Une simple prise de sang pourrait à l'avenir permettre d'identifier les patients susceptibles de bénéficier d'un traitement ciblé contre le cancer du poumon grâce à une «biopsie liquide» mise au point par des chercheurs français.

La nouvelle technique a été testée par une équipe du laboratoire de recherche translationnelle Gustave-Roussy (IGR)-Inserm sur 32 patients atteints du cancer du poumon le plus courant (appelé cancer du poumon non à petites cellules), dont 18 présentaient un remaniement du gène ALK, détecté par une biopsie tumorale traditionnelle.

Les porteurs de cette anomalie bénéficient depuis l'an dernier d'un nouveau médicament ciblé, le crizotinib du laboratoire Pfizer, qui améliore leur survie.

Le traitement n'a en revanche aucun effet sur les patients ne portant pas cette mutation qu'on retrouve dans 3 à 5% des cas de cancer du poumon le plus courant.

La biopsie liquide mise au point à l'IGR a permis de détecter avec succès la présence ou l'absence du remaniement ALK dans les cellules tumorales circulantes (CTC) du sang des 32 patients étudiés, selon les résultats des travaux publiés mardi dans la revue spécialisée, Journal of Clinical Oncology.

Selon Françoise Farace, qui a dirigé les travaux, la biopsie liquide est «moins invasive et plus facile à utiliser qu'une biopsie solide, difficilement praticable dans certains cancers comme celui du poumon».

Mais son intérêt ne se limite pas à ce cancer. Elle devrait, selon la chercheuse, pouvoir s'appliquer à l'avenir au dépistage d'anomalies génétiques présentes dans d'autres tumeurs cancéreuses comme la translocation Erg dans certains cancers de la prostate ou l'amplification du gène Her2 dans certains cancers du sein qui bénéficient d'ores et déjà d'un traitement ciblé.

Mme Farace estime également que la nouvelle technique devrait pouvoir être utilisée «pour suivre l'effet d'un traitement et détecter de manière précoce l'apparition de résistances».

Deux demandes de brevet ont été déposées par l'IGR.

Le cancer du poumon est le cancer le plus meurtrier en France avec près de 30 000 morts en 2011, selon les estimations de l'Institut national du cancer (INCa), tandis que la survie à 5 ans est particulièrement faible, de l'ordre de 14%.