Les pesticides, majoritairement utilisés dans l'agriculture, mais que l'on retrouve partout dans l'environnement (air, poussières, denrées alimentaires...) sont impliqués dans des pathologies graves comme des cancers ou la maladie de Parkinson, souligne une synthèse de l'Inserm.

Les expositions aux pesticides (herbicides, insecticides et fongicides) pendant la grossesse et la petite enfance semblent particulièrement à risque, note cette «expertise collective» publiée jeudi par l'institut qui dresse une synthèse des connaissances sur ces substances représentées par près de 100 familles chimiques (organophosphorés, organochlorés, carbamates, pyréthrinoïdes, triazines...).

Le retrait du marché ne suffit pas toujours à résoudre les problèmes. Ainsi, certains pesticides, comme les organochlorés, persistent pendant des années dans l'environnement et se retrouvent dans la chaîne alimentaire, rappelle-t-on dans ce document.

Les experts font état de «présomption forte» d'un lien entre les pesticides et la survenue de cancers de la prostate et d'autres pathologies cancéreuses (lymphomes non hodgkinien, myélomes multiples) chez des personnes exposées professionnellement (agriculteurs, ouvriers de l'industrie qui les fabriquent ou les appliquent). Ils relèvent également une augmentation du risque de maladie de Parkinson, notamment lors d'exposition aux insecticides et herbicides. En outre, chez les professionnels, «un excès de risque de leucémie ne peut être écarté».

L'implication des pesticides dans des problèmes de fertilité en milieu professionnel est également évoquée.

En milieu professionnel, la peau représente la principale voie d'exposition, alors que dans la population générale, c'est plutôt la voie orale via l'alimentation qui prédomine.

Un lien avec des tumeurs cérébrales (cancéreuses ou non) est par ailleurs suspecté. Le registre spécialisé de Gironde, région viticole, montre une tendance à l'augmentation de leur incidence (+ 2,3% par an sur la période 2000-2007).

L'expertise relève également la présomption forte d'un lien entre une exposition professionnelle (ou domestique) de la femme enceinte à certains pesticides et le risque pour l'enfant de développer une leucémie, une tumeur cérébrale, une malformation génitale. D'après certaines études, un risque de troubles du développement (motricité, déficit cognitif ou hyperactivité) est aussi à considérer.

De plus amples recherches sur ces «périodes de vulnérabilité» et sur la «toxicité des mélanges» sont nécessaires, selon les auteurs.

Ces derniers recommandent également de donner accès à la composition intégrale des pesticides commercialisés, actuellement protégée par le secret industriel.