Vanessa Seward évolue dans le milieu de la mode depuis 30 ans ; elle a travaillé chez Chanel, Yves Saint Laurent, Tom Ford et Azzaro. Créatrice de mode, elle a lancé sa marque, et a même habillé Nicole Kidman et Natalie Portman. Sous forme d’abécédaire, elle publie Le guide de la gentlewoman, dans lequel elle propose des réflexions et des conseils pour vivre avec panache et élégance, de manière équilibrée. Entrevue.

Qu’est-ce qu’une gentlewoman ?

« Une femme qui a de la retenue, de la subtilité et qui est honnête, c’est ce qui la définit le mieux. La gentlewoman met les autres en valeur, elle n’est pas dans la frime. Dans un monde qui pousse sans cesse au narcissisme avec les réseaux sociaux, c’est bien qu’il y ait une autre option, c’est la gentlewoman. »

Sous forme d’abécédaire, voici quelques réflexions de Vanessa Seward en lien avec les thèmes abordés dans son livre.

C pour chirurgie

« Je viens d’Argentine et la chirurgie esthétique est presque dans la culture du pays. C’est dommage, je ne critique pas, mais quand on y résiste finalement, quand on passe un cap, on vieillit mieux. Ça me fait peur de voir à quel point ça peut déformer les visages. Assumons nos défauts et notre personnalité et cultivons la différence ! »

C pour cinquante ans

« C’est bien de revendiquer son âge. Beaucoup de femmes, au-delà d’un certain âge, ne veulent plus le dire ! C’est idiot ! J’ai 52 ans. N’est-ce pas mieux d’avoir l’air bien pour 50 ans que tapée pour 40 ans ? Cette obsession de toujours vouloir paraître jeune mène en enfer… Ce n’est pas évident de vieillir, ni facile, mais c’est bien de le revendiquer et d’être dans son âge. Chaque âge apporte des choses différentes, on peut se réinventer. Je lis beaucoup de biographies et je vois bien qu’on peut avoir plusieurs vies. Vous savez, la comtesse de Ségur a publié son premier livre à 57 ans ! »

E pour empathie

« C’est important de penser aux autres et c’est ce qui définit la gentlewoman. J’aime qu’on soit tourné vers les autres, c’est peut-être des qualités qu’on met moins en valeur et pourtant, c’est tellement important. J’aime l’idéal d’un monde où on est empathique envers l’autre, c’est ce qui fait le charme de la vie. Au Danemark, des cours d’empathie sont obligatoires pour les enfants de 6 à 16 ans. »

I pour intemporalité

« Pour moi qui suis une grande timide, les vêtements ont toujours été un moyen de communication formidable, c’était une façon de me faire remarquer et un moyen d’exprimer ma personnalité. Et c’est là où les vêtements sont intéressants, car c’est dommage de subir la mode, on peut avoir une allure intemporelle. Comme le recommandait Gabrielle Chanel, avant de quitter votre domicile, regardez-vous dans le miroir et enlevez un accessoire. »

P pour Parisienne

« J’ai été désignée la plus parisienne des Argentines ! L’image qu’on a de la Parisienne est parfois celle d’une femme un peu arrogante qui cultive le chic sans effort, et qui n’est pas toujours sympathique. Beaucoup d’attitude, peu de sympathie ! Je voulais donner une autre option parce que les Parisiennes, ce n’est pas que ça, on peut avoir du style et être empathique ! »

S pour sport

« Le sport, ce n’est pas mon truc, mais ce n’est pas grave ! Il reste que la démonstration sur les réseaux sociaux des efforts qu’on multiplie pour garder notre corps en forme, le fait de toujours montrer ce qu’on mange, tout ça va vers des extrêmes. Résultat ? On est toujours tourné sur soi. Le sport comme le fil dentaire doit se pratiquer en toute discrétion [rires] ! Selon moi, sport et style sont difficilement compatibles ! Je sais, c’est de la provocation de dire ça. La mode “sportswear” est partout, c’est bien, mais il faut faire attention à ne pas être complètement avachi. C’est bien, le confort, mais il faut le doser et garder une certaine allure. J’aime le style décontracté, mais c’est bien de garder une certaine élégance. »

V pour vintage

« Je collectionne les robes et vêtements vintage depuis que j’ai 16 ans. On a accès à des pièces de grande qualité, c’est ce qui m’a toujours attirée dans le vintage, porter de beaux tissus et de beaux imprimés. On trouve des merveilles ! Il faut faire attention à ne pas tomber dans le déguisement et avoir l’air de sortir tout droit d’un film des années 1970 ! C’est bien de s’approprier les pièces et de les mélanger avec des vêtements plus actuels. Je suis très sensible à l’élégance et à la sensualité des femmes des années 1970. Aujourd’hui, sur les tapis rouges, les femmes veulent tout montrer. C’est un peu trop ! Je suis nostalgique d’une sensualité qui laisse du mystère. »

Le guide de la gentlewoman

Le guide de la gentlewoman

JC Lattès

201 pages