(Milan) Du confort, de la couleur, des shorts, du mouvement : la « Fashion Week Homme » de Milan et ses défilés — à portes closes jusqu’à mardi en raison de la pandémie — a dessiné des tendances de liberté pour la saison Automne-Hiver 2021.

Alors que la capitale italienne de la mode vient à nouveau d’être placée en confinement et fermer ses boutiques de luxe, les stylistes ont multiplié les clins d’œil sur la communication à distance.

« Hello, it’s Silvia calling » disait Silvia Fendi dans la bande-son du défilé de la maison romaine. Un mannequin a décroché un combiné dans la vidéo de présentation des collections d’Ermenegildo Zegna et chez Tod’s, l’acteur italien Lorenzo Zurzolo a laissé un message téléphonique pour raconter sept jours seul dans une villa isolée.

La situation historique mondiale en temps de pandémie, a été qualifiée de « surréelle » par la maison Fendi, de « réalité parallèle » par Tod’s et de « Reset » par Zegna. Prada a résumé le temps par « un besoin de contacts, une urgence à échanger et entrer en relation ».

Pyjama, robe de chambre, l’intime dans l’espace public

Pour réchauffer les corps et les cœurs, la mode homme joue la carte du confort, du cocooning, revalorisant du coup le vestiaire des tenues d’intérieur, qui inspire clairement la mode portée à l’extérieur. Miuccia Prada et Raf Simons optent pour le port obligatoire du caleçon long, comme base pour une accumulation de strates successives. Chez Fendi, les pantalons tiennent chaud, les manteaux ceinturés ressemblent à des peignoirs, enveloppants et chic. Les matériaux sont doux, invitent à la sieste autant qu’à la vie active. Chez Zegna, les cols châles, la générosité ceinturée des robes de chambre, des pantalons de survêtements réinventent l’élégance à l’italienne. Chez K-way, la célèbre marque de « l’en-cas » de pluie, devenue phénomène fashion, les frontières entre l’extérieur et l’intérieur sont aussi moins distinctes.

Des shorts même en hiver

Montrer ses gambettes même en hiver s’annonce une tendance de 2021. Les silhouettes avec short étaient sur les podiums de Fendi, en version matelassée colorée, chez K-way, avec zip jaune, orange et bleu de la maison stratégiquement placé. Dans tous les cas, le bermuda d’hiver se porte en contraste avec des pièces très chaudes, des gants de ski chez MSGM, une doudoune chez ETRO. Comme une envie de liberté et un défi lancé au grand froid.

De la couleur, de la lumière

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE PRADA

Chez Prada, les larges blousons fuchsia, rouge, violet ou les petits manteaux stricts rose bon ton ou bleu glacé se moquent des conventions.

Les créateurs ont fait la part belle à la couleur pour la prochaine saison hivernale. Chez Etro la palette est dorée, ensoleillée, lumineuse, passant du sable, au moutarde, au jaune d’or. Chez Prada, les larges blousons fuchsia, rouge, violet ou les petits manteaux stricts rose bon ton ou bleu glacé se moquent des conventions. Fendi propose des tenues monochromes émeraude, vermillon, safran et joue les espiègles en introduisant les gribouillages psychédéliques de l’artiste anglais Noel Fielding.

Réversible c’est mieux

Tout peut changer d’un instant à l’autre semble nous dire l’époque, l’adaptabilité devient reine. On voit donc fleurir les manteaux réversibles chez Fendi, chez K-way, chez Prada.

Des corps en mouvement

On a vu des hommes danser pendant cette semaine de la mode milanaise. Comme un besoin irrésistible de se déhancher, de libérer les corps. Le vêtement se fait donc souple, il ne contraint pas. Même lorsqu’il s’agit d’un costume veste-pantalon chez Zegna, il est d’une extrême fluidité, flexible, large. Les mannequins se retrouvent d’ailleurs dans une fête en appartement. Rêve ou futur — proche ? Chez Prada aussi, la souplesse de la maille permet la danse de ses modèles. Chez Tod’s, le protagoniste esquisse quelques pas de danse dans un grand manteau, surdimensionné forcément, pour permettre le mouvement.