(Paris) La semaine du prêt-à-porter homme a démarré mardi soir à Paris, toujours touché par les grèves des transports, un casse-tête pour les organisateurs et le public.

Suivre les Fashion weeks parisiennes, de plus en plus longues et intenses, relève d’un marathon et il n’est pas rare de croiser d’ordinaire dans le métro journalistes ou mannequins courant d’un défilé à l’autre.

Or mardi, malgré des améliorations dans les transports publics au 41e jour de la grève contre la réforme des retraites, plusieurs lignes et stations du métro parisien restaient fermées une bonne partie de la journée et bondées aux heures de pointe. Le mouvement devrait se poursuivre.

« En raison des conditions de circulation à Paris », la Fédération de la haute couture et de la mode a doublé le nombre de navettes permettant de se rendre aux défilés.

Le Belge Dries Van Noten dont le défilé aura lieu jeudi conseille, dans une note jointe à l’invitation, de prendre la ligne 1 du métro, automatique, qui n’est par touchée par la grève.  

Fait rare, une maison française a annulé son défilé prévu le 23 janvier pendant la semaine de la haute couture suivant celle du prêt-à-porter masculin.  

« La Maison Christophe Josse se trouve contrainte de ne pouvoir présenter sa collection Couture Printemps-Été 2020 », indique son communiqué expliquant que les « troubles » ont provoqué « des retards » de la part de leurs partenaires, « incompatibles » avec la réalisation de la collection.  

Une styliste de renom, sous couvert d’anonymat, a aussi pointé pour l’AFP l’impact de la grève : « Il faut aux gens une heure ou plus pour se rendre au travail et traverser la ville à certains moments de la journée est un test pour votre patience. Tout cela s’ajoute à ce qui est, même dans le meilleur des cas, une situation extrêmement stressante ».  

Les jeunes d’abord

Avec abondance de clous, piercings et tatouages sur le crâne ou le torse nu, la marque chinoise Sankuanz a donné le coup d’envoi des défilés, dans l’esprit punk présent jusque dans les looks en costumes noir ou couleur rouille.

Les rappeurs américains de la côte Ouest américains étaient nombreux à soutenir les débuts parisiens de Rhude, marque fondée par Rhuigi Villasenor né aux Philippines et qui vit à Los Angeles.

Du streetwear, manteaux et costumes élégants et décontractés : le styliste a déclaré à l’AFP qu’il voulait créer des vêtements « pratiques » et « intemporels qui vivront à travers les âges et les tendances ».

Un concert de tambours japonais taiko a précédé le défilé.  

Chez l’Américain Spencer Phipps basé à Paris, des mannequins costauds à l’allure de forestiers ont défilé accompagnés de chants d’oiseaux pour une collection dédiée à la protection de la forêt.

Aux sons de l’accordéon, le Français Alexandre Mattiussi, chouchou des trentenaires parisiens, a conclu la première journée avec un défilé mixte, chic et glamour faisant porter jupes, paillettes et longues chemises aux volants tantôt aux hommes tantôt aux femmes.

Autre nouveau à Paris, le Britannique Graig Green, 34 ans, qualifié par le Vogue britannique de « l’un des designers les plus importants du moment travaillant à Londres », présentera sa collection le 19 janvier, au dernier jour de la semaine parisienne.  

L’entrée de ce styliste, élu à trois reprises designer de l’année du prêt-à-porter homme par le British Fashion Council (BFC), envoie un fort message anti-Brexit, à l’heure où la Fashion Week londonienne tend à se réduire.

Deux autres griffes intègrent le calendrier parisien : Botter, du couple de créateurs néerlandais écoresponsables Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh, également directeurs artistiques de Nina Ricci, ainsi que la française Rochas homme, qui prône une élégance nonchalante.