(Paris) Fendi a mis en scène jeudi les femmes puissantes, incarnées par une « armée d’impératrices », au dernier jour de la haute couture à Paris sous le signe du multiculturalisme.

Dans une mise en scène futuriste, le britannique Kim Jones, directeur des collections femmes de la maison romaine Fendi et également styliste de Dior homme, a célébré l’esthétique « ecclésiastique » et « les sculptures en marbre » avec des silhouettes rigides.

Ses « impératrices » avancent comme suspendues sur des chaussures à plateforme qui s’arrêtent au milieu du pied, sans talon, et font trébucher plusieurs d’entre elles dans un univers un brin anxiogène.

Les statues situées à l’extérieur du Palazzo della Civiltà Italiana, siège de Fendi à Rome, sont peintes à la main sur du vison et du velours.

Les coupes sont imposantes, les couleurs saturées : noir, bleu nuit, rouge, mauve.

Des armures guerrières et des traînes royales : « ma raison d’être chez Fendi, c’est de célébrer le pouvoir des femmes », déclare Kim Jones dans la note d’intention du défilé.

Slogans d’Imane Ayissi

PHOTO GEOFFROY VAN DER HASSELT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le Camerounais Imane Ayissi joue avec des slogans. Un message est transmis sur une robe blanche où l’on peut lire « No Fashion on a dead planet ».

Le Camerounais Imane Ayissi joue lui avec des slogans, en empruntant aux cultures textiles ouest-africaines.

Le mot « foufoullou » dans la langue Ewondo du Cameroun qui signifie « mélangé » et « ensemble » est écrit sur plusieurs de ces robes.

Un autre message est retransmis avec le premier look, une robe blanche où l’on peut lire « No Fashion on a dead planet ».

Dans des robes qui mélangent des nuances de vert et de rose, il fait flirter les paillettes avec les kente du Ghana ou la dentelle de Calais avec les teintures adire du Nigeria.

Ancien danseur du Ballet national du Cameroun et de la compagnie de Patrick Dupont, mannequin pour les plus grandes marques du luxe, Imane Ayissi est entré dans l’histoire en 2020 en devenant le premier créateur d’Afrique subsaharienne à figurer au calendrier officiel de la haute couture.

Admirateur de Balenciaga, influencé par ses années dans les corps de ballet, mais tout autant passionné par le patrimoine textile africain, il cultive son métissage culturel.

Après le défilé jeudi, il s’est vu remettre la médaille de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres.

Manga et théâtre no de Yuima Nakazato

PHOTO GEOFFROY VAN DER HASSELT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le Japonais Yuima Nakazato a placé son défilé dans un univers du théâtre no, peuplé de danseuses et de mannequins aux cheveux colorés.

Quant au Japonais Yuima Nakazato, il a placé jeudi son défilé dans un univers du théâtre no, peuplé de danseuses et de mannequins aux cheveux colorés.

Le contraste est saisissant entre les danseuses aux visages blanchis et en robes évanescentes qui exécutent des pantomimes, tels des fantômes, et la présence de femmes et d’hommes qui défilent avec leurs grosses bottes d’inspiration gothique, chaussures rarement vues en haute couture.

Avec leurs coupes asymétriques et cheveux rouges et violets, ils semblent tout droit sortis de mangas.

Les couleurs vives et motifs psychédéliques sur les kimonos et les robes de soirée se démarquent dans l’intérieur sobre de l’Oratoire du Louvre, temple protestant, où se déroule le défilé dans des volutes de fumée.

Diplômé de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, Yuima Nakazato, 37 ans, qui avait auparavant créé des costumes pour des chanteuses, reste fidèle à son esthétique théâtrale et expérimentale questionnant le rapport entre le corps et la société.

La maison russe Yanina Couture, qui défilait pour la première fois dans le cadre du calendrier officiel, a clôturé la semaine de la haute couture jeudi soir avec une collection aux couleurs printanières avec des robes aériennes ou en froufrous arc-en-ciel.

Imaginée comme un pont entre la Seine et la Volga, la maison fondée par Yulia Yanina en 1993 associe le savoir-faire français et l’héritage des Arts décoratifs russes.