvent des mélanges de nylon, d'élasthanne ou de polyester, les matières synthétiques étant généralement plus efficaces pour protéger du soleil. D'autres vont traiter spécialement leurs textiles avec des absorbants UV chimiques, afin d'augmenter le facteur de protection des vêtements. Ces derniers ont cependant le désavantage de devenir moins efficaces au fil des lavages. Des entreprises conçoivent aussi leurs propres technologies en intégrant à même leurs textiles des absorbeurs d'UV. Par exemple, chez Columbia, toutes les pièces de la collection Omni-Shade - recommandée par la Skin Cancer Foundation - offrent une conception à tissage serré, avec des tissus auxquels sont ajoutés des absorbants UV ainsi que des réflecteurs de céramique, pour mieux réfléchir la lumière du soleil.

Se protéger avec styleNouvellement arrivée sur le marché des vêtements anti-UV, l'entreprise québécoise IZOL UV se distingue en proposant des vêtements urbains qu'on peut porter tous les jours. Sa fondatrice, Mahtab Azizsoltani, s'est donné comme mission de sensibiliser les gens à la nocivité des rayons UV, tout en les aidant à mieux se protéger... avec style.

C'est à la suite d'un sérieux coup de soleil aux bras que Mahtab Azizsoltani a développé une intolérance au soleil. Ne pouvant plus supporter le soleil - ni la crème solaire -, elle a donc commencé à se couvrir en portant des cardigans.

Désirant trouver une option de rechange aux vêtements trop chauds pour la saison estivale, elle a vite remarqué qu'au rayon des vêtements anti-UV, le look sportif était de mise. 

«Le look sportif est à la mode et les gens font beaucoup d'activités à l'extérieur, c'est bien. Mais pour la vie de tous les jours, je n'ai rien trouvé sur le marché qui me convenait.»

De là est née l'idée d'IZOL UV. Lancée l'an dernier, l'entreprise québécoise - dont tous les articles sont conçus et confectionnés ici - veut offrir une option plus élégante à ceux et celles qui cherchent à se protéger du soleil.

De la plage à la ville

Il fallait d'abord trouver la bonne matière. Et c'est en observant des femmes asiatiques à la plage, couvertes de la tête aux pieds par leur maillot, que la diplômée en gestion de HEC Montréal a eu l'idée de chercher un textile apparenté à ceux qu'on utilise pour les maillots de bain.

Celui qu'elle a choisi, un mélange d'élasthanne et de polyamide (parfois recyclé), est importé d'Italie. Elle compte aussi introduire prochainement un tissu du même type, mais fabriqué au Canada, afin que son produit soit le plus local possible. «Ce sont des tissus tissés très serré, mais qui respirent et qui sont légers et très soyeux», dit-elle.

«Ils protègent vraiment du soleil, même ceux de couleur blanche, qui permettent de rester au frais même lorsqu'on est directement exposé.»

Autodidacte (elle est aussi artiste peintre à ses heures), elle crée et dessine elle-même ses modèles aux lignes simples et aux silhouettes épurées, qui offrent le maximum de couvrance tout en restant urbains. Ensuite, elle travaille avec une patronniste pour donner vie à ses modèles. Chandails à col près du cou, jupes longues, robes, écharpes, capes et pantalons à jambes larges constituent l'essentiel de la garde-robe d'IZOL UV.

Un intérêt grandissant

Très sensibilisée aux effets néfastes du soleil - il peut causer le cancer de la peau, mais est aussi un facteur d'accélération du vieillissement cutané, note-t-elle -, Mme Azizsoltani espère que, dans un proche avenir, les vêtements anti-UV deviendront un incontournable de la penderie des gens et même - pourquoi pas? - un objet de nécessité couvert par les assurances!

«Depuis un an, les choses bougent et changent. Les gens connaissent de plus en plus ces tissus et sont plus sensibles au sujet», remarque- t-elle, ajoutant que sa clientèle est constituée autant de personnes ayant souffert ou souffrant d'un cancer de la peau que d'autres qui cherchent à se protéger adéquatement.

Les produits IZOL UV sont offerts en ligne ainsi qu'au magasin éphémère Neoshop Montréal.

Mieux protéger les travailleurs qui sont à l'oeuvre dehorsLancé l'an dernier par l'Association canadienne de dermatologie, le projet pilote Sun Safety at Work propose aux employeurs de suivre un programme afin de créer un environnement sécuritaire pour leurs travailleurs qui passent une grande partie de leur journée à l'extérieur, par exemple en leur donnant accès à des vêtements anti-UV. Ceux qui travaillent à l'extérieur auraient 3,5 fois plus de risque de développer un cancer de la peau que ceux qui sont à l'intérieur. Un sujet qui intéresse ces temps-ci le maire de l'arrondissement Le Sud-Ouest, Benoit Dorais. «Se pencher sur la santé et la sécurité au travail de nos employés, particulièrement ceux qui travaillent au soleil, fait partie de nos objectifs annuels.» C'est après avoir découvert les produits de Mme Azizsoltani qu'il a décidé de faire appel à ses services. La commande ? Près de 180 chandails anti-UV IZOL UV que les 90 sauveteurs de l'arrondissement porteront dès la semaine prochaine au bord des piscines. «La plupart de nos sauveteurs sont jeunes, alors c'est le bon moment pour faire de la prévention.» Ce projet pilote pourrait faire des petits et s'étendre aux autres cols bleus qui travaillent sous le soleil, comme les jardiniers.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

La fondatrice de l'entreprise IZOL UV Mahtab Azizsoltani (vêtue de ses créations sur la photo) veut offrir une option plus élégante à ceux et celles qui cherchent à se protéger du soleil.