(Paris) Et le rideau s’ouvre… sur la salle : c’est au théâtre du Châtelet, où Barbara a donné son dernier concert, que le couturier Stéphane Rolland a organisé mardi son émouvant défilé haute couture dédié à la chanteuse.

Le podium est noir et blanc comme des touches de piano, où des robes rouge coquelicot font irruption telle la lumière de la scène.

Dans une courte vidéo précédant le défilé, la chanteuse raconte ce qu’elle ressent avant que le rideau s’ouvre, répète une des chansons…

Valérie Lemercier, qui connaissait Barbara et a porté une robe de Stéphane Rolland pour recevoir son César de meilleure actrice pour le film Aline cette année, compare dans une brève allocution le perfectionnisme de l’une et de l’autre.

« Depuis que je suis enfant, j’aime Barbara, une artiste exceptionnelle. Elle est envoûtante, passionnante, comme personnage. Inconsciemment, elle fait partie de mes références quand je dessine », a déclaré à l’AFP le créateur.

Icône de la mode, la chanteuse décédée il y a 25 ans avait un style très reconnaissable, mais, dans ce défilé, l’idée du couturier n’est pas de faire du « copié-collé ». Il veut raconter son tempérament entre la finesse et le côté « animal, sauvage et instinctif ».

Des robes « qui abritent »

PHOTO CHRISTOPHE ARCHAMBAULT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le podium est noir et blanc comme des touches de piano, où des robes rouge coquelicot font irruption telle la lumière de la scène.

C’est surtout l’émotion d’un artiste, dans le noir, avant de s’exposer au jugement de la salle qui traverse le défilé.

« Je voulais faire vivre l’expérience aux invités, au même endroit qu’était Barbara ».

La mannequin fétiche de Stéphane Rolland, l’Espagnole Nieves Alvarez, en combinaison courte et cuissardes cachées sous un grand manteau noir, donne le « la » en ouvrant le défilé.

C’est aussi elle qui le clôture en robe rouge — tout volume, tout flamme —, avant que le rideau ne s’ouvre sur la salle vide du théâtre, faisant découvrir aux spectateurs que le cube noir où ils ont assisté où défilé était en fait la scène.

« Cette mise en scène est sublime comme ces trois couleurs », dont « le rouge qui peut être terrible et, là, c’est le plus beau des rouges parce qu’il est un peu orange », déclare à l’AFP Valérie Lemercier, habillée en haut et large pantalon à paillettes noir, dans les coulisses du défilé.

En tournage d’un film où elle n’est « pas du tout glamour », elle s’est libérée pour le défilé afin de rendre hommage à Barbara, au théâtre du Châtelet — où s’est déjà produite — et à Stéphane Rolland, qui lui a « porté chance » avec la robe en velours noir aux grosses manches qu’il avait faite pour elle pour les Césars.

Danseuse et femme « tribale »

PHOTO CHRISTOPHE ARCHAMBAULT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une partie de la collection est inspirée de l’Afrique avec des « scarifications » reproduites sur des robes, des enfilades de bracelets qui sont sculptés dans la mousse et gainés en jersey, des colliers massaï…

Sur le podium, les robes asymétriques aux impressionnants volumes côtoient les pièces épurées d’apparence toute simple comme la combinaison noire en velours.

« Je veux des plis qu’on ne peut pas faire dans du velours. Il y a plusieurs couches d’organza à l’intérieur », décrit Stéphane Rolland.

« La haute couture, c’est aussi la pureté, la technique, toutes les finitions intérieures, le montage… Tout ce qui est caché est encore plus précieux de tout ce qui est montré », ajoute-t-il.

Le mouvement des traines rend hommage au langage corporel de Barbara. Le chorégraphe Maurice Béjart disait que « c’était sa meilleure danseuse, alors qu’à la base, elle n’est pas danseuse », dit le couturier.

Une partie de la collection est inspirée de l’Afrique avec des « scarifications » reproduites sur des robes, des enfilades de bracelets qui sont sculptés dans la mousse et gainés en jersey, des colliers massaï…

« Chanteuse française iconique et femme tribale, les deux vont bien ensemble chez Barbara. Le voulais prendre l’essence, la décliner et aller même parfois ailleurs », conclut Stéphane Rolland.