Le cancer pourrait devenir en 2010 le premier tueur de la planète, devançant les maladies cardio-vasculaires, et les pays les plus pauvres seront les premières victimes de cette explosion de la maladie due notamment au tabac et à une alimentation trop riche en graisse.

Le cancer pourrait tuer chaque année jusqu'à 17 millions de personnes dans le monde vers 2030 contre 7,6 millions en 2007, avertit mardi un groupe d'experts américains en se fondant sur un rapport publié le même jour par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l'agence de l'OMS spécialisée dans cette maladie.

Selon ce rapport alarmant, les cas de cancer avaient déjà doublé entre 1975 et 2000. Ils pourraient de nouveau doubler entre 2000 et 2020 et presque tripler en 2030, avec de 20 à 26 millions de nouveaux cas diagnostiqués par an, entraînant de 13 à 17 millions de morts.

Dans une vingtaine d'années, 75 millions de personnes pourraient vivre avec un cancer, diagnostiqué dans les cinq ans précédents.

En dépit de la récente bonne nouvelle d'un recul de l'incidence de la maladie et du taux de mortalité par cancer chez les hommes et les femmes aux États-Unis de 1999 à 2005, et ce pour la première fois, le cancer devrait devenir la première cause de mortalité dans le monde en 2010, soulignent les principaux organismes américains de lutte contre le cancer qui se sont réunis mardi à Atlanta.

«Cette augmentation rapide des cas de cancers représente un véritable défi pour les systèmes de santé dans le monde», relève Peter Boyle, directeur du CIRC qui prône d'améliorer la prévention, la récolte de données et de «dé-stigmatiser» cette maladie.

En 2007, 12 millions de nouveaux cas de cancer ont été enregistrés dans le monde, dont 5,6 millions dans les pays en voie de développement. Quelque 7,6 millions de personnes y ont succombé, dont 4,7 millions dans les pays en développement.

Plus de la moitié des cas et les deux-tiers des décès par cancer surviennent dans les pays à faible ou moyens revenus. Et les pays en développement, dont la population devrait croître de 38% d'ici 2030, n'ont pas les moyens de lutter efficacement contre le cancer, relève le CIRC.

Parmi les facteurs favorisant cette recrudescence de la maladie, vient en premier lieu le tabac, suivi de régimes alimentaires trop riches en graisse et d'un recours accru à la restauration rapide.

Ce sont en fait des comportements empruntés au mode vie occidental associés à des économies émergentes qui causent le plus de ravages, avertit le rapport.

Les progressions les plus spectaculaires se situent en Chine et en Russie ainsi qu'en Inde, poursuit le CIRC.

Le tabac, consommé par quelque 1,3 milliard de personnes sur la planète, est la première cause évitable de mortalité et de maladie dans le monde. Le tabac à chiquer représente aussi un facteur de risque, notamment en Inde.

Parmi les cancers dont les cas augmentent, celui du poumon est le plus fréquent et c'est celui qui a le plus fort taux de mortalité dans le monde, souligne le rapport.

Le cancer du col de l'utérus, le plus souvent évité ou traité précocement grâce à la prévention en Occident, est l'une des premières causes de mortalité par cancer chez les femmes des pays pauvres. Les cancers du sein augmentent aussi de 5% par an parmi cette population et le taux de mortalité y est élevé.

La prévention est cruciale pour tenter d'enrayer cette épidémie, relèvent les experts qui recommandent d'aider les fumeurs à arrêter le tabac, de vacciner contre l'hépatite B et le cancer du col de l'utérus dans les régions qui en ont le plus besoin et de faire des examens réguliers pour prévenir le cancer colo-rectal, du col de l'utérus et du sein. Des politiques qui réclament des moyens...