Courir pour la prévention du suicide, marcher contre le cancer ou pédaler pour la recherche sur les maladies orphelines. Et si l'appui à une cause était le remède à votre manque de motivation? Des femmes auparavant peu actives racontent comment elles ont trouvé dans leur cause une source de motivation.

Partir de zéro

Avant février dernier, Marion Haillant n'était pas une femme qu'on aurait pu qualifier d'active. Elle n'avait jamais mis les pieds dans un gym ni enfilé de chaussures de course. «Mon degré d'activité physique était de zéro! remarque-t-elle en riant. Je n'aimais pas ça.» En septembre prochain, la jeune femme d'origine française sera sur la ligne de départ de la course de cinq kilomètres du marathon de Montréal.

«J'ai une amie qui courait pour une cause et je trouvais l'idée assez sympathique, explique-t-elle. Elle m'a demandé de participer avec elle, mais la cause pour laquelle elle courait ne me touchait pas et je ne voyais pas comment je pouvais m'intégrer.» En faisant une recherche sur l'internet, elle tombe sur le site de Courir pour la vie, organisme travaillant à la prévention du suicide. Il invite les participants à choisir parmi 11 courses, du 5 kilomètres au marathon, se déroulant dans 9 régions du Québec, et à amasser des fonds pour la cause du suicide.

Ayant perdu sa mère, adepte de course à pied, par suicide moins de deux ans auparavant, Marion s'est sentie interpellée. Elle a recruté des collègues de travail et a formé l'équipe Toundrigo. «Le suicide est un sujet qu'on aborde peu et qui est plutôt tabou, déplore-t-elle. Le fait d'en parler et de faire de la prévention est important. Je le fais pour que mon expérience à moi n'arrive pas aux autres.» Marion s'entraîne trois fois par semaine à raison d'une demi-heure de course par séance. «C'était difficile de me motiver au début, admet-elle. Mais tout le monde me disait qu'une fois que j'allais avoir pris un rythme, ça allait me faire du bien et que j'allais vouloir y aller régulièrement. Je ne pensais pas que ça pouvait arriver!»





Le vélo, une drogue

Le vélo est aussi la drogue de Josée Arsenault, consultante en communication de Québec, qui participera pour la première fois en juin prochain au Grand Défi Pierre Lavoie, marathon cycliste de 1000 km à relais réalisé en équipe.

Adepte de cyclotourisme, de ski et de golf, elle ne pratiquait toutefois aucune activité intensément. «On s'inscrit et la réalité nous frappe, observe-t-elle. On commence à lire sur le défi, on voit les parcours, la quantité de kilomètres à faire, surtout, et l'endurance que ça demande et on dit: ''il faut que je commence à m'entraîner tout de suite!''«

Elle s'est donc inscrite dans un centre de vélo d'entraînement virtuel qu'elle fréquente trois fois par semaine. Elle a aussi participé en avril dernier à un camp de vélo de huit jours afin, dit-elle, de vaincre sa peur de pédaler en peloton.

«Un défi en soi, que ce soit à vélo ou à la course, c'est le fun d'en avoir un, souligne-t-elle. Ça nous sort de notre zone de confort. Graduellement, le sport devient un peu une drogue. Au fond, dépasser ses limites, ça peut être agréable. Si je n'avais pas ce défi-là, si je n'avais pas cette motivation-là, je sauterais des entraînements, c'est sûr.»

Josée Arsenault n'a pas eu de difficulté à se rallier à la cause du Grand Défi Pierre Lavoie. En plus d'amasser des fonds, les membres de son équipe (ALT Hôtels) donnent aussi du temps à l'école qu'elles parrainent. «C'est une cause extraordinaire, les maladies orphelines, dit celle qui est la mère d'un garçon de 9 ans. Mais c'est surtout que Pierre Lavoie a réussi à faire bouger les jeunes avec ses programmes. Eux aussi bougent, alors moi aussi, il faut que je bouge! On se soutient mutuellement.»

PHOTO FOURNIE PAR JONATHAN ROBERT

Josée Arsenault

«Ce n'était pas mon trip!»

Émilie Couture non plus n'y croyait pas. Membre de l'équipe des Mamans bien roulées du 24h de vélo de Tremblant, cette mère de deux enfants n'était jusqu'à l'an dernier aucunement attirée par les sports exigeants physiquement. «Le cardio, ce n'était pas mon trip!», lance-t-elle. Inscrite au 24h de vélo de Tremblant à son insu par une amie, elle a été obligée de sortir du cabanon sa bicyclette empoussiérée.

«Je me suis retrouvée dans une équipe du 24h, un mois et demi avant l'événement, quand je ne faisais pas de vélo et que je haïssais ça pour mourir, raconte-t-elle. J'ai commencé à m'entraîner pour ne pas avoir l'air fou!»

Elle l'a fait pour elle, pour ne pas devenir sédentaire, mais aussi pour la cause, celle des enfants. «Être maman de deux enfants, en santé, pour moi, c'est plus que de la chance, c'est de l'or, remarque l'orthopédagogue de 33 ans. Mon deuxième [enfant] a été hospitalisé trois fois depuis sa naissance. On a eu très peur. Ça nous fait voir un autre côté de la vie. Amasser des fonds pour des enfants dans le besoin, c'est une belle façon d'apporter une contribution.»

Lors de leur première participation à l'événement l'an dernier, les Mamans bien roulées ont amassé 10 000$ en quelques mois. «Ça aussi, c'est motivant, parce qu'on a fini au cinquième rang pour la collecte de fonds, relate Émilie. Et notre équipe a été nommé Coup de coeur du 24h parce qu'on tire un chariot avec une poupée pendant 24 heures. C'est ce qui nous distingue des autres équipes.»

Défi ou pas, Émilie Couture a maintenant la piqûre du vélo. «Je continuerais à en faire, même sans le défi. En faisant le 24h, ça m'a montré que j'étais capable. Je suis capable de le faire, je suis capable de suivre et d'évoluer là-dedans. Ça m'a donné confiance en moi.»

PHOTO COURTOISIE

Émilie Couture

Quelques bonnes causes

> Le 24h de vélo de Tremblant est une course à relai accessible aux cyclistes de tous les niveaux qui vient en aide aux enfants malades et défavorisés. La prochaine course aura lieu du 6 au 8 septembre.

Info : 24h de vélo de Tremblant

> Le Relais pour la vie est une course de nuit amicale d'une durée de 12 heures, qui se tient chaque année, afin d'amasser des fonds pour la Société canadienne du canser.

Info : Relais pour la vie

> Esprit de corps organise annuellement un grand défi de course à relais entre Montréal et New York pour soutenir la cause des familles monoparentales. Elle se tiendra cette année le 30 mai.

Info : Esprit de corps

PHOTO FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DU CANCER

Relais pour la vie