Imaginez un lieu où vous pouvez acheter des articles pour la maison qui sont beaux, originaux et fonctionnels, tout en ayant la certitude de faire une bonne action. Ce « lieu », il s’appelle Goodee World et il a été imaginé par Byron et Dexter Peart. Les Montréalais ont la chance de le découvrir en primeur, avec une boutique éphémère au Centre Phi, qui ouvre ses portes aujourd’hui.

Le reste de la planète peut découvrir Goodee par son site internet, également lancé aujourd’hui. Goodeeworld.com est un marché transactionnel en ligne qui propose aussi du contenu rédactionnel original sur ses artisans et sur des enjeux sociaux importants. Pour l’instant, la livraison est offerte en Amérique du Nord seulement, même si les produits viennent de 17 pays sur 5 continents.

Nés à Ottawa, Montréalais d’adoption et éternels globe-trotteurs, les jumeaux Peart ont évolué dans le milieu de la mode pendant une vingtaine d’années, se bâtissant lentement mais sûrement une réputation d’entrepreneurs aussi solides que stylés.

Au début des années 2000, ils ont créé la marque WANT, une bête à trois têtes qui comprenait la distribution nord-américaine d’étiquettes courues comme Acne Studios, Maison Kitsuné et Filippa K, quelques boutiques au Canada et aux États-Unis (WANT Apothecary) et une gamme de sacs et accessoires de voyage (WANT les essentiels).

Au fil de collaborations prestigieuses avec des marques américaines comme J.Crew et Garrett Leight (lunettes), puis avec la chaîne d’hôtels The Standard, entre autres, ils se sont fait un nom. Peart rime avec chic et qualité.

Mieux consommer

En 2016, Byron et Dexter ont abordé le thème de la surconsommation et leur philosophie de l’essentiel à la conférence d’affaires C2 Montréal. Ils étaient d’ailleurs à la huitième présentation de C2, cette semaine, pour donner un atelier intitulé « La fin du jetable : pour une consommation plus responsable ». Cette réflexion imposée eut pour effet de nourrir la remise en question qui travaillait déjà les frères depuis un certain temps.

« Qu’est-ce qui est essentiel ? Qu’est-ce qui, dans la vie, nous apporte réellement de la joie ? Qu’est-ce qui est bon pour le monde, pour les autres ? Quels outils peut-on donner aux gens pour mieux consommer ? », se demandaient-ils.

« Nos valeurs sont les mêmes depuis le début de notre carrière. Nous avons toujours favorisé la qualité et le design bien fait », a rappelé Byron Peart la semaine dernière, en entrevue au Crew Collective, espace de cotravail du Vieux-Montréal où la révolution Goodee se fomente depuis un certain temps.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Byron et Dexter Peart lancent aujourd’hui Goodee World, un grand marché virtuel qui encourage la consommation responsable.

« Mais à un moment donné, nous avons réalisé que ce n’était peut-être plus assez de le faire pour nous-mêmes, avec WANT, qu’il était temps de démontrer comment pratiquer un commerce respectueux à plus grande échelle. »

Un an et demi plus tard, à l’automne 2017, les frères décidaient de vendre WANT et de repartir à neuf. « Goodee, c’est un nouveau modèle, une nouvelle manière de faire des affaires, de parler aux consommateurs, d’interagir avec les fournisseurs », explique Dexter. « Good people, good design, good purpose » : voilà le dicton de la nouvelle entreprise.

Éthique et esthétique

Goodee s’impose aussi une mission éditoriale positive, avec la publication de contenu original sur son site. « Nous sommes bombardés d’informations anxiogènes, qui veulent nous faire réagir, nous indigner, explique Byron Peart. Nous avons envie de contrer un peu cette énergie négative en proposant plus de belles histoires, qui donnent espoir. Des histoires qui racontent ce que les gens sont et non pas ce qu’ils veulent projeter sur Instagram ! »

Concrètement, le site mettra de l’avant des meubles pour enfants, faits de vieux jouets de plastique recyclés, des produits naturels pour bébés, des accessoires danois en bois durable, des lampes colorées tressées autour de bouteilles de plastique par des femmes colombiennes, des poupées de chiffon attachantes. Chaque article est sélectionné par Byron, Dexter et leur équipe de sept autres personnes. « Il y aura autant des crèmes à 30 $ que des tapis afghans à 1500 $ », assure Dexter.

Tout est passé au crible du code d’éthique (et d’esthétique) Goodee. La certification B-Corp, accordée aux sociétés commerciales répondant à des exigences sociétales, environnementales, de gouvernance et de transparence, est imminente. L’entreprise travaille également en collaboration avec l’Ethical Fashion Initiative, un programme lié à l’ONU. Ils mettent au point une gamme de matières textiles et d’objets pour la maison qui permettra aux artisans membres d’avoir un meilleur accès au marché mondial.

Érica Perrot, « maman » des poupées de chiffon Raplapla, est bien heureuse d’être une des deux petites entreprises québécoises (avec la gamme de soins pour bébés Énamour) à faire partie de la première vague d’artisans du site goodeeworld.com. « Je ne connais pas personnellement les frères Peart, mais juste à leur réputation, je me suis dit : “Oh wow !” lorsqu’ils m’ont approchée. Les taux qui m’ont été proposés étaient parfaitement réalistes, et ça, c’est malheureusement très rare. Ils prennent une marge tout à fait raisonnable », a raconté la créatrice cette semaine.

Byron et Dexter insistent sur l’importance de revenir aux sources et de lancer la marque à Montréal. Au Centre Phi, il y aura des objets à vendre, oui, mais aussi une programmation qui mélangera contenu et activités « communautaires ». « Notre communauté, elle sera composée de designers qui ont une vision positive, de consommateurs qui veulent faire les bons choix, de simples curieux qui s’intéressent à notre univers. Nous voulons nous assurer que tout le monde sera respecté dans le processus et restaurer la confiance perdue », affirme Dexter.

La boutique éphémère de Goodee World est installée dans le Centre Phi, dans le Vieux-Montréal, jusqu’au 25 août.

https://goodeeworld.com/