La Grande Braderie de la mode québécoise célèbre, avec cette 50e édition qui se déroulera du 17 au 20 octobre, ses 25 ans d’existence. Pour l’occasion, nous avons rencontré sa fondatrice et présidente, Anne de Shalla, au Marché Bonsecours.

« Je ne le réalise pas encore ! 25 ans, 50 éditions… Disons que ça nous fait vieillir un peu, beaucoup ! », lance en riant Anne de Shalla, rencontrée à la boutique qui porte son nom au Marché Bonsecours, où, depuis 1998, elle fait découvrir aux touristes et gens de passage plusieurs marques de mode québécoises, dont la sienne.

1998, c’est aussi l’année où la Braderie de mode québécoise a officiellement élu domicile au Marché Bonsecours, occupant d’édition en édition de plus en plus d’espace. L’évènement semestriel, qui s’étale sur quatre jours à l’automne et au printemps, investit maintenant la totalité des salles de l’endroit. Il reçoit en moyenne la visite de 35 000 personnes qui viennent découvrir et acheter des créations de designers et des marques québécoises, proposées à des prix alléchants pour l’occasion. Sans compter que l’évènement a étendu ses antennes avec des éditions à Gatineau et Québec, et une Braderie en ligne qui remporte un énorme succès.

Des débuts modestes, un « success story »

Dire qu’il y a 25 ans, la toute première édition de la Braderie — qui ne portait pas encore ce nom à l’époque — avait attiré tout au plus 100 personnes. À l’époque, en 1994, Mme de Shalla, qui était designer en plus d’agir comme agente de distribution pour certains designers, était installée, avec plusieurs autres marques comme Pierre Poisson, Nénuphar ou Nadia Toto, dans un incubateur appelé le Centre d’entreprises et d’innovation, situé sur la rue Prince.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Anne de Shalla, fondatrice et présidente de la Grande Braderie de mode québécoise

Il y avait une salle commune avec des machines à coudre et d’autres appareils. L’idée a germé de repousser tout ça pour recevoir nos clients et faire une vente. C’est ce qu’on a fait !

Anne de Shalla, fondatrice et présidente de la Grande Braderie de mode québécoise

Le directeur du Centre à l’époque, Jacques Pellan, a aimé ce projet porteur et a décidé de s’en occuper et de l’organiser deux fois par année. C’est alors que le nom Braderie de la mode québécoise a été officiellement adopté. Entre 1994 et 1998, l’évènement a été déménagé plusieurs fois, puis, en 1998, une première édition s’est tenue au Marché Bonsecours.

Après cette édition, Mme de Shalla a reçu un coup de fil de M. Pellan, lui offrant de reprendre la Braderie, qui était alors déficitaire. « Il m’a donné 24 heures pour y penser, j’ai très mal dormi cette nuit-là ! Mais j’ai dit oui, malgré mes inquiétudes de faire une braderie au-dessus de mon commerce avec des prix réduits… C’était épeurant. »

Une décision qu’elle n’a jamais regrettée, en fin de compte.

« La Braderie a fait connaître le Marché Bonsecours, qui était absolument méconnu à l’époque, et a généré de l’achalandage à l’année. Mais je ne pensais jamais que 25 ans plus tard, on serait encore là ! Ç’a a été une vraie “success story”. »

PHOTO FOURNIE PAR LA GRANDE BRADERIE DE LA MODE QUÉBÉCOISE

La Grande Braderie de la mode québécoise, qui s’étale sur quatre jours à l’automne et au printemps, reçoit en moyenne la visite de 35 000 personnes qui viennent découvrir et acheter des créations de designers et des marques québécoises, proposées à des prix alléchants pour l’occasion.

> 4500 : nombre de visiteurs lors de la première édition de la Braderie au Marché Bonsecours

> 48 000 : achalandage record enregistré par la Braderie

> 1,4 million : nombre total de personnes que la Braderie a amenées au Marché Bonsecours

Témoin d’une industrie en évolution

En un quart de siècle, Mme de Shalla en a vu passer, des designers et des tendances, en plus d’être témoin des hauts et des bas de l’industrie : la production qui s’est transportée en Chine, l’arrivée du fast fashion, le retour du balancier vers une production locale, qui s’intensifie depuis quelques années.

