Phénomène souvent plus connu chez les hommes, la perte de cheveux est souvent mal vécue chez les femmes, mais des solutions existent pour y remédier. Depuis quelques années, les greffes capillaires se démocratisent et de plus en plus de femmes y ont recours.

Toujours coquette, Caroline Rondeau a vu ses cheveux s'affiner et tomber de manière diffuse à 38 ans. «C'était une surprise car dans ma famille, personne n'avait perdu ses cheveux», se souvient cette Montréalaise. Plus le temps avançait, plus sa chevelure était clairsemée, notamment sur le dessus et à l'avant de la tête.

«Ça vient chercher l'estime de soi. Ça me complexait, c'était une source d'inconfort, de gêne. J'ai toujours été féminine, j'aime ça, bien paraître. J'avais l'impression que tout le monde ne regardait que le dessus de mon crâne.»

Alors, elle tente de se coiffer afin que ses zones dégarnies ne soient pas trop visibles. «S'il y avait du vent, j'étais mal à l'aise car j'avais peur que ça se déplace.» Quand on lui proposait d'aller à la piscine ou à la plage, Caroline Rondeau déclinait, ou y allait en évitant soigneusement de mouiller ses cheveux. Toujours dans un même but: que les gens qui l'entourent ne remarquent pas son alopécie (terme médical utilisé pour désigner la chute de cheveux).

Limiter la perte de cheveux

Les raisons de la perte de cheveux sont variées: déséquilibre hormonal, pathologie, carences, stress... Dans le cas de Caroline Rondeau, il s'agit d'un changement hormonal. Alors que sa chevelure clairsemée la complexe au quotidien, elle commence un traitement au laser, pour endiguer sa perte de cheveux.

«Beaucoup de femmes nous consultent parce qu'elles ont entendu parler de méthodes non chirurgicales, explique le Dr Yves Hébert, omnipraticien et expert en restauration capillaire à Montréal. En discutant, on s'aperçoit qu'elles veulent obtenir plus de densité, et pas seulement maintenir leur chevelure et éviter que les pertes de cheveux progressent. Elles deviennent alors des candidates pour une greffe capillaire alors que ce n'était pas leur idée première.»

À 43 ans, Caroline Rondeau décide de faire une microgreffe de cheveux, en faisant appel au groupe médical PAI au Québec. Deux possibilités s'offrent à elle: la greffe par bandelette ou la FUE. La première, la greffe par bandelette, consiste à raser une partie du cuir chevelu, à l'arrière du crâne, zone souvent épargnée par la perte de cheveux. La bandelette rasée est prélevée. «À l'aide de microscopes, on la découpe en petites unités folliculaires, qui contiennent un à trois cheveux. Ces unités folliculaires sont réimplantées dans les zones de calvitie, après avoir fait des fentes avec des bistouris miniatures. C'est un travail de dentellière», explique le Dr Yves Hébert. L'inconvénient: l'opération laisse une fine cicatrice là où la bandelette a été retirée. Mais celle-ci n'est pas visible si l'on rabat ses cheveux dessus.

L'autre option? La FUE, pour «Follicular Unit Excision», une méthode plus récente. Les unités folliculaires sont dans ce cas prélevées une à une, de façon diffuse, à l'arrière du crâne. «Le danger: que l'extraction soit trop intempestive, qu'elle réduise la densité de la zone donneuse à l'arrière, de façon trop visible. Il ne faut pas créer un déséquilibre», avance le Dr Yves Hébert. Autre inconvénient, il faut raser la zone où les cheveux sont prélevés.

Des interventions chirurgicales plus nombreuses

Caroline Rondeau opte pour l'opération par bandelette. «C'est la méthode la plus utilisée chez les femmes, car elle ne requiert pas de raser la tête, ce que les femmes ne veulent évidemment pas subir, observe Francis Touchette, PDG du groupe médical PAI au Québec. Cette méthode permet de prélever des greffons contenant plus d'un cheveu et de maximiser la densité, alors qu'avec la FUE, on implante un cheveu à la fois.»

Malgré le coût de ces opérations non remboursées (au-delà de 5000 $), de plus en plus de femmes sautent le pas. «Les femmes vivent beaucoup plus difficilement la perte de leurs cheveux que les hommes. Aujourd'hui, elles acceptent mieux socialement ce type de chirurgie. Dans les dix dernières années, la greffe chez la femme a augmenté de façon significative pour représenter 40 % de notre clientèle en chirurgie», indique Francis Touchette. Le Dr Yves Hébert pratique quant à lui la greffe capillaire depuis 1995. «À l'époque, c'était presque l'apanage des hommes. On recevait très rarement des femmes. Aujourd'hui, de 15 à 20 % des greffes capillaires que nous effectuons sont sur des femmes. Il y a une demande, c'est sûr.» Deux ans après son opération, Caroline Rondeau est mieux dans sa peau et sereine. «J'ai repris confiance.»