(Londres) Qu’il soit au bras de la première ministre conservatrice Margaret Thatcher ou de l’actrice de Sex and the City Sarah Jessica Parker, le sac est un objet de mystère et de convoitise, exploré sous toutes ses coutures dans une exposition à Londres.

Sac dos, à main, « Tote Bag » en tissu ou petite bourse précieuse du 16e siècle : quelque 300 styles ont été choisis par le Victoria and Albert Museum pour Bags : Inside Out, qui débute samedi.

Pour sa première exposition depuis le deuxième confinement qui s’est achevé début décembre en Angleterre, ce musée consacré à l’art et au design se penche sur cet accessoire à travers son usage, son statut et sa conception.

Parmi les pièces maîtresses, le « baguette » de Fendi en sequins violets porté par Sarah Jessica Parker dans Sex and the City, précurseur des « it bags », ces sacs incontournables du moment que le monde s’arrache, un phénomène qui a commencé à la fin des années 1990.

Dans un genre plus sobre, le sac à main en cuir de Margaret Thatcher. Connu comme son « arme secrète », il a même entraîné la création d’un nouveau verbe : « to handbag », qui signifie attaquer verbalement.

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Le sac à main en cuir de Margaret Thatcher

« Ces accessoires portables, mais fonctionnels, ont longtemps fasciné hommes et femmes par leur double nature privée et publique » souligne Lucia Savi, commissaire de l’exposition.

Lien entre le foyer et le monde extérieur, ils servent à transporter argent ou documents précieux à l’abri des regards.

Une première section de l’exposition s’intéresse à ces différents usages. Une imposante malle Louis Vuitton du début du 20e siècle invite au voyage tandis qu’un petit sac en cuir de tout juste 16 centimètres une fois fermé peut en réalité contenir porte-monnaie, lunettes, carnet et miroir, soit tout le nécessaire pour une soirée à l’opéra.

« Instagrammable »

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Le sac parle d’identité : qui on est et qui on veut être, armé de cet accessoire.

Dans une deuxième partie, le sac parle d’identité : qui on est et qui on veut être, armé de cet accessoire.

Avec en point d’orgue plusieurs modèles inspirés de vedettes comme le « Kelly » d’Hermès, en hommage à l’actrice Grace Kelly, le « Lady Dior » baptisé d’après la princesse Diana ou le « Birkin », un sac en cuir large et pratique, créé après une rencontre dans un avion entre l’actrice Jane Birkin et Jean Louis Dumas de la maison Hermès.

Aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux qui nourrissent l’envie d’achat. Dans une vidéo, l’influenceur chinois Tao Liang, connu sous le nom de Mr Bags, évoque les modèles qu’il crée en partenariat avec des marques de luxe comme Burberry ou Chanel. Leur point commun ? Ils sont toujours « très instagrammables » : « qui n’a pas envie d’être sur une belle photo avec un joli sac ? » lance le créateur aux sept millions d’abonnés.

Pas seulement glamour, le sac est parfois aussi le support de messages militants à l’image du sac à main proclamant « My Body My Business » (« Mon corps m’appartient ») par l’artiste américano-suédois Michele Pred.

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Lien entre le foyer et le monde extérieur, les sacs servent à transporter argent ou documents précieux à l’abri des regards.

Une dernière section de l’exposition s’intéresse aux techniques de création de cet accessoire pour lequel les stylistes rivalisent de créativité, comme l’espiègle sac à main en forme de teckel créé par l’Américain Thom Brown l’an dernier et inspiré de son chien Hector.

À une époque où la polluante « fast fashion », bon marché et peu durable, n’est plus à la mode, les stylistes explorent de nouveaux matériaux ou misent sur le recyclage. La Britannique Stella McCartney a ainsi conçu un sac à dos à partir de déchets plastiques collectés dans les océans.

Mais le contenu du sac qui suscite le plus de curiosité reste bien sûr celui de la reine Élisabeth II, fidèle à la marque Launer, dont elle possède plusieurs exemplaires. Si un modèle « Traviata » de Launer est exposé, le contenu du sac de Sa Majesté restera, lui, secret.