(Paris) Talons et corsets, ces pièces contraignantes dont les femmes ont mis des siècles à se libérer, reviennent en force pour leur donner du pouvoir dans la collection de Dior inspirée par Catherine de Médicis.

« L’idée qui m’amusait, c’est qu’il y a des éléments dans les vêtements qui servent à construire un imaginaire régalien », raconte à l’AFP l’Italienne Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections féminines de Dior.

Féministe, elle détourne ces éléments qu’on n’aurait jamais associés à son univers créatif pour ce « power dressing ironique », moderne et fonctionnel malgré les références historiques.

« Je ne l’ai pas fait dans le passé et je suis satisfaite parce que la référence vient de Catherine de Médicis », explique-t-elle.

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Le défilé Dior, accompagné d’un spectacle de danse, s’est déroulé dans un pavillon transformé en grotte dans le Jardin des Tuileries où Catherine de Médicis organisait des fêtes.

De petite taille, Catherine de Médicis, cette Italienne arrivée à la cour de France en 1533, a été la première à utiliser les plateformes pour être plus grande et a structuré sa silhouette pour s’imposer.

Les chaussures compensées de la collection soulèvent, mais restent confortables.

Le corset qui a une forme quasi géométrique n’est pas intégré et devient « un objet avec lequel on joue pour se faire plaisir » : on peut le porter sur un t-shirt ou une chemise et on n’a pas besoin d’aide pour l’enfiler.

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La collection abonde en broderie et dentelles, chères à Catherine de Médicis, qui les avaient imposées aux manufactures royales françaises.

Les robes qui évoquent des paniers s’adaptent au corps avec des bandes réglables qui leur apportent une dimension « fonctionnelle » indissociable du « power dressing », ce courant vestimentaire féminin destiné à faire preuve d’autorité, apparu dans les années 1970 et ayant connu son apogée dans les années 1980.

La guêpière tantôt cachée tantôt manifeste esquisse une silhouette sensuelle, rappelant les larges jupes portées à la cour de Catherine de Médicis.

La collection abonde en broderie et dentelles, chères à cette aristocrate italienne, qui les avaient imposées aux manufactures royales françaises.

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« L’idée qui m’amusait, c’est qu’il y a des éléments dans les vêtements qui servent à construire un imaginaire régalien », raconte Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections féminines de Dior.

Le défilé, accompagné d’un spectacle de danse, s’est déroulé dans un pavillon transformé en grotte dans le Jardin des Tuileries où Catherine de Médicis organisait des fêtes.

Le spectacle pour présenter la collection de prêt-à-porter printemps-été 2023 se veut aussi une « fête baroque » comme on les organisait dans les grandes villes pendant les périodes de transition, somptueuses et théâtrales, mais traversées par une inquiétude diffuse.

« Dans ce moment historique lourd, la mode est le seul territoire où on peut encore jouer, c’est ce que j’ai voulu faire en ce moment. La situation est tragique, il faut trouver des motivations pour travailler », souligne Maria Grazia Chiuri.