Le couturier Jean-Louis Scherrer est décédé jeudi matin à Paris à 78 ans, des suites d'une longue maladie, a annoncé un de ses proches à l'AFP.

Le couturier français a compté Jackie Kennedy et l'actrice Michèle Morgan parmi ses clientes.

Jean-Louis Scherrer était «depuis dix mois à l'hôpital», a dit Guillaume Feugeas, son «employé depuis 14 ans». Il est décédé dans une clinique du XVe arrondissement parisien.

«Il est mort des suites d'une longue maladie. Son état s'était aggravé il y a quelques mois», a-t-il poursuivi.

Né le 19 février 1935, Jean-Louis Scherrer avait d'abord suivi le Conservatoire pour devenir danseur professionnel, mais un accident l'avait empêché de faire carrière.

En 1956, un diplôme de la Chambre syndicale de la couture parisienne en main, il est entré chez Christian Dior, qui lui a appris la technique de la haute couture. Après la mort de Dior, il a travaillé avec Yves Saint-Laurent.

Il s'était lancé sous son propre nom en 1962 et c'est dans une cave qu'il a exposé sa première collection, des robes de cocktail fauves, à pois ou fleuries. En 1971, il a réalisé son rêve en ouvrant sa boutique avenue Montaigne, temple du chic parisien, et a reçu l'appellation «haute couture».

À la fin des années 70, Jean-Louis Scherrer, qui s'est lancé dans le prêt-à-porter, et dont la marque triomphe au Japon, se diversifie: création de parfums (Jean-Louis Scherrer, Scherrer 2, et Nuits Indiennes), ligne de fourrures, collection d'accessoires (lunettes, chaussures et cravates).

En 1989, la maison compte 160 personnes. «Jean-Louis Scherrer est un couturier emblématique des années 80», pour Stéphane Rolland, couturier qui a été dix ans à la direction artistique de la griffe (1997-2007). «C'est l'une des premières maisons à avoir aussi bien marché à ce moment-là. Ça a été une énorme maison», a-t-il dit à l'AFP.

«Ce qu'Yves Saint Laurent était à la rive gauche, Jean-Louis Scherrer l'était à la rive droite», a poursuivi Stéphane Rolland.

En 1990, la maison est passée sous la bannière du groupe japonais Seibu. Deux ans plus tard, à la suite d'une gestion déficitaire et d'une entente difficile, Jean-Louis Scherrer, resté directeur artistique, est licencié.

Il a de nouveau exercé son activité en 1994, avant de renoncer en 1997.

En 2002, l'homme d'affaires Alain Duménil a repris la griffe Jean-Louis Scherrer, mais pour peu de temps. Il a cessé l'activité du groupe en 2008 et a fermé la boutique historique de l'avenue Montaigne, décorée de la main de Jean-Louis Scherrer.