« Tout cela a créé des vagues, il y a des designers qui ne sont plus là, mais il y en a toujours des nouveaux qui arrivent. Même si c’est seulement quatre jours, c’est un travail à l’année, la Braderie. Il faut être intuitif, suivre ce qui se passe ! »

Ce qui a beaucoup changé, outre le style des vêtements à la mode — Mme de Shalla se rappelle l’époque où le tailleur était partout, avec des designers comme Dénommé Vincent, Philippe Dubuc, Colette Chicoine, alors qu’aujourd’hui, c’est l’athleisure qui règne —, c’est à quel point les consommateurs sont informés aujourd’hui et s’intéressent à la provenance des vêtements, aux matériaux utilisés, aux conditions de travail…

PHOTO TIRÉE DU WEB

Le nouveau système de pastilles mis en place par la Braderie

D’ailleurs, depuis quelque temps, la Braderie a instauré un système de pastilles obligatoire pour les marques qui participent à l’évènement, afin d’aider les gens à s’y retrouver : fait entièrement à Montréal ou au Québec, créé ici mais fabriqué entièrement ou partiellement à l’extérieur, importé de l’étranger… « Comme ça, le client est informé et libre de choisir ce qu’il veut acheter », résume la femme d’affaires.

Alors que le local a la cote, est-ce que la Braderie ne devrait pas accepter seulement des marques qui fabriquent leurs vêtements et accessoires ici ? « On y a pensé, mais il y a un talon d’Achille : il n’y a pas assez de “fait local” pour engendrer un assez gros volume. »

Des marques comme Mackage ou Soïa & Kyo, qui ne sont pas faites ici, sont très demandées. Et cela crée de l’achalandage dont profitent les autres marques et designers.

Anne de Shalla

Un quart de siècle, ce n’est pas une raison pour se reposer sur ses lauriers, pour Mme de Shalla. « Il faut aller loin ! On ne peut pas regarder 25 ans en arrière si on ne peut pas se projeter 25 ans en avant ! Il faut lancer des pistes pour voir ce qu’on pourrait faire de plus », juge-t-elle, mentionnant notamment le virage environnemental, l’écoresponsabilité et toute la question de l’éthique et des conditions dans lesquelles sont fabriqués les vêtements.

Un rêve ? Amener la Braderie à Toronto, afin de faire rayonner davantage la mode québécoise. Et avec sa participation récente en mode « éclaireuse » au nouveau festival Urbani_T, organisé par le Groupe Sensation Mode dans la métropole ontarienne, gageons que le tout devrait se concrétiser plus tôt que tard.

Du 17 au 20 octobre au Marché Bonsecours, à Montréal, et du 8 au 10 novembre à l’Espace Dalhousie, à Québec

Consultez le site de la braderie : https://braderiedemodequebecoise.com/

Du nouveau pour les 25 ans

Comme à l’habitude, cette 50e édition de la Grande Braderie de la mode québécoise réunira une centaine de marques et de designers québécois en mode féminine, masculine, enfantine, bijoux, accessoires, manteaux, lingerie, en plus de faire place à la relève créative. Quelques nouveaux noms font leur première apparition à la Braderie, dont Pajar et Nikki Jones. Cette année, le Brewskey, un pub situé dans le Marché Bonsecours, offrira un espace convivial au cœur de la Braderie, avec bières, tacos et vins. Depuis cinq ans, l’évènement s’ouvre avec une soirée-bénéfice privée, le mercredi soir. Moyennant un prix d’entrée de 60 $, on peut magasiner avant tout le monde et éviter la cohue, alors que les profits sont versés au Fonds Le Coup de main de P.K., pour l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Consultez la page de la soirée-bénéfice : https://www.facebook.com/events/417613285548121/