Scoloco, une nouvelle entreprise-école de chaussures véganes et éthiques, a vu le jour entre les murs du Collège Sainte-Anne, à Lachine. Elle est le fruit du travail de 140  élèves et de leur enseignante dans le cadre d’un cours d’initiation à l’entrepreneuriat.

La présentation, la semaine dernière, de ces souliers dépareillés véganes faits de Pinatex, un cuir d’ananas écoresponsable, et de coton biologique est le résultat d’un long processus de huit mois dans lequel se sont engagés des élèves de 4e et 5e secondaire, parrainés par l’enseignante et entrepreneure Brigitte Dionne.

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William Barker, de l’équipe marketing de Scoloco,
montre une chaussure de la marque.

Le Pinatex est un textile végane fabriqué à partir des fibres des feuilles d’ananas issues de la récolte du fruit aux Philippines. « Nous aurions pu opter pour le cuir végane provenant de l’industrie du plastique […], la protection des animaux aurait été au rendez-vous. Or, nous ne voulions pas que le PVC ou le polyuréthane, matériaux utilisés pour donner l’effet de faux cuir aux chaussures, qui demeurent des dérivés du pétrole et qui sont extrêmement nocifs pour l’environnement, [fassent partie de la production] », explique Audrey-Anne Leclerc, du département de la production de Scoloco, pour justifier l’utilisation du Pinatex.

Comme ce produit est peu commun, il est plus cher. Mme Dionne explique qu’une démocratisation de ce tissu entraînera donc une baisse du prix. Voilà qui explique qu’une paire de Scoloco se détaille 230 $, sans les taxes.

Adapter l’enseignement

La création de ce cours s’inscrit dans une volonté du Collège Sainte-Anne d’adapter l’enseignement au monde d’aujourd’hui et à l’émergence de nouvelles technologies. « Ce n’est pas un cours théorique qui essaie de convaincre les élèves de devenir entrepreneurs, indique le directeur de l’établissement, Bernard Héroux. C’est un cours pratique où ils sont directement impliqués dans une vraie compagnie avec un vrai produit. Il leur restera bien plus pour le restant de leur vie que quelque chose appris dans un livre. »

Pour imaginer leur produit, les élèves étaient divisés en huit « départements » (relations publiques, marketing, design, étude de marché, développement de la marque, etc.). Ils ont ainsi monté l’entreprise de toutes pièces.

« Je vais vous faire une confidence, je n’ai pas d’enfants. Alors j’en ai eu 140 d’un coup », a lancé Brigitte Dionne, lors de la présentation du projet, entraînant les rires de l’assistance.

L’enseignante-entrepreneure n’a pas manqué de témoigner sa fierté devant le leadership, la vivacité d’esprit et le sens des valeurs développé de ses 140 nouveaux enfants. « Ça m’a réconfortée », avoue-t-elle. 

C’est lors de son embauche au collègue qu’elle a lancé l’idée de mettre sur pied une entreprise de chaussures originales. « Le droit et le gauche ne sont pas identiques. Je veux briser le conformisme. Je veux briser les diktats de la mode […]. La première chose qu’il [Bernard Héroux] m’a dite : “Go !” »

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Une paire de Scoloco se détaille 230 $, sans les taxes.

Promouvoir la différence

Les élèves se disent fiers de la signature de la marque qui se décline en trois langues : « la différence est ma préférence », « difference is my preference », « la diferencia es mi preferencia ».

Le préfixe « Sco » signifie « souliers » en norvégien et le suffixe « loco » se traduit de l’espagnol par « fou », pour rappeler l’originalité de la marque. Par ailleurs, « Sco » découle de la racine du mot « scolaire » et « loco » souligne l’aspect local de l’entreprise. « Comme vous pouvez le voir, Scoloco signifie beaucoup pour nous », a souligné Marianne Allard, une des élèves responsables de la présentation de la marque.

Les élèves ont même imaginé une certification pour encadrer la production : la certification 4R. Les quatre « R » représentent le respect de la différence, le respect des êtres humains impliqués dans la production de la chaussure, le respect de l’environnement et le respect des animaux.

Unisexes, ces chaussures produites « dans des conditions éthiques » au Portugal s’adressent à une clientèle jeune et soucieuse de l’environnement. Ce produit témoigne d’une volonté de contrer le phénomène de fast-fashion des grandes entreprises de mode, la deuxième cause de pollution mondiale derrière le pétrole, ont expliqué les élèves lors de l’évènement. La jeune entreprise tentera, au cours des prochaines années, de réduire davantage son empreinte écologique.

M. Héroux souligne que ces souliers seront intégrés à l’uniforme des élèves de l’établissement scolaire dès l’an prochain. Aussi, le projet continuera à évoluer avec la création d’autres pièces de vêtements. « Tout est possible », lance-t-il, confiant.

Consultez le site web de l’entreprise : https://scoloco.com/