Être parent d’un jeune enfant comporte son lot de défis. Et il arrive qu’on ne sache plus vers qui se tourner pour trouver des réponses à ces petits soucis du quotidien. La Presse explore une question qui touche le bien-être des enfants d’âge préscolaire à l’aide d’un spécialiste. Aujourd’hui : une ergothérapeute nous explique comment elle peut aider les parents à gérer la bougeotte de leur enfant.

« J’ai beau l’envoyer jouer dehors, on dirait qu’il est inépuisable. » « C’est un petit moteur. » « Une batterie sur deux pattes. »

Ces termes, Émilie Bastien les entend souvent de la bouche de parents désemparés quand vient le temps d’accompagner leur jeune enfant dans des tâches quotidiennes. Les routines du matin et du soir à la maison deviennent interminables alors qu’il faut s’habiller, manger ou se préparer à se coucher, détaille l’ergothérapeute qui travaille auprès des enfants à la clinique Aptitude Ergo.

« L’enfant est partout et facilement distrait, il faut répéter et l’encadrer beaucoup », illustre-t-elle.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Émilie Bastien, ergothérapeute qui travaille auprès des enfants à la clinique Aptitude Ergo

Avant tout, il faut comprendre que l’ergothérapeute ne posera pas de diagnostic, précise Émilie Bastien ; son rôle est d’accompagner les parents en leur fournissant des outils et des stratégies qui permettront de faciliter la routine au quotidien.

Et si un enfant aime bouger, mais qu’il est également capable de réaliser des activités calmes (même si ce n’est pas ce qu’il préfère), qu’il fonctionne et se développe bien, il n’y a pas lieu d’avoir d’inquiétude pour l’instant, note-t-elle.

L’intervention

Premièrement, l’ergothérapeute va essayer de trouver quel type de stimulation réussit à apaiser l’enfant suffisamment pour lui permettre de se concentrer, par rapport à des stimuli qui vont augmenter son niveau d’énergie et d’excitation, explique Émilie Bastien.

« On pourrait introduire une pause active avant la période de repas où on le fait bouger deux minutes, par exemple. Après ça, quand il est assis à la table, il y a des petits toutous lourds que l’enfant peut avoir sur ses jambes. Ou des coussins sensoriels qu’on peut mettre sur l’assise pour qu’il puisse chercher un peu de mouvement sans que ce soit dérangeant. »

On peut aussi se servir d’un petit sablier à titre de repère visuel pour qu’il sache combien de temps on s’attend à ce qu’il reste assis, suggère-t-elle. S’il y a des enfants pour qui la manipulation d’objets peut s’avérer une bonne stratégie, d’autres, au contraire, vont avoir tendance à trop se concentrer sur ce qu’ils sont en train de manipuler et ne porteront pas attention à la tâche qu’ils doivent accomplir.

On n’a pas de baguette magique ; il n’y a pas de stratégie qu’on peut dire universelle, qui fonctionne pour tous les enfants. Il faut vraiment s’adapter en fonction de l’enfant qu’on a devant nous.

Émilie Bastien, ergothérapeute

Émilie Bastien ajoute qu’il faut également viser des objectifs réalistes. On commence par demander à l’enfant de demeurer assis cinq minutes ; puis, la semaine suivante, on augmente graduellement cette durée d’une minute.

On ne veut surtout pas réprimer son besoin naturel de bouger, souligne-t-elle, parce qu’à un moment donné, il ne sera plus capable de se contenir. « Et là, ça ne fonctionnera plus, il va sauter partout ! »

L’heure du coucher

L’objectif, à son avis, est de trouver un équilibre entre le besoin de bouger de l’enfant et les tâches quotidiennes. « Il y a des enfants qui, pendant la journée, ça se peut qu’ils se retiennent, soulève Émilie Bastien. À la garderie ou au CPE, oui, ils vont jouer dehors, faire des activités motrices, mais peut-être qu’ils ne peuvent pas bouger quand ils veulent – ils ont quand même un horaire assez structuré. Et ça se peut que le soir, ils aient besoin de bouger parce qu’ils se sont retenus un peu dans la journée. »

C’est correct de répondre à ce besoin, surtout quand l’enfant arrive de la garderie. Mais c’est important de graduer et de lui montrer que plus on se rapproche du dodo, plus il faut que son moteur ralentisse.

Émilie Bastien, ergothérapeute

Si on décide d’intégrer de petits jeux moteurs après le souper, on peut ensuite tamiser les lumières et essayer de parler un peu moins fort – ou encore mettre une musique de relaxation en arrière-fond pendant le bain, suggère l’ergothérapeute. Et si ce n’est pas suffisant, on peut se servir d’un toutou lourd ou d’une couverture lourde de 15 à 20 minutes, pendant qu’on lit l’histoire, ajoute Émilie Bastien. Mais encore là, patience, car il faut parfois essayer différentes stratégies avant de trouver celle qui fonctionne le mieux.

Consultez le site de la clinique Aptitude Ergo

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