La Presse décortique une tendance mode qui fait un retour. Pourquoi maintenant ? De quoi s’agit-il ? Comment la porter ? Décryptage.

La tendance

Au Québec, on appelle chouchou (comme en France) ou scrunchie (comme aux États-Unis) cet élastique recouvert de tissu (coton, velours, soie) qui sert à faire une queue de cheval ou à maintenir un chignon. Certains l’adorent, d’autres adorent le détester ; la série culte Sex and the City s’est déjà moquée de la tendance dans un épisode de sa sixième saison (en ondes en 2003). L’objet a connu ses heures de gloire dans les années 90.

Ses origines

C’est une chanteuse et musicienne d’origine italienne, Rommy Revson, qui a breveté l’invention en 1987. L’Américaine de 43 ans cherchait une solution de rechange aux accessoires de plastique et de métal pour les cheveux. À l’époque, les femmes qui avaient de longs cheveux les attachaient avec des élastiques de caoutchouc qu’elles camouflaient avec des rubans.

PHOTO PETRAS MALUKAS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Hillary Clinton a attaché ses cheveux avec un chouchou lors d’une rencontre avec l’ancien président portugais Jorge Sampaio, en 2011.

Mme Revson aurait d’abord appelé le nouvel accessoire scunci, du nom de son caniche. Puis, devant le succès commercial de sa création, le nom aurait migré vers scrunchie, jugé plus accrocheur et plus facile à prononcer.

Au sommet de sa popularité, le scrunchie a rapporté annuellement, en licences, plus de 100 millions de dollars à son inventrice.

S’affichant avec ce nouvel accessoire mode, les vedettes de l’époque, comme Madonna, Paula Abdul, Jennifer Aniston, Debbie Gibson et Sarah Jessica Parker, ont lancé la tendance. Rapidement, les scrunchies ont gagné le cœur des fashionistas qui y voyaient un nouvel accessoire mode à agencer à leurs tenues. « Je me souviens d’en avoir acheté 10 pour 5 $. Ça a bercé toute mon adolescence ! », s’exclame l’animatrice télé de 36 ans Laurence Bareil, qui est derrière le site lareinedushopping.ca.

Ça revient… Vraiment ?

PHOTO FERNANDA CALFAT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Certains mannequins portaient des chouchous lors du défilé de Mansur Gavriel, à l’occasion du Fashion Week de New York, en septembre 2017

« Est-ce déjà parti ? », demande Mme Bareil en riant. Depuis plusieurs années, le chouchou est de retour… de façon discrète. « On les voit beaucoup chez les artisans et dans les friperies, dit Rachel Cameron, coiffeuse propriétaire de Couronné Salon de coiffure. Ils sont souvent faits à la main, avec des tissus floraux et vintage. » Dans la dernière année, la tendance a pris de l’ampleur : les magasins à grande surface (Forever 21, H&M, American Apparel, Topshop, etc.) en proposent maintenant, et plusieurs influenceuses mode (Kim Kardashian et Bella Hadid, entre autres) l’affichent fièrement.

Sur les passerelles, Marc Jacobs, Fendi et Balenciaga ont présenté des scrunchies dans leurs récentes collections… portés dans les cheveux ou en bracelets ! « Aux poignets, ils deviennent des bracelets mode qui ont du volume », souligne Shannon Papineau qui a lancé en 2017, avec sa mère, une gamme de chouchous faits à la main, Kréation 26. « Les chouchous complètent vraiment bien un look vintage, et ce genre de look est très à la mode en ce moment. »

Pourquoi maintenant ?

« Tout finit par revenir ! La mode, c’est un cycle », croit Mme Papineau. Pour Laurence Bareil, la popularité grandissante des looks associés aux années 80-90, incluant le retour du fluo, des tailles hautes, du jumpsuit ou encore de matières comme le velours, y est pour quelque chose. « Aussi, le sportswear, où on veut s’habiller tout confort et relaxe, est aussi très à la mode, dit-elle. Le scrunchie s’inscrit également dans ce courant. »

PHOTO ERIC JAMISON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’acteur Jason Momoa portait un chouchou sur son poignet droit, lors de la cérémonie des Oscars, en février dernier.

Controversé, le chouchou ne fait pas l’unanimité – et pourtant. « Il abîme moins les cheveux qu’un élastique, c’est bien réel », précise Rachel Cameron. Protégé par un tissu, l’élastique n’atteint pas la fibre capillaire et ne « casse » pas le cheveu. Décoratif et pratique, l’accessoire est un gros « oui » pour la spécialiste. « Je suis tout à fait pour, surtout s’il est agencé aux vêtements et porté sobrement, sans bijou. Il devient un accessoire mode à part entière », dit-elle.

On fait comment ?

Noué autour d’un chignon ou d’une queue de cheval, difficile de faire un faux pas en optant pour un scrunchie. Boni pour celles qui le portent en assumant le côté 90 de l’affaire : « En couette haute ou en demi-couette, ça marche bien », indique Laurence Bareil.

Et nul besoin de se limiter à le porter lorsqu’on est « en mou » : le chouchou se porte de jour comme de soir, en look sophistiqué avec une robe chic ou en look savamment négligé avec un jeans et un top glam.

PHOTO TIRÉE DU SITE D’ARDÈNE

Élastique scrunchie, 2,90 $, offert chez Ardène 

On hésite ?

On adopte le chouchou classique, noir ou d’une couleur unie, qu’on porte simplement en queue de cheval. Et si on hésite toujours : on le dépose sur notre poignet… ou on le range dans notre sac à main, ni vu ni connu !