Lorsque Maël se trouve en classe, il regarde par la fenêtre et jalouse les passants dehors. Le garçon de 9 ans n’aime pas l’école. Comme pour des centaines d’enfants, la fin des vacances estivales et la rentrée représentent un défi pour sa famille et lui. Comment mieux vivre cette transition ?

« En maternelle, il s’est braqué. Et depuis, à chaque rentrée, il fait des crises, il pleure, il ne veut pas y aller », raconte Stéphanie Boivin, mère de Maël et de deux autres enfants de 12 et 11 ans.

Pour Maël, l’école « brime sa liberté ». Il ne peut pas y bouger, y courir et y faire ce qu’il veut. « Il anticipe déjà la reprise de la routine », laisse tomber Mme Boivin, une conseillère pédagogique de 37 ans.

Pour Sofia, 13 ans, c’est différent : c’est sa grande timidité qui freine ses envies d’aller à l’école. « Elle a du mal à prendre sa place, explique son père, Renaud Moretti, un Montréalais de 54 ans. La rentrée est anxiogène car elle doit réapprendre à vivre en groupe. Son réflexe, c’est de vouloir l’éviter… »

Caroline Lambert fait face à un autre défi avec sa fille de 10 ans. Celle-ci doit faire beaucoup d’efforts pour maintenir le rythme des apprentissages en classe. De plus, une autre difficulté s’ajoute cette année : elle sera séparée de sa grande amie, assignée à un autre groupe de 5e année.

« Son seul intérêt pour l’école tenait à cette amitié, dit la mère de trois enfants qui réside à Trois-Rivières. Depuis qu’elle sait qu’elles ne seront pas dans la même classe, elle ne veut rien savoir de l’école, de la rentrée, ni même des achats de fournitures ! »

Écouter et essayer de comprendre

Pour les parents de ces enfants qui détestent l’école, les dernières semaines et celles à venir sont chargées d’émotions. « On veut l’accompagner et la soutenir, mais en même temps, la finalité reste la même, elle n’a pas le choix d’aller à l’école », glisse M. Moretti.

Nancy Doyon, éducatrice spécialisée et coach familiale, est bien d’accord avec ce papa : il y a une partie de fermeté à maintenir, comme parents, devant le refus des enfants d’aller à l’école. « L’enfant doit comprendre que ne pas aller à l’école ou à la garderie, ce n’est pas une option », souligne-t-elle.

La pire chose à faire, selon elle ? Le ramener à la maison au moindre inconfort. Ou encore, tenter de le convaincre que tout ira bien, que ce sera amusant, cool, facile…

On devrait plutôt écouter notre jeune et essayer de comprendre pourquoi il n’aime pas l’école. Qu’est-ce qu’il trouve difficile ? Il faut lui permettre de se vider le cœur et nous, on écoute et on accueille. L’enfant doit sentir que ses sentiments sont validés.

Nancy Doyon, éducatrice spécialisée et coach familiale

Parmi les motifs possibles, il y a les difficultés scolaires, le fait de se sentir incompétent ou malhabile socialement, l’anxiété ou encore le manque d’intérêt tout court.

Reprendre la routine

Selon la psychologue Nathalie Parent, le retour à la routine, après un été avec un horaire moins structuré, représente une transition qui peut rebuter les enfants. « C’est bien de se demander, comme parent, ce que la rentrée suscite pour nous, indique-t-elle. Parfois, les enfants agissent en conformité avec ce que les parents pensent tout bas… »

Sa suggestion ? Nommer notre propre vision des choses et, s’il le faut, notre malaise. « On peut dire à son enfant : ‘‘c’est vrai qu’on était bien en vacances, moi non plus ça ne me tente pas !’’ Et ensuite, on axe notre discours sur les choses qu’il aime de l’école, comme ses amitiés, son cours de musique, les récréations, le contact avec un prof… »

Dans les jours avant le retour à l’école, les parents peuvent remettre en place une routine un peu plus régulière en vue de la rentrée. « La routine est importante, insiste Mélanie Bilodeau, psychoéducatrice. Lorsqu’elle est stable, cohérente et constante, elle amène l’enfant à être en action, à se responsabiliser, et alors, à faire descendre son stress. »

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Mélanie Bilodeau, psychoéducatrice

Dans la même veine, elle ajoute que de se donner du temps, le matin et le soir, pour ne pas avoir à presser les enfants est une solution qui peut faciliter la reprise de la routine.

L’utilisation d’outils pour apaiser les enfants — des objets à manipuler, un calendrier familial ou de la musique joyeuse au réveil – peut avoir de bons résultats pour réconforter l’enfant qui boude la rentrée.

« On peut aussi parler à l’enseignant de la problématique vécue », signale Marianne Bissonnette, gestionnaire de produits chez Allo Prof Parent et Allo Prof Enseignant. « Et comme parent, il faut faire attention de parler de l’école positivement. Ça ne veut pas dire qu’il faut prétendre que ce sera merveilleux et que ce sera le plus beau moment de sa vie ! Mais essayer d’illustrer qu’en dehors des difficultés, il y a des choses intéressantes à l’école. »

Si l’enfant est en crise et exprime beaucoup de colère par rapport à l’école, ou si les tensions familiales s’accentuent à cause de la situation, il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel.