La journée sans maquillage se tient lundi. Alors que de nombreux Québécois sont préoccupés par leur image, mais que les définitions de la beauté se multiplient, c’est l’occasion de se questionner sur la pertinence d’une telle initiative.

Êtes-vous déjà sortie sans maquillage ? Ne serait-ce que pour aller au dépanneur ? La question peut paraître banale, mais selon un sondage Léger1 réalisé pour l’organisme ÉquiLibre en août 2021, 30 % des Québécois ne se sentent pas capables de sortir en public si leur apparence n’est pas soignée. « Ça témoigne de la pression qu’on s’impose au quotidien », lance Marie Soleil Dion, porte-parole d’ÉquiLibre, un organisme qui a pour mission de favoriser le développement d’une image corporelle positive.

La comédienne et animatrice précise que cette journée n’est pas faite pour diaboliser le maquillage, mais plutôt pour prendre conscience de l’importance démesurée de l’apparence dans notre société.

PHOTO FOURNIE PAR ÉQUILIBRE

Porte-parole d’ÉquiLibre, la comédienne er animatrice Marie Soleil Dion, sans maquillage

Il faut faire un travail sur soi, car collectivement, je pense qu’on est trop obsédés par l’image. Même si je ne me maquille pas beaucoup, je suis évidemment préoccupée par mon apparence, par la façon de m’habiller. Mais il faut se questionner sur l’espace que l’apparence prend dans notre tête et dans notre vie.

Marie Soleil Dion, comédienne, animatrice et porte-parole d’ÉquiLibre

Toujours d’actualité ?

C’est en 2010 que le magazine Elle Québec et Canal Vie ont lancé cette première journée sans maquillage, où on invitait les femmes à s’afficher au naturel, sans fard ni retouches. Des personnalités comme Chantal Fontaine, Macha Grenon et Ima avaient accepté de poser sans maquillage pour le magazine féminin. Douze ans plus tard, Joanie Pietracupa, rédactrice en chef des magazines Elle Québec, Elle Canada et Véro, croit que la beauté a évolué et que les femmes n’ont plus envie qu’on leur impose cette journée sans maquillage. « Cette journée n’est plus aussi nécessaire qu’avant », dit-elle.

Notre ligne éditoriale est de déconstruire le culte de la beauté unique pour que toutes les femmes se reconnaissent. On a tellement élargi la notion de beauté dans nos magazines, il y a de la diversité dans nos pages, autant sur le plan ethnique que de la diversité de genres, alors ce ne serait pas approprié en 2022 de leur dire de ne pas se maquiller pour faire un statement, je préfère leur laisser le choix.

Joanie Pietracupa, rédactrice en chef des magazines Elle Québec, Elle Canada et Véro

La nutritionniste et cheffe de projets chez ÉquiLibre Andrée-Ann Dufour Bouchard croit qu’il est encore nécessaire de réfléchir à l’importance que nous accordons socialement à l’apparence. « Selon le sondage Léger que nous avons réalisé, 28 % des Québécois vérifient leur apparence dans le miroir dès qu’ils le peuvent, dit-elle. Que ce soit le maquillage, la minceur ou la jeunesse, beaucoup de gens se mettent de la pression pour atteindre des standards de beauté. »

« Posons-nous des questions ! lance Marie Soleil Dion. Est-ce que je me suis levée trop tôt pour me faire mes cheveux et me maquiller alors que j’aurais pu dormir plus ? Est-ce qu’il m’arrive de ne pas profiter d’un moment de ma vie parce que je me soucie trop de mon apparence ? Comment je me sens quand je vois des images retouchées sur Instagram de femmes qui ont des corps, des visages, des maquillages parfaits et des cheveux magnifiques ? Est-ce que ça m’affecte ? Ça me décourage ? Est-ce qu’on a le désir de correspondre à ces images ? Plus jeune, je n’avais pas accès à toutes ces images de femmes parfaites sur les réseaux sociaux, on avait juste le magazine Filles d’aujourd’hui, et c’était assez pour nous complexer ! Cette journée est un prétexte pour réfléchir et se demander si on consacre trop de temps à notre apparence. »

1. Sondage Léger pour l’organisme ÉquiLibre, réalisé du 12 au 23 août 2021 auprès de 1817 Québécois et Québécoises âgés de 14 ans et plus.

Consultez le site d’ÉquiLibre