Quand des individus n'ont pas d'emprise sur leur vie, ils sont souvent enclins à la paranoïa ou à la superstition pour tenter de se rassurer en rétablissant un semblant de contrôle sur les événements, selon une étude parue jeudi aux États-Unis.

«Moins les personnes contrôlent leur vie, plus ils cherchent à reprendre en main la situation par le biais d'une gymnastique mentale», explique Adam Galinsky, professeur d'éthique et de gestion à l'Université Northwestern à Evanston, en Illinois, un des auteurs de ces travaux parus dans la revue américaine Science datée du 3 octobre.

«Le sentiment d'insécurité qui résulte du sentiment de ne pas contrôler la situation crée souvent un besoin viscéral d'ordre, même d'un ordre imaginaire (...) pour minimiser l'incertitude», relève Jennifer Whitson, professeur à l'Université du Texas à Austin, principal auteur de l'étude.

Ces chercheurs ont conduit six expériences avec des sujets qu'ils ont placés dans des situations parfois incontrôlables.

Dans une de ces expériences, on leur a demandé de regarder des images dont la moitié représentaient des groupes de points ne formant rien de particulier.

Dans l'autre moitié, figuraient des images d'objet connus, comme une chaise, un bateau ou la planète Saturne, un peu confondues dans la toile de fond formées de tous les points.

95% des sujets ont identifié sans problème ces objets. Mais dans le groupe des individus qui se sentaient submergés psychologiquement par la situation, 43% ont dit aussi voir des images qui étaient le pur produit de leur imagination, indiquent les auteurs de la recherche.

«Les gens ont vu toute sortes de choses imaginaires dans tous ces points, imaginant des tendances des marchés financiers, voyant des visages ou détectant même des conspirations», souligne Jennifer Whitson.

«Aider les gens à retrouver un sens de contrôle sur leur vie normalise leur perception de la réalité et leur comportement», relève Adam Galinsky.