(PARIS) Aujourd’hui, notre collaborateur revient sur la semaine de la mode masculine de Paris.

C’est par une chaleur étouffante que je retrouve le circuit de la semaine de la mode. L’aventure m’a énormément manqué, puisque j’ai consacré la dernière année à des projets de restauration plutôt qu’au vêtement. Je constate, une fois de plus, que cette période est pour moi, et maints collègues, un moment d’exception.

Tous les acteurs mondiaux de la mode masculine se retrouvent chaque année dans la Ville Lumière pour une semaine au rythme frénétique. Il s’agit d’une rare occasion de fraterniser avec ses confrères, de récolter le fruit de ses efforts et de prendre un grand bain d’inspiration.

Les collections qui y sont présentées sont nommées dans le jargon « SS20 », pour spring summer (printemps-été) 2020. D’abord, médias et acheteurs assistent aux défilés des collections, puis viennent les salles d’exposition (les showrooms), où les acheteurs professionnels peuvent apprécier les pièces de plus près afin de passer leurs commandes. Ces dernières sont par la suite compilées et mises en production. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce qu’on a eu la chance de voir sur les passerelles cette semaine ne sera réellement mis en marché qu’en janvier, une fois les soldes des collections automne-hiver terminés. Ce qui laisse malheureusement amplement le temps aux enseignes de mode éclair (fast fashion) de copier les pièces et de les offrir à bas prix, avant même que les originales ne soient arrivées sur les rayons.

PHOTO ISAAC LAROSE, COLLABORATION SPÉCIALE

Collection signée Emily Adams Bode

Cette saison, je consacre une grande partie de ma semaine à la présentation de mon nouveau projet, Eden Power Corp, dans une salle d’exposition privée que je partage avec la marque montréalaise Want Les Essentiels. Fondée en 2006, WANT Les Essentiels possède aujourd’hui six boutiques, au Canada et aux États-Unis. Sa nouvelle directrice créative, Christine Charlebois, y présente ses conceptions, qui comprennent cette saison plusieurs sacs de nylon régénéré (fabriqués à partir de déchet de nylon) de la compagnie Econyl. Cette salle d’exposition n’est qu’une parmi une centaine, parfois partagées, parfois habitées par une seule marque. Tous essaient d’attirer l’attention des acheteurs les plus influents, ne serait-ce que quelques minutes.

J’en profite une fois de plus cette saison pour assister aux défilés qui piquent ma curiosité, ainsi qu’à bien des soirées. Deux des finalistes du prix LVMH 2019 (lequel récompense les jeunes créateurs de mode), Bode et Phipps, présentent leurs points de vue sur la mode éthique et responsable. Emily Adams Bode (lauréate cette année du prix CFDA Fashion Award dans la catégorie Emerging Designer of the Year) nous offre, pour son premier défilé, des vêtements fabriqués à partir de textiles antiques auxquels elle donne une deuxième vie. Pour cette collection, la designer s’est inspirée de son passé familial : la Bode Wagon Company, constructeur de wagons destinés au cirque du XIXsiècle. Ses pièces, notamment les pantalons faits à partir de rubans équestres des années 70, les chemises finement brodées et les patchworks complexes, sont magnifiques et regorgent de détails. Le défilé, d’une lenteur extrême, donne au public le temps d’apprécier avec minutie les détails. Ce concept vise à renforcer le message « slow is better » [lentement, c’est mieux], mais à voir les réactions à la sortie de la salle, même la « slow fashion » a besoin d’un peu de dynamisme si elle veut conquérir le monde…

PHOTO ISAAC LAROSE, COLLABORATION SPÉCIALE

Collection signée Spencer Phipps

Spencer Phipps présentait quant à lui son deuxième défilé parisien, dans lequel l’esthétique western (vue à plusieurs reprises cette saison) côtoyait les codes de l’escalade en plein air. Phipps est fortement inspiré par la nature et les grands espaces : coton biologique, teintures naturelles, complets biodégradables sans colle et faits de laine anglaise, usines éthiques, partenaire du mouvement mondial 1 % for the Planet… L’étoile montante tire parti des nombreux moyens à sa disposition pour sensibiliser sa clientèle à une consommation éthique et responsable. Un moment fort de ma semaine.

En bref

IMAGE TIRÉE D’UNE VIDÉO

Le défilé mixte Coup de soleil de Simon Porte Jacquemus a été présenté à Valensole, en Provence.

La griffe Jacquemus célèbre son 10e anniversaire

Simon Porte Jacquemus clôt la semaine de la mode masculine en proposant le défilé mixte Coup de soleil, à Valensole, en Provence, près des terres de son enfance, dans le décor enchanteur d’un champ de lavande.

Il y a présenté sa collection pour hommes la plus relevée jusqu’à maintenant. Bravo ! 

Super SSENSE

PHOTO ISAAC LAROSE, COLLABORATION SPÉCIALE

Alix Rutsey, acheteuse senior dans l’équipe homme chez SSense

Alix Rutsey est acheteuse senior dans l’équipe homme chez SSense, boutique montréalaise. Avec le reste de l’équipe, elle court les défilés et les multiples salles d’exposition pour sélectionner les meilleurs produits de la saison.

SSense, géant de l’industrie de la mode, emploie près de 500 personnes et vise un chiffre d’affaires de 1 milliard d’ici 2020.

L’une des plus belles réussites canadiennes dans le domaine. 

Galeries Lafayette Champs-Élysées

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DES GALERIES LAFAYETTE CHAMPS-ÉLYSÉES

Ouverte il y a trois mois à peine, la nouvelle adresse de Groupe Galeries Lafayette a réussi le pari de réinventer le concept de grand magasin.

Ouverte il y a trois mois à peine, la nouvelle adresse de Groupe Galeries Lafayette a réussi le pari de réinventer le concept de grand magasin.

La boutique, qui vise entre 10 000 et 15 000 visiteurs par jour, est la plus grande surface commerciale des Champs-Élysées.

Au menu, quatre étages qui offrent un mélange des marques les plus nichées et cool du moment (Noah, Arise, 032c), en plus de grands designers établis, tels Balenciaga ou Comme des garçons. 

S’ajoute à cela une sélection de livres d’occasion, des toilettes non genrées, une cave de vins naturels.

Enfin, on y trouve une aire de restauration offrant des produits bio et saisonniers, des options végétaliennes et le premier restaurant Citron, conçu par nul autre que Simon Porte Jacquemus.

Incontestablement le nouvel incontournable du circuit touristique. Santé !