(Paris) Rester positif : Dior a célébré lundi à Paris le retour à la vie avec des robes haute couture présentées dans une mise en scène imaginée par une artiste ukrainienne évoquant des paysages de son pays, recouverts de broderies aux motifs traditionnels.

Couleurs naturelles, matières mates, broderies sophistiquées et patchwork de dentelles : Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections femme de Dior, a mis en avant la sobriété et le raffinement, célébrant le geste artisanal dans cette collection qu’elle veut « anti-bling bling ».

Une longue robe grège faussement simple plissée avec des smocks (fronces rebrodées sur l’endroit du tissu) dont la confection a demandé deux mois de travail est la quintessence de cette collection : « plus il y a de travail, plus c’est invisible ».

L’état d’esprit qui a guidé cette collection « est complexe : la COVID-19, ce n’est pas encore fini, il y a une guerre en Europe. Je suis sensible par rapport à tout ce qui nous arrive », déclare à l’AFP la créatrice italienne.

L’arbre de vie

PHOTO CHRISTOPHE ARCHAMBAULT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections femme de Dior, a invité pour créer le décor du défilé au musée Rodin Olesia Trofymenko, artiste ukrainienne de 39 ans.

« C’est essentiel de rester positifs. À travers la difficulté, on renaît », souligne-t-elle, en rappelant que Christian Dior avait monté sa maison en 1947 après la Seconde Guerre mondiale.

Elle a invité pour créer le décor du défilé au musée Rodin Olesia Trofymenko, artiste ukrainienne de 39 ans, dont elle a vu des œuvres à une exposition à Rome, après le début de l’invasion russe en Ukraine.

« J’ai été frappée par ses images à travers lesquelles on perçoit malgré la guerre le désir de renaître », souligne-t-elle.

Maria Grazia Chiuri voulait quelque chose de « vital », se souvient Olesia Trofymenko, interrogée par l’AFP avant le défilé sur fond d’un de panneaux géants colorés brodés, fait à partir d’une photo de la cour de la maison où elle s’est abritée pendant la guerre.

« Ma première réaction c’était “mais savent-ils ce qui se passe ?” Mais au final, c’est correct de montrer la beauté de la culture ukrainienne face aux images des horreurs » de la guerre, estime-t-elle.

Pour l’artiste, « c’est irréel » de voir ses œuvres décorer l’un des défilés les plus importants de la semaine de la haute couture. « C’est quand je rentrerai à Kyiv que je comprendrai l’ampleur de l’évènement ».

L’arbre de vie, l’un de ses motifs préférés et symbole de célébration de vie et du renouveau dans plusieurs cultures, dont celte et indienne, anime toute la collection, reproduit sur des robes et des manteaux.

Les quatre murs du pavillon où s’est déroulé le défilé sont recouverts d’une alternance de motifs brodés et de photomontages.

Profusion de broderies

PHOTO CHRISTOPHE ARCHAMBAULT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Couleurs naturelles, matières mates, broderies sophistiquées et patchwork de dentelles : Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections femme de Dior, a mis en avant la sobriété et le raffinement.

Les photos de différents endroits en Ukraine prises par Olesia Trofymenko sont rebrodées de couronnes de fleurs par l’atelier Chanakya à Bombay, une quatrième collaboration avec Dior de cette école indienne qui forme des brodeuses dans un pays où cet artisanat est traditionnellement réservé aux hommes.

Sur les vêtements, la broderie, qui incarne pour Maria Grazia Chiuri, le geste créatif et la transmission est omniprésente, avec des fils de coton, de soie, de corde ou avec du raphia.

La chemise brodée ukrainienne n’est pas directement citée, mais évoquée indirectement dans des motifs de chemises et constructions de silhouettes dont certaines rappellent ces vêtements folkloriques.

Les robes arborent des patchworks de galons de dentelle, jusqu’à 22 types incrustés les uns dans les autres.

Les robes en mousseline de soie, longues et légères, épousent le corps dans un jeu de smocks.

La silhouette New look de Dior en sablier est revisitée avec de nouvelles techniques de couture comme des plis renversés dans du tweed pour créer du volume sur les hanches ou des fronces sur une jupe d’organza. La veste-bar est ornée d’un tissu smocké verticalement.

Ces pièces haute couture nécessitent des heures de travail à la main, quasi invisibles pour un œil non expert